Parce que un
contraire éclaire l'autre, ce qui est à cerner, posons une question
propédeutique: quel est le contraire de dualité?
C'est à tort que l'on proposera "unité", car unité renvoie
à une dualité (= deux éléments) ou une pluralité réunies par une
synthèse.
Le contraire de
dualité est "unicité" qui désigne le caractère de
ce qui est unique, pour ainsi dire la solitude d'un élément. Unicité
peut désigner un seul principe auquel tout peut être réduit et, par
exemple, la matière, l'Idée, Dieu : la doctrine
sera le matérialisme, l'idéalisme, le panthéisme.
Le déterminisme vital ne saurait se concevoir sans un tel monisme,
puisqu'il n'admet qu'un seul principe constitutif. On mesure l'enjeu du
choix entre le monisme et le dualisme! Posons par définition
universellement admise que dualité et dualisme sont des synonymes qui
ne diffèrent que par le point de vue.
Dualité
désigne, au contraire de unicité, le caractère ou l'état de ce qui est
double de ce qui comporte deux éléments, chacun ne pouvant être seul,
mais étant pourtant différents pour ne pas dire antagonistes.
Tout problème posé par la dualité se ramène à cette question: la
dualité est-elle provisoire (=> Jacques Monod) ou définitive
(=> De Broglie), accidentelle ou essentielle.
Ou encore: les deux éléments de la dualité sont-ils déductibles ou
irréductibles l'un à l'autre.
Prenons un exemple
pour illustrer cela. Si je dis, et cela est peu contestable, que l'homme
est un être raisonnable sensiblement affecté, je pose en principe deux
éléments indépendants, différents, qui semblent irréductibles l'un
à l'autre (on ne peut être égoïste et aimer en même temps). Seul un
Dieu pourrait concilier la liberté et la nature d'un être raisonnable
sensiblement affecté en lui donnant, par sa toute puissance le bonheur
comme récompense de ses mérites, ce qui suppose qu'il aura
"serré la ceinture" pendant sa vie.
Cela revient à dire qu'il y a en l'homme une dualité: la sensibilité
et l'esprit. Ce dualisme de l'être de l'homme a pour conséquence un
dualisme moral conflictuel:
l'homme est l'unité de ce qui perpétuellement se fuit (l'eau et le
feu, écrit Hegel), de ce qui se combat comme l'amour et l'égoïsme se
font la guerre ou encore le réel et l'idéal. Ce qui laisse deviner
un dualisme entre la vérité et la réalité, un déchirement
entre ce qui est et ce qui doit être:
avec pour conséquence que
l'homme, ne pouvant jamais satisfaire en même temps les deux éléments
que sont le devoir et la recherche du plaisir, ne pouvant jamais suivre
sa nature en faisant son devoir, l'homme pourra bien rechercher le
bonheur mais la réalisation ( l'existence) du bonheur poursuivi ne sera jamais qu'une
illusion, la satisfaction imaginaire d'un désir.
Je comprends
bien que des prépas scientifiques attendent des pistes scientifiques
sur la connaissance en général et sur des épistémologies
régionales: biologie, mathématique, physique ...
Nous allons proposer des pistes dans ces directions.
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