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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

LE MAL

Faut il savoir ce qui doit être pour juger de ce qui est?
Peut-on tirer un bien d'un mal?
Le moindre mal?
Quelle réalité peut-on accorder au mal
?

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Pour débuter votre recherche, voici quelques pistes:

Distinguez bien le jugement de connaissance, le jugement moral, le jugement esthétique.
Ce qui est = la réalité, les actions, les événements, ce qui peut être connu, ce qui peut être déterminé par un concept et donc ce qui est objet de connaissance.
Ce qui doit être, c'est à dire ce qui n'est pas , ce qui devrait être en fonction d'une idée qui permet par comparaison de juger ce qui est. L'idée est un principe régulateur qui permet d'évaluer la distance entre ce qui est et ce qui doit être. Un jugement moral consiste donc à mesurer cette distance par rapport au bien ou au mal.

Le mot ne pose -t-il pas un problème: en effet un idéal n'est pas objet de connaissance puisque rien de sensible ne lui correspond. Un idéal se pense.
Mais ce n'est pas la possession d'un certain savoir. Ce qui signifie que le jugement de ce qui est par rapport à ce qui doit ne procède pas d'une science du bien. Platon fait remarquer que le bien est au delà de l'essence et qu'il ne peut s'atteindre que par trois éclats, le vrai, le juste, le beau. Par ailleurs, le jugement de ce qui par rapport à ce qui doit être est toujours relatif à la conception que l'on se fait du bien à l'approche que l'on en a.
Vous avez donc à mesurer la pertinence et les limites de l'affirmation proposée d'autant plus que le mal peut se révéler un bien.
Pour approfondir:
Peut-on tirer un bien d'un mal?
Vous avez à utiliser dans philo-prépas le mal : Le mal: De quoi s'agit-il? pour  bien en distinguer avec Leibniz plusieurs sortes.
-S'il s'agit du mal physique, de la souffrance, d'après vous que produit une opération douloureuse réussie sinon la disparition de la souffrance c'est à dire un bien.
Mais les problèmes fusent lorsqu'il s'agit du mal métaphysique et surtout du mal moral.
Pour comprendre, vous devez suivre auteur par auteur, avec votre sujet en tête, le commentaire du livre de Léo Strauss: Droit nature et histoire Léo Strauss, Droit naturel et histoire:
I. Les anciens - II. Les modernes  
Vous découvrirez avec Machiavel l'éloge de Rome, une cité fondée sur le mal, un fratricide. Suivez soigneusement cette pensée et celle de Hobbes qui vous y est présentée; Ceci vous permettra de nourrir une partie de votre devoir qui répondrait OUI à la question posée.
Après avoir fait ce travail, vous devez faire une objection à la thèse défendue dans la première partie et écouter ou produire des arguments qui sépareraient radicalement le bien et le mal au point qu'on ne pourrait tirer un mal d'un bien. Vous y attaqueriez la raison d'état ou le moindre mal grâce à l'aide suivante.

Le moindre mal?
-Pour vous aider voir tout d'abord :
la haine du mal est-elle toujours bonne?

Vous avez à comprendre l'expression: le moindre mal et vous comprendrez pourquoi il y a un point d'interrogation: devons-nous accepter cette expression ou la mettre en question?

=> S'il s'agit d'un mal moindre (plus petit) qu'un autre mal, plus grand? Alors le plus petit paraît préférable à celui qui est plus grand. Mais vous devez problématiser cette évidence de l'opinion qui ne pense pense pas:
-Le mal peut-il être un bien?
-Peut-on vouloir le mal
La Raison d'état peut-elle tout justifier (on appelle Raison d'état des considérations d'intérêt politique que l'on invoque pour justifier une décision qui contredit la morale, ce qui est bien pratique pour le politique: autrement c'est un principe invoqué par un État lorsqu'il doit user de violence: le moindre mal... justifierait l'Etat).
Vous avez de quoi faire une partie qui mette sérieusement en question cette expression.
Bien entendu si vous distinguez soigneusement le mal moral et le mal physique, une deuxième partie pourrait s'efforcer de justifier l'expression (une souffrance qui entraînerait la santé (comme une opération)
Voyez sur ce point la Lettre à Ménécée le bonheur selon Epicure:
Le Bonheur (Epicure)

Si vous êtes en CPGE, une très intéressante partie de votre devoir pourrait se nourrir du tout est pour le mieux dans le meilleur de monde de Leibniz, sans oublier d'évoquer la caricature faite par Voltaire en soulignant que c'est une caricature qui donne à penser.
Comme lecture je vous propose un excellent roman policier, écrit par un grand philosophe M. Henry: Le cadavre indiscret.

Dans la troisième partie, la plus difficile dans laquelle vous essayez de prononcer un jugement après avoir bien écouté (c'est à dire vous être enrichie) les thèses des adversaires (partie1 et partie2 du devoir) vous établissez VOTRE réponse. Vous pouvez peut-être utiliser l'aide suivante: (de toute manière elle est nécessaire à votre effort de définition préalable au devoir)

Quelle réalité peut-on accorder au mal?
Effectivement le mal dans une chose revient à dire qu'elle manque d'une qualité qu'elle devrait posséder à la racine, de manière donnée, naturellement; autrement dit elle est privée ce qui revient à dire qu'il y a défaut, absence: le mal c'est la privation autrement dit ce n'est pas une réalité.
"Nous voyons que si le mal n'a rien de positif, sa présence dans l'univers serait inintelligible sans l'existence de sujet positif et réel qui le porte... le véritable et unique support du mal c'est le bien." Gilson, le thomisme p.213 217.
Leibniz: Dieu et la nature
Gardez-vous d'évacuer trop rapidement le mal métaphysique et le mal physique.
Pour ce qui est du mal moral peut-on vraiment en faire une simple absence du bien, étant donné ce que la mémoire (je ne dis pas l'histoire, qui nivelle tout) nous dit encore 20ème siècle. Lisez attentivement l'aide n°86 Y a-t-il un devoir de mémoire?

Enfin, vous pourriez peut-être vous appuyer tout au long de votre devoir (plan progressif) sur une analyse de plus en plus fine du terme réalité: ce qui existe effectivement.
Autrement dit peut-on refuser au mal le caractère de la réalité? s'il y a un mal radical il y a un bien radical =>
Kant: le mal radical 

Pour l'introduction qu'il faut soigner particulièrement en indiquant il s'agit et en précisant le problème la question de la question, voir l'aide Le marginal est-il nécessairement l'ennemi de la société?  (une aide centrée sur l'introduction)

J. Llapasset