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Vous pouvez commencer par lire les trois premières pages du
cours: Mythe,
science ...
"Le
nombre des images, qu'un esprit scientifique estime pour le
moins inutiles, dit assez clairement qu'elles jouent un rôle
explicatif suffisant pour l'esprit pré-scientifique."
Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, le mythe de la
digestion, Vrin, page 175
Si
la science ne remplace pas le mythe, n'est-ce pas que le mythe
à côté de son rôle simplement explicatif pour un esprit pré-scientifique,
a une fonction sociale qui lui est propre ce qui le rend
irremplaçable par la rationalité scientifique?
Si
la science remplaçait le mythe, cela signifierait que l'humanité
s'est éloignée définitivement de la sphère s'influence du
mythe. Cela vous semble-t-il être le cas? Peut-on dire que les
mythes fondateurs des grandes religions monothéistes ont
disparu de la vie quotidienne?
Si
la science avait remplacé le mythe, cela signifierait que le
mythe n'avait pas une fonction propre et irremplaçable, et
qu'il y aurait trois âges de l'humanité: le mythe, la
philosophie, la science.
Que la science exige, dans son mouvement constitutif un
renoncement au mythe c'est ce que Bachelard affirme: mais cela
ne signifie pas que le mythe n'ait pas gardé une fonction qui
lui est propre et qu'il ne cesse d'exercer: être banni du champ
de l'objectivité, c'est une chose admise. Être remplacé par
la science, par le désenchantement, c'est autre chose.
D'ailleurs le désenchantement n'a jamais remplacé
l'enchantement. En bref, pour que la science remplace le mythe,
il faudrait qu'elle accomplisse plus avantageusement la ou les
fonctions du mythe. Or la science nous désole plus qu'elle ne
nous console.
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Peut-on affirmer que le mythe, dans la culture moderne, est un
instrument de vérité? "Autrement" scientifique que
la science? Comme la science, mais par une autre voie: l'esprit
tracerait un chemin grâce auquel l'humanité échapperait
à la persécution immédiate par l'instauration d'une distance,
d'un récit.
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Il faudrait s'attacher à considérer le mythe en lui même pour
savoir s'il a été remplacé: n'est-il pas ce qui figure les métamorphoses
du divin, ce qui les traduit pour qu'elles soient accessibles,
supportables, compréhensibles. Apprivoiser le divin. Comment
nier la persistance de la pensée mythique?
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Le mythe n'est-il pas en un sens irremplaçable, pour la science
elle même, parce qu'il ouvre un champ à la recherche, pour la
connaissance de la société dans laquelle il s'est déployé? (
citation 3 ) En un sens la science ne peut remplacer le mythe
puisqu'elle écarte l'affectivité et l'imaginaire.
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La fonction justificatrice de l'ordre établi montre bien la
permanence de l'influence des mythes alors même que la science
s'est développée. Rationalité scientifique, efficacité
pratique et puissance des mythes co-existent. Le mythe peut se révéler
dans une fonction de justification de l'ordre établi et dans la
fonction de libération: le mythe de la révolution (1789).
Quelques
citations comme autant de pistes de lecture.
1- "Le mythe est objectif dans la mesure où l'on
reconnaît en lui un des facteurs déterminants qui permettent
à la conscience de se délivrer de la claustration passive dans
la sensibilité et de progresser vers la création d'un
"monde" organisé selon un principe spirituel qui lui
soit propre." E. Cassirer, La pensée mythique, page 31.
2
- "De son côté, la pensée mythique n'est pas seulement
la prisonnière d'événements et d'expériences qu'elle dispose
et re-dispose inlassablement pour leur découvrir un sens; elle
est aussi libératrice, par la protestation qu'elle élève
contre le non-sens, avec lequel la science s'était d'abord résignée
à transiger. C. Lévi-Strauss, La pensée sauvage, page 36.
3
- "En somme, les mythes révèlent que le Monde, l'homme et
la vie ont une origine et une histoire surnaturelles et que
cette histoire est significative, précieuse et
exemplaire." M. Eliade, Aspects du mythe, page 33.
4
- "Le contenu ultime de l'histoire des dieux est la
production, le devenir collectif, de Dieu dans la conscience;
les dieux se rapportent à ce devenir comme les moments
singuliers de sa genèse." Schelling, Introduction à la
philosophie de la mythologie, page 197
Bonne
continuation