"La
véritable destination de l'homme est d'être un planétaire,
participant activement à l'intelligence collective"
(Italique, je souligne)
L'homme
parle, mais il ne souffre pas que ses questions évitent
la plus essentielle de toutes, celle du sens de l'être
qui oriente la vie sensible et la nécessaire raison de
vivre dont autrui en sa réalité et qualité
virtuellement infinies répond, et même doit répondre.
Si les hommes se perdent parfois dans le labyrinthe des
passions, le trafic des pulsions, le dédale du désir
avec l'exigence du devoir et du droit, une limite, celle
de l'Autre, viendra générer une disparité subjective,
notamment dans le champ de l'amour et du désir, risque
de tous les risques sans lequel la vie n'a pas de sens.
En effet, l'ensemble du rapport vital du sujet à
l'objet de son désir, à sa division au sens
psychanalytique mais aussi le rapport du sujet au
collectif, expose la gravité de toute interrogation sur
le Mal et disons-le clairement sur la méchanceté. En témoigne
un oxymore politique au cœur des coulisses de la liberté
subjective. " Une impitoyable sympathie, voilà
peut-être la figure la plus saisissante de la guerre
entre frères " . Un des paradoxes fondamentaux de
la morale sinon de l'éthique a été exposé clairement
par Jankélévitch puis, Lévinas. Le don que chacun
peut attendre des autres n'est jamais un droit même si
notre devoir reste la responsabilité pour l'Autre. Pour
l'Autre et non pas à la place de l'Autre qui serait
simple version névrotique ou paranoïaque de la morale
! " L'éthique est la sphère qui ne connaît ni
faute ni responsabilité…. L'amoureux peut être tout
sauf digne, de même qu'il est impossible de faire
l'amour en conservant sa dignité. Les Anciens en étaient
tellement convaincus qu'ils tenaient le nom même du
plaisir sexuel pour incompatible avec la dignité… et
rangeait la thématique amoureuse dans le genre comique.
" La loi éthique est fondamentale liée à la
structure du sujet : un sujet divisé par l'inconscient,
césuré par la pulsion. La loi du Droit n'est pas inhérente
au sujet mais dans au collectif, aux montages
institutionnels qui le supporte dans l'ordre normatif
des semblants. L'entrée en analyse procède justement
de l'écroulement des semblants pour un sujet.
Le discours éthique est solidaire d'une théorie du
sujet, le discours du droit est solidaire du collectif
qui élabore le principe de ses limites, des bornes à
ne pas dépasser pour quiconque : il traite le sujet en
individu "mis à l'équerre " par
l'institution des normes et des lois juridiques d'une
société.
La mort, la méchanceté, la cruauté sont autant de
modalités de la pulsion de mort comme effacement de la
" présence réelle " du sujet, de son être
sensible, de sa vie, dans les intervalles du désir et
les instants d'amour. Freud découvre la pulsion de mort
au centre de la construction du psychisme et par voie de
conséquence, c'est toute la question de la
responsabilité du sujet devant l'inconscient, "
l'automatisme de répétition " qui s'ouvre… La
responsabilité du sujet de l'inconscient devant son réel,
le " choix forcé " du sujet dès son entrée
dans la structure, l'un des paradoxes central inauguré
par la découverte freudienne, est promis à l'invention
d'un signifiant nouveau ou d'un chiffrage nouveau.
Bruyante ou parlante, à la présence du désir dans la
mort répond l'avancée muette de la mort dans le désir.
De même que le silence de l'analyste bien qu'il puisse
vaquer à la " place du mort " n'est pas mort,
mort du désir, mais au contraire, ouverture du désir
à sa plus large interprétation vitale possible.
Notes:
Derrida, J, Politiques de l'amitié, Galilée 1994 cité
par René Major in Au commencement, la vie, la mort.
1999. " De la frérocité ".
Jankelevitch Vladimir, Le paradoxe de la morale, Paris,
Seuil , 1981.
Agamben, Georgio, Homo sacer III Ce qui reste
d'Auschwitz Bibliothèque Rivages 1999. Pp.28 et86. |