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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

Le dernier oxymore de Lacan: l’Autre qui n’existe pas. 

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Intervention dédiée à L.E. W et sa fille 

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Antiquité: polythéisme puis, retrait des Dieux.

 

Avec Platon et Aristote incontestablement, la scène fondatrice de l'invention du discours philosophique prend se repères essentiels de l'attention portée au rapport à l'autre comme alter ego. L'amitié selon Aristote est précisément le miroir de cet autre moi-même, il est ce lien d'identification minimal, déjà amical et politique, par lequel, deux individus se supposent une égale dignité, une communauté graduelle d'identité d'intérêts et de désirs, se reconnaissant comme Même. La démocratie définit le citoyen comme sujet de droit, regroupant une série de semblables à soi puisque l'exclusion du différent, le métèque et, du tout Autre, l'esclave, établit paradoxalement la condition de possibilité d'une telle communauté de frères, d'égaux en droits.

   Aucun lien social, politique, fût-ce celui de la démocratie, ne peut faire l'économie d'une relation de maîtrise et de servitude. Le lien à l'autre en général suppose la vertu de la "juste mesure" notamment lorsque liens d'amour ou d'amitié mettent en scène un "deux originaire" qui, par définition, par l'espace du manque de l'Autre qu'il ouvre, fait objection à un idéal identitaire, de complétude, de complémentarité. Ni l'ami, ni l'amant ne peut prétendre incarner la moitié perdue supposant une totalité unaire et originaire. La relecture par Freud, puis par Lacan, des Anciens (Platon, Empédocle, Sophocle...) prend la mesure de l'impossible, du symptôme, "de ce qui ne va" au cœur du rapport à soi à deux (le couple) ou à plusieurs (la société) du fait même de l'Autre, maintenu comme existant, ou du Réel, indicible ou imparlable de la pulsion. Toute crise amoureuse engage une crise quasi-religieuse d'identité personnelle: la croyance au "moi" est le support identificatoire imaginaire à l'autre. De Montaigne à Hume à la psychanalyse, le fameux "moi" justement doit abandonner tout idéal ou présomption de consistance: l'identité personnelle n'existe pas, son fond est toujours déjà intersubjectif, social.

   Dans l'interrogation platonicienne de l'amour (Le Banquet), ou celle plus politique d'Aristote sur l'amitié (Ethique à Nicomaque) le caractère problématique d'autrui reste le Référent, le topos, le lieu tiers d'une invention qui permet à la question de l'Un ou de l'Etre de se déployer comme quête du sens ou recherche du vrai au bénéfice d'un Semblant qui, face au Réel, n'est pas illusion pure.

    Au centre de notre propos, indiquons ceci: l'expérience amoureuse, forme privilégiée, somme toute récente mais immémoriale du lien à l'autre, définit un espace de rencontre entre deux sujets qui fait exception et objection à la notion juridique de dignité. Les Anciens ne rangeaient-ils pas l'amour sous la rubrique du comique et le plaisir sexuel incompatible avec la dignité ? Dans son commentaire du Banquet des philosophes, Lacan énonce sur le mode du tragi-comique le plus pur:

"Aimer, c'est donner ce qu'on a pas - à quelqu'un qui n'en veut pas".
"En amour, soyez sûr que les sentiments sont toujours réciproques".

En fait, ce qu'enseigne la psychanalyse ne rompt pas, bien au contraire, avec l'ironie de Socrate, ce "maître subtil" selon Lacan, puisque ces deux affirmations fondamentales, sur la place de l'amour, gardent toute leur insondable rigueur au temps de l'Autre qui n'existe pas.

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