° Philo-prepas > Mesure-demesure PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset MESURE ET DÉMESURE PLATON : GORGIAS Site
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Rhétorique et démesure chez Platon.
=>
Dans
l'extériorité, mesurer un espace c'est le comparer à un autre espace:
l'espace étalon (par exemple le mètre), est la référence qui permet
la mesure; il ne doit pas devenir autre que ce qu'il est sous peine de
rendre impossible toute mesure. C'est donc l'être qui permet la mesure
et non pas le devenir. => Si vous confondez le bien et le plaisir déréglé, alors toute mesure devient impossible puisque le plaisir relève du devenir: dès qu'on le saisit il disparaît, dès qu'il disparaît on cherche à le saisir dans le mauvais infini du toujours plus ... Cet écoulement perpétuel, cette évanescence pour ainsi dire le disqualifie: il ne saurait être la référence de la mesure mais en quelque sorte le tonneau percé de la démesure. => Or la rhétorique athénienne semble à Platon mal orientée, mal dirigée, dé-chaînée qu'elle est de la réflexion, de l'examen d'elle même et de ce qui est, du bien dont les trois éclats sont, la vérité, la justice, la beauté. =>
La rhétorique n'est donc pas un Art mais une simple pratique qui a pour
fin de produire un sentiment de conviction dans une foule assemblée: le
moyen de la rhétorique c'est la flatterie: produire du plaisir dans
cette foule qui écoute: la rhétorique loin d'être mesurée par l'être
et le bien, fluctue en fonction des désirs de la foule et du plaisir:
faire plaisir à la foule devient l'unique souci de la rhétorique. => Il faut comprendre que Platon loin de vouloir anéantir la rhétorique (il y a de la pensée dans toute rhétorique et ...de l'agilité) voudrait en faire un instrument de la philosophie en extirpant tous les germes de fausseté et d'illusion qu'elle porte en elle, telle qu'elle est pratiquée à Athènes. L'ambition de Platon est donc "d'arraisonner" la rhétorique, de l'amener à s'examiner elle même et de la soumettre à la philosophie: cela revient à l'orienter différemment, à l'orienter vers le bien et vers ce qui est pour la débarrasser de la fausseté et des mensonges que les mots employés à Athènes par la rhétorique portent en eux: en quelque sorte bien les ajuster à ce qui est. => En réponse à une question de l'auditoire: -- relier la rhétorique au plaisir c'est établir qu'elle est au service de la démesure de la tyrannie exercée par les appétits d'une foule déréglée: une foule nombreuse dont chaque élément est lui-même nombreux quant à lui, emporté par des désirs déréglés que la rhétorique active pour ainsi dire. => Si toute langue implique la conception d'un monde qu'elle fait apparaître n'y a-t-il pas un danger de faire apparaître une pseudo réalité qui dévalorise la réalité ou qui la fait oublier: alors le discours que rien ne règle devient démesuré, fou, au gré des désirs de la foule et de ceux de l'orateur: le pouvoir des mots finit par produire des simulacres et à faire vivre la foule dans le monde du rêve, de l'artifice, de la peinture ou de la poésie . => En réponse à une autre question: =>
Oui, Platon critique la démocratie athénienne qui n'est, à ses yeux,
qu'une apparence de démocratie: ses institutions (assemblées de
foules) la réduisent à une tyrannie des désirs et la condamnent
à se noyer dans la démesure: => Vaine est la recherche d'une égalité qui n'existe pas (celui qui travaille est différent de celui qui ne travaille pas), d'une égalité qui fait plaisir à la foule mais dans laquelle le mérite se perd. Profitable et plus juste serait une égalité proportionnelle où chacun à sa place servirait selon son naturel et sa capacité.
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