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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

Aristote et Kant, point de vue: morale, droit et politique

Kant
 

Comment un impératif catégorique est-il possible? La dignité de l'humanité

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Comment un impératif catégorique est-il possible?

Il y a un ordre nécessaire qui implique un sujet susceptible de s'y soumettre: un sujet libre qui n'obéit qu'à la loi qu'il se fixe. (autonomie). Notre action n'a alors aucune fin particulière. Cela exclut l'habileté ou la prudence pour qui tout peut être fin et moyen. Il s'agit au contraire de trouver ce qui, comme fin, ne peut jamais être moyen, ce qui exclut, par son être, d'être moyen: une fin négative, ordonnée a priori.
Pour le sujet moral, la raison, le sujet moral est la fin absolue qu'il doit viser. Voir la deuxième formulation de l'impératif catégorique: il s'agit de distinguer la cause nouménale de l'homme comme être fini: qu'est-ce qui empêche de traiter l'homme comme moyen? Qu'est-ce qui serait capable de fonder un sujet absolu? Dieu.

La dignité de l'humanité?

C'est dans l'homme seul que nous trouvons la cause nouménale incarnée, dans la mesure où l'homme est le seul qui soit une liberté: la dignité est le respect dû à l'humanité: l'humanité en tant que nouménalement libre ne peut être traité comme moyen. La Métaphysique des mœurs distingue le prix marchand et le prix de sentiment: le premier rend l'échange possible: c'est un moyen. Le second n'est pas entièrement mesurable, par exemple celui de la maison natale.
Quel que soit le prix de sentiment, il n'atteint pas la dignité fondée par la liberté (quel être humain raisonnable hésiterait entre sauver la vie d'un enfant et sauver un objet?)

Quelle est la fin d'une volonté libre?

La liberté, le pur respect de la volonté comme telle: l'objet de la bonne volonté c'est la bonne volonté elle-même comme fin ultime. La Critique de la raison pratique affirme que la liberté doit être tenue comme la clé de voûte (ce qui donne cohérence à l'ensemble) de tout le système de la raison pure.
Mais, l'humanité se propose un but: le bonheur comme fin réelle, c'est à dire la satisfaction de toutes les tendances aussi bien extensibles (le plus) qu'intensives (le plus profond) et protensives (le plus fort). La critique de la raison pure distinguait deux sortes de fins: les fins nécessaires et les fins réelles d'un être de la nature. Si ces deux fins étaient en conflit, l'ordre nécessaire l'emporterait absolument. La prudence est le fait d'une expérience.
L'homme veut sa satisfaction en tant qu'il est libre et en tant qu'il est naturel, autrement dit la conciliation de la liberté et du bonheur (souverain bien). Cette conciliation peut se faire de manière analytique ou synthétique.
-Première solution: celle des stoïciens pour qui l'homme libre est heureux. les épicuriens en affirmant que l'homme heureux est vertueux opèrent eux aussi par déduction, par analyse. Mais dans les deux cas, ça ne marche pas. En effet, dans l'expérience, il n'y a aucun rapport entre l'ordre de la nature et l'ordre de la liberté: la nature comme ensemble de lois mécaniques et la moralité comme intention bonne ne se rencontrent pas. Sade l'exprime à sa manière: la foudre tombe sur Justine la vertueuse...
-Deuxième solution: jugement synthétique a priori: il faut viser le souverain bien. Postulats: le souverain bien c'est l'idée du bonheur de celui qui s'en est rendu digne. Mais cela suppose que l'âme de l'homme en tant que fin se rende digne du bonheur (le temps fini de la vie ne peut y suffire). Il est donc nécessaire de postuler la possibilité d'un progrès asymptotique: la condition serait que l'âme soit immortelle.
Dieu, c'est un concept synthétique qui garantit l'unité du règne des fins et du règne de la nature. C'est une exigence de la raison. En ce sens la morale nous amène à la foi et à la religion.
La religion consiste à supposer la loi morale comme émanant de Dieu. Nous arrivons à Dieu à partir de l'expérience morale, le fondement de toute religion est toujours la morale. 

Notes prises à un cours donné par monsieur Wilfred.