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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

La passion

Du côté de la pure forme: la passion pure forme de l'absolu. 

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Difficulté: comment définir la passion autrement que par son objet? Comment trouver les caractéristiques essentielles d'un mouvement, d'un acte de transcendance, d'une visée intentionnelle de la conscience qui se fixe, qui s'arrête, pour ainsi dire, sur son objet (= ce que je jette devant moi), objet dont la diversité décourage d'ailleurs tout effort pour déterminer la passion par l'objet. Si la passion est d'abord un acte, comment définir cet acte sans le perdre de vue? Comment le voir sans l'arracher à sa condition: un acte s'accomplit, il ne se définit pas.

Etat affectif d'une activité?
Or toute passion est conscience de soi: que la passion soit un acte de la conscience, une structure fixée de la conscience, ne peut se discuter, car la passion fait apparaître son objet et elle s'apparaît à elle même dans l'auto affection de ce mouvement qui fait apparaître. Ce qui signifie qu'elle éclaire son objet dans une distance et qu'elle se souffre elle même, elle s'éprouve elle même dans la non distance du sentiment: comme conscience est conscience de quelque chose, intentionnalité, et conscience de soi, la passion en faisant apparaître son objet est présence à soi: de ce "fait" elle ne perd jamais conscience de sa réalité, de son enracinement dans l'être et, en un certain sens dans la vérité comme dans la valeur. La passion est en effet relation à une chose qu'elle valorise, qu'elle pose comme infiniment préférable à toutes les autres et qu'elle pose dans l'être, dans l'éternité, au delà du devenir.
C'est dire que toute passion ouvre l'existence à une dimension essentielle, métaphysique.

On dira qu'elle est monoidéique, occupée d'un seul objet, ou si l'on préfère qu'elle est exclusive: elle exclut en effet tout ce qui est étranger ou ne saurait être rapporté à l'objet qu'elle fixe et sur lequel elle se fixe.
Acte de conscience, désir hégémonique, sentiment de liberté et de vérité, la passion est du même coup "dimension" sens et profondeur de l'existence: comme l'existence, la conscience ou le désir, elle se souffre elle même, se supporte: dans cette condition de souffrance s'affirme l'exigence d'une action, une puissance, une force comme racine et origine d'une maîtrise toujours possible. Cette puissance appelle la raison comme le vent appelle la boussole.

Cela nous amène à vouloir saisir la passion dans l'unité d'une forme pure de tout contenu particulier. Pour prendre ensemble cette forme dans sa pureté l'objet importe peu puisqu'il change et manifeste un devenir qui ne saurait permettre  une définition: en renonçant à la forme, on se condamnerait à égrener des contenus, autant d'objets autant de passions.