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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

Georges  BATAILLE  - 1957 -

Le fantasme de l'érotisme.

 Rompre la discontinuité individuelle.

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Son essence (de la passion) est la substitution d'une continuité merveilleuse entre deux êtres à leur discontinuité persistante. Mais cette continuité est surtout sensible dans l'angoisse, dans la mesure où elle est inaccessible, dans la mesure où elle est recherche dans l'impuissance et le tremblement. Un bonheur calme où l'emporte un sentiment de sécurité n'a de sens que l'apaisement de la longue souffrance qui l'a précédé. Car il y a, pour les amants, plus de chance de ne pouvoir longuement se rencontrer que de jouir d'une contemplation éperdue de la continuité intime qui les unit.

Georges Bataille, L’érotisme, 10-18, page 24. (1957)

Comment nier la discontinuité que l’espace et la durée installent entre des individus isolés par ces limites à l’origine de la condition humaine?

C’est ainsi que dans La voie royale de André Malraux, Perkins meurt seul en présence de son ami comme si l’essence du prochain était paradoxalement toujours ressentie comme distance au moment où l’on aurait le plus besoin d’une continuité.

Reste que, pour Bataille, la passion amoureuse témoigne de la nostalgie d’une continuité avec autrui, perdue mais douloureusement présente dans le désir de la retrouver, dans Les noces de l’amour et de la mort, de la disparition de l’individu, comme retour à la continuité de l’être.

Autant dire que l’érotisme qu’il soit charnel, amoureux ou même mystique, témoigne du désir fou de rompre la solitude, au risque de mourir à soi: trois pathétiques efforts pour surmonter la contradiction, la distance, pour réaliser "la continuité de deux êtres distincts".

C’est pour cela que toute forme d’érotisme, corporelle, passionnelle ou mystique, se déploie aussi dans la sécheresse de l’absence, la menace d’une séparation, comme le désert borde toujours l’oasis.

L’intensité du désir creusé par la solitude permet de comprendre la folle intensité de l’érotisme qui tient, dans une telle pensée, de l’invocation religieuse, comme si toute passion relevait d’une ardente ferveur.

L'homme, comme être de culture, est donc celui qui refuse, qui nie, qui ne se résigne jamais à ses limites.

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