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C'est seulement la théorie qui décide ce qui peut être observé... C'est seulement la théorie, c'est à dire la connaissance des
lois naturelles, qui nous permet de déduire, à partir de l'impression
sensorielle, le phénomène qui se trouve à la base de notre
observation." A. Einstein, in Heisenberg, La partie et le tout,
Albin Michel, 1972, page 94 |
La théorie de la relativité renouvelle la conception de la matière en
lui intégrant la dimension temporelle.
En effet, si la masse croît avec la vitesse c'est qu'elle dépend du
temps: il y a action, changement, énergie. De là à dire que la matière
n'est qu'un état de l'énergie au repos, il n'y a qu'un pas vite franchi.
Simplement c'est un état au repos, celui sur lequel la physique classique
travaillait dans le macroscopique et les faibles vitesses.
On ne peut donc plus dire que la matière a une énergie: elle est
de l'énergie.
La matière perd enfin son statut de substrat. Elle ne permet plus de dire
le monde. L'ancien concept philosophique perd son pouvoir explicatif du
réel au profit du modèle mathématique qui dit ce qu'est l'objet.
Ainsi désormais on ne peut plus séparer matière et temps puisque
l'énergie d'un photon se ramène à la fréquence de l'onde porteuse (=
nombre de vibrations à la seconde).
Loin de précéder le concept d'énergie, c'est le concept de matière qui
est précédé par le concept d'énergie.
La matière peut se déterminer comme un composé de molécules: les molécules
sont composées d'atomes: les atomes sont des systèmes d'électrons en
mouvement autour d'un noyau formé de neutrons et de protons. La matière
serait donc de l'énergie condensée dans le noyau atomique. Matière et
lumière relèveraient d'une entité à deux faces, ondulatoire et
corpusculaire. C'est dire que la mécanique ondulatoire prescrit la
probabilité là où, au XIX è siècle, semblait triompher le déterminisme.
Reste que comme composé et comme ensemble de mouvement, la matière se prête
à l'analyse comme à la détermination approximative de paramètres
(mesures) qui permettent l'explication, la mise en évidence d'un
processus causal antécédent et la prévision. Dès lors dans ce
fonctionnement mécanique, la liberté n'a pas sa place: c'est le royaume
du hasard et de la nécessité.
"Le
monde de la physique ou l'image du monde proposée par la physique...
Celui-ci est un monde créé par l'esprit humain et répondant à une
exigence déterminée, par là un monde variable et perfectible."
Max Planck, L'image du monde dans la physique moderne, page 7
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