Comment un impératif
catégorique est-il possible?
Il y a un ordre nécessaire
qui implique un sujet susceptible de s'y soumettre: un sujet
libre qui n'obéit qu'à la loi qu'il se fixe. (autonomie).
Notre action n'a alors aucune fin particulière. Cela exclut
l'habileté ou la prudence pour qui tout peut être fin et
moyen. Il s'agit au contraire de trouver ce qui, comme fin, ne
peut jamais être moyen, ce qui exclut, par son être, d'être
moyen: une fin négative, ordonnée a priori.
Pour le sujet moral, la raison, le sujet moral est la fin
absolue qu'il doit viser. Voir la deuxième formulation de l'impératif
catégorique: il s'agit de distinguer la cause nouménale de
l'homme comme être fini: qu'est-ce qui empêche de traiter
l'homme comme moyen? Qu'est-ce qui serait capable de fonder un
sujet absolu? Dieu.
La dignité de
l'humanité?
C'est dans l'homme
seul que nous trouvons la cause nouménale incarnée, dans la
mesure où l'homme est le seul qui soit une liberté: la dignité
est le respect dû à l'humanité: l'humanité en tant que nouménalement
libre ne peut être traité comme moyen. La Métaphysique des mœurs
distingue le prix marchand et le prix de sentiment: le premier
rend l'échange possible: c'est un moyen. Le second n'est pas
entièrement mesurable, par exemple celui de la maison natale.
Quel que soit le prix de sentiment, il n'atteint pas la dignité
fondée par la liberté (quel être humain raisonnable hésiterait
entre sauver la vie d'un enfant et sauver un objet?)
Quelle est la fin
d'une volonté libre?
La liberté, le
pur respect de la volonté comme telle: l'objet de la bonne
volonté c'est la bonne volonté elle-même comme fin ultime. La
Critique de la raison pratique affirme que la liberté
doit être tenue comme la clé de voûte (ce qui donne cohérence
à l'ensemble) de tout le système de la raison pure.
Mais, l'humanité se propose un but: le bonheur comme fin réelle,
c'est à dire la satisfaction de toutes les tendances aussi bien
extensibles (le plus) qu'intensives (le plus profond) et
protensives (le plus fort). La critique de la raison pure
distinguait deux sortes de fins: les fins nécessaires et les
fins réelles d'un être de la nature. Si ces deux fins étaient
en conflit, l'ordre nécessaire l'emporterait absolument. La
prudence est le fait d'une expérience.
L'homme veut sa satisfaction en tant qu'il est libre et en tant
qu'il est naturel, autrement dit la conciliation de la liberté
et du bonheur (souverain bien). Cette conciliation peut se faire
de manière analytique ou synthétique.
-Première solution: celle des stoïciens pour qui l'homme libre
est heureux. les épicuriens en affirmant que l'homme heureux
est vertueux opèrent eux aussi par déduction, par analyse.
Mais dans les deux cas, ça ne marche pas. En effet, dans l'expérience,
il n'y a aucun rapport entre l'ordre de la nature et l'ordre de
la liberté: la nature comme ensemble de lois mécaniques et la
moralité comme intention bonne ne se rencontrent pas. Sade
l'exprime à sa manière: la foudre tombe sur Justine la
vertueuse...
-Deuxième solution: jugement synthétique a priori: il faut
viser le souverain bien. Postulats: le souverain bien c'est l'idée
du bonheur de celui qui s'en est rendu digne. Mais cela suppose
que l'âme de l'homme en tant que fin se rende digne du bonheur
(le temps fini de la vie ne peut y suffire). Il est donc nécessaire
de postuler la possibilité d'un progrès asymptotique: la
condition serait que l'âme soit immortelle.
Dieu, c'est un concept synthétique qui garantit l'unité du règne
des fins et du règne de la nature. C'est une exigence de la
raison. En ce sens la morale nous amène à la foi et à la
religion.
La religion consiste à supposer la loi morale comme émanant de
Dieu. Nous arrivons à Dieu à partir de l'expérience morale,
le fondement de toute religion est toujours la morale.
Notes prises à un
cours donné par monsieur Wilfred.
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