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L'échange
amoureux.
Commencez par lire: Faut-il
se méfier de l'amour?
Il faudrait peut-être utiliser le Banquet de
Platon.
Dans tout échange, je donne pour que tu donnes, ce qui suppose
que chacun possède quelque chose et que ce qu'il possède
puisse être donné à l'autre en échange de ce que l'autre
possède: il faut donc que ce que l'autre possède, je puisse à
mon tour le posséder s'il me le livre et que ce que je possède,
l'autre puisse le posséder si en échange, je le lui livre.
S'il s'agit d'un objet du monde, je peux le prendre s'il me le
livre et il peut le
prendre si je le lui livre. Cela signifie que la relation de
propriété n'est pas une relation essentielle puisqu'elle peut
être rompue et que, si elle est rompue je demeure.
Si je devais échanger ma culture conte la culture d'un autre,
ce serait impossible car ma culture et celle d'autrui ne sont
pas des objets du monde.
S'il s'agit d'un sentiment?
=> Pistes de réflexion: choisissons par exemple, les
conditions qui permettraient à l'échange amoureux d'exister.
Il est difficile de concevoir un échange amoureux qui n'ait pas
pour fondement l'accouplement érotique.
N'y a t-il pas une distance infinie entre le plaisir supposé et
le plaisir éprouvé?
N'y a t-il pas une inquiétude des amants sur le plaisir éprouvé
par l'autre?
Chacun guette un signe, mais n'ayant pas accès à la
subjectivité de l'autre, il ne peut repérer le plaisir de
l'autre qui est de l'ordre du corps subjectif par lequel l'autre
est autre.
Echange de caresses oui, échange des regards oui aussi, mais en
aucun cas le plaisir de l'un n'est livré à l'autre. Donner
oui, recevoir oui mais quoi? Si la vraie vie est absente au bout
du regard?
Le plaisir n'est jamais alors ce qui s'échange mais ce qui,
dans le meilleur des cas, se tient dans la juxtaposition, dans
la distance d'une co-présence irréductible, ce qui exclut la
circulation et l'échange.
Alors, plaisir échangé, plaisir partagé, deux plaisirs séparés?
Partez de la relation amoureuse entre deux vivants: chaque
vivant se rapporte à l'autre non pas selon une représentation
objective d'un monde commun, une distance irréductible, mais
par le sentiment comme épreuve de soi au fondement
de l'antique conscience qui semble s'abolir dans le plaisir.
Le même peut-il être échangé? A quoi bon?
Ce que l'on voudrait échangé, n'est-ce pas son plaisir contre
le plaisir de l'autre? Mais le plaisir de l'autre étant hors du
monde objectif à quoi bon
essayer de
le saisir?
Remarques: Rappelons que ceci n'est pas un corrigé, mais une
aide pour vous aider à penser par vous-même.
Dans tous les cas, il faudra prendre en considération cette
affirmation de Saint-Exupéry dans Citadelle, LV:
"L'amour véritable commence là où on attend plus
rien en retour."
ou encore "Le désir ne cesse de demander au lieu que
l'amour ne cesse de répandre: l'un a toujours besoin d'un
secours étranger et l'autre semble toujours se nourrir de lui même."
Lavelle, Traité des valeurs, II,
page 184
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Vers
Claudel, L'échange
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