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Demandez-vous
comment Achille peut allier la démesure et l'amitié: dans
l'amitié le semblable aime le semblable, est cher au semblable dit
Platon, or l'imitation du semblable est une forme de mesure.
"Achille, malgré sa violence et sa démesure,
est capable, nous l'avons vu, d'amitié, de tendresse et de......"
Voir Iliade - L'incomparable Achille.
http://www.philagora.net/mar-nos/iliade21.php
=> Est
ambigu ce qui semble participer à des natures contraires, et en
tout cas être l'occasion de jugements contradictoires: ce qui a besoin
d'être déterminé. En effet, la question se pose de savoir s'il y a
une bonne démesure (celle qui ouvre les yeux par comparaison ou tout
simplement en faisant rire) et une mauvaise démesure, celle qui brise
par la violence.
A creuser: la démesure
de l'homme de bien au service de la mesure morale (Gargantua) qui brise
les idoles de la société close et la démesure de l'homme violent qui
brise l'existence. De ces deux formes de démesure l'une fait rire,
l'autre effare.
=>
Le paradoxe: est paradoxal ce qui semble irrationnel, qui heurte
le bon sens:
La démesure permettrait-elle de mesurer la mesure arbitraire des préjugés,
de ne pas s'installer dans la certitude d'être mesuré? la démesure
serait un chemin de vérité pour atteindre le sens de la mesure au delà
des conventions, de l'arbitraire, de la relativité, des préjugés qui
dans les sociétés closes présentent comme mesure ce qui n'est que
convention suscitant tout au plus un feu d'artifice d'hypocrisie.(Dom
Juan)
Résumons: la démesure permettrait de se déprendre des apparences en
prenant de la distance et donc de prendre la mesure des apparences pour
s'en libérer:
d'où l'importance du rire: on
attendait quelque chose de mesuré,de prévisible, de soumis à un
rythme, et on a tout autre chose, une démesure: pensons à la dame élégante
avec des talons hauts qui manque la marche du trottoir alors qu'on
attendait un mouvement plein de grâce et d'efficacité.
=>
Pour ce qui est des trois oeuvres du programme, on peut se
demander si le comique (qui, quoiqu'on en écrive actuellement, se
trouve dans Gorgias) n'est pas cet instrument de démesure qui est
instrument de vérité. En effet il est difficile de nier que Gargantua
présente une démesure de proportion et une mesure morale
incontestable.
Dom juan présente la démesure d'une fuite dans le plaisir car, comme
le plaisir fuit, il fuit dans la fuite. Mais aussi (ce n'est pas
suffisamment souligné) , une mesure de la raison qui calcule qui est
source de fermeté et même de courage. J'en veux pour preuve ces trois
propositions que l'on trouve à la fin de l'acte III. scène 2:
"Un homme attaqué par trois autres? La partie est trop inégale,
et je ne dois pas souffrir cette lâcheté." Incontestablement
on retrouve non seulement le calcul de la raison mais une véritable
mesure morale articulée sur la raison.
On notera le paradoxe de l'assurance au sein de l'illusion de connaître
la mesure parce qu'on la confond la mathématique (Acte III. scène 1:
"Je crois que 2 et 2 sont 4"...
Enfin est-il interdit de voir dans la conversion socratique, dans
l'ouverture au transcendant sans lequel il ne peut pas y avoir de mesure
morale, une arme de Socrate pour opposer une mesure divine aux jeux de
la sophistique?
L'homme est-il la mesure de toute chose, ce qui ouvre le champ de toute
démesure puisque tout se vaut ou bien est-ce la divinité "qui
serait pour nous la mesure de toute chose" (Platon, Lois, 716)
et il y aurait une bonne démesure.
On distinguera infini et illimité. Fénelon dans son
Traité de l'existence de Dieu fait remarquer que "le terme
d'infini ... est ... très positif. C'est le mot fini dont
le vrai sens est négatif ... la négation redoublée vaut une
affirmation; ... d'où il suit que la négation absolue de toute négation
... est la suprême affirmation."
Bonne
continuation pour votre très intéressant sujet.
Bon
courage !
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