MESURE ET DÉMESURE

Éclairer signifie ici: mettre quelqu'un en état de comprendre, rendre clair et intelligible.
La précipitation amène à bien des erreurs d'interprétation de l'affirmation: l'homme est la mesure de toute chose.
On peut comprendre cette affirmation au sens de:

1. La vérité est relative à chacun => scepticisme, garde fou contre le dogmatisme, au prix de la vérité et du principe de contradiction.
    

2. C'est dans le cadre de l'humain, ouvert au transcendant que doit s'effectuer la recherche de la juste mesure de soi, par soi, sur soi, par des représentations de soi successives.

=> Gorgias: comment passer du 1 au 2 ?

=> Gargantua: démesure physique et mesure morale: humanisme ouvert au transcendant.

=> Dom Juan: refus du transcendant = disparition de la juste mesure = repli sur l'arithmétique et le calcul. Relativisme  et dogmatisme sont récusés comme démesure. Rôle du rire?

Éclairage ? OUI: l'homme est la mesure de toute chose en ce sens qu'il a en charge de réaliser cette mesure, de progresser sans cesse par des expériences sans perdre l'ouverture au transcendant.

Clarté ? NON: La mesure n'est pas une donnée de la nature; c'est un chemin à travers dans l'inconnu, une conquête de soi, par soi, sur soi. 

L'homme peut être à l'origine de sa mesure, de sa tempérance sans jamais se prendre au piège du dogmatisme, dans une recherche de soi, une progression qui s'élève de marche en marche, chaque marche étant relative, une représentation de soi qu'il saura relativiser ou redéfinir et dépasser dans une amélioration, une nouvelle représentation qui connaîtra le même sort. C'est la prise de conscience du relativisme qui permet de se déprendre de soi pour devenir meilleur.

C'est bien à un effort de définition de soi dans un mouvement dialectique perpétuel que nous invitent les trois oeuvres: elles nous mettent sur un fil entre les périls du scepticisme et ceux du dogmatisme.

Alors, effectivement, un éclairage sur la formule de Protagoras est donné par les trois oeuvres, mais ce n'est pas une clarté qui aveuglerait le progrès. Disons que l'homme passe infiniment l'homme, que l'homme est un nomade toujours en marche, que sa vertu est la marche.

Bonne continuation pour votre très intéressant sujet.