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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

Dualité  Autour du thème:

Le principe de dualité

Gonseth

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_____________  Perspectives par Joseph Llapasset   ______________

 


 Dans Dialectica, 6, page 124, Gonseth énonce ainsi un principe de dualité, ce qui commande la réalité de la science:
"Un principe de dualité reconnaît que ni le rationalisme pur ni l'empirisme pur ne peuvent servir de plate-forme suffisantes à la méthodologie des sciences. La science réalise un dialogue, une dialectique où l'abstrait et le concret se spécifient l'un par rapport à l'autre."

Un tel principe s'applique à toute connaissance, de l'opinion jusqu'à la connaissance scientifique la plus épurée de subjectivité: toute connaissance scientifique présente et un aspect théorique et un aspect empirique, même si l'importance de l'un est inversement proportionnelle à celle de l'autre. (prépondérance de la théorie et donc de la raison dans la science et prépondérance de l'expérience immédiate sensible dans l'opinion). C'est que, même dans le concret, ce dernier n'est tel que par l'abstrait. Dans le mouvement de théorie et expérimentation il y a bien un dialogue par lequel la raison est éduquée par  l'expérience et dans lequel l'expérience est guidée par la raison (on expérimente avec la raison).

Apparaît alors une dualité dont les éléments sont irréductibles au point qu'il est possible de penser qu'elle obéit à un principe qui devient alors constitutif de toute connaissance réelle. Il fallait s'y attendre si l'homme est un être raisonnable sensiblement affecté. Comment pourrait-il faire abstraction d'un des éléments qui le composent?
Nous avons bien là une dualité, caractère de ce qui est double, parce qu'il comprend deux éléments différents: théorie / expérience; rationalisme / empirisme, indissociables au point que non seulement la connaissance réelle ne peut être sans eux, mais encore parce qu'ils se précisent mutuellement, au point que la densité de leur existence, pour ainsi dire, dépend d'un dialogue, d'une dialectique concret / abstrait.

La conséquence du principe de dualité c'est qu'aucune connaissance ne peut être considérée comme définitive, même s'il y a peut-être des connaissances définitives. Une extrême prudence s'impose devant toute affirmation de l'irréformabilité d'une connaissance. D'abord parce que la science utilise le principe de révisibilité pour réviser les acquisitions antérieures en fonction des acquisitions nouvelles: l'ambiance de la science est donc le provisoire. Ensuite parce qu'on ne peut jamais décider à un moment du temps que l'obligation de réviser telle ou telle connaissance ne se présentera jamais. Enfin parce que le succès n'est pas un critère de vérité ce qui enlève tout espoir d'établir définitivement la vérité d'une affirmation par l'expérimentation réussie, même si elle construit une observation réelle mesurable conforme à l'observation théorique prévue par le calcul à partir d'une théorie.

=> "La connaissance objective et la dialectique correspondante ne se constituent pas par une organisation à partir de positions normatives immuables, mais par une réorganisation à partir du front de l'expérience ..." Gonseth.

"La connaissance dont nous nous sentons aujourd'hui capables n'est pas prédicative. Je veux dire par là que nous ne sommes pas en possession d'aucune certitude qui puisse être réputée indépendante de tout progrès ultérieur du savoir." Gonseth, au Congrès Descartes en 1937.