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Aides à la dissertation sous forme d'esquisses 

Niveau classes prépas - Colles et Dissertations par J. Llapasset   

La vérité de l'échange

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Je propose un détour, un de ceux que le temps de la philosophie exige.

Lorsqu'il s'agit de l'échange, je suis partagé entre la réalité connaissable par détermination, grâce à un concept, d'une expérience, et, d'autre part, une Idée, une Forme idéale que par définition nous ne rencontrons jamais mais grâce à laquelle il est possible de penser, d'évaluer la "réalité", en s'élevant par-dessus toute expérience sensible, en "faisant" de la métaphysique.
De même, pour la vérité, tu sais très bien qu'on distingue (tu l'as enseigné...) le vrai et le faux qui qualifie un discours et la vérité, Forme vers laquelle on s'élève, par une succession de rectifications d'erreurs. La vérité se pense et se cherche, , le vrai s'établit par une comparaison entre le discours et une réalité fuyante que nous remplaçons par des objets dans lesquels, selon l'heureuse formule de Kant, le sujet ne retrouve que ce qu'il y a mis.

Le sujet proposé, la vérité de l'échange, place donc le candidat entre deux "êtres de fuite", la vérité et la réalité, l'Idée de vérité, et des objets qui masquent plus ou moins la réalité, des objets qui se révèlent provisoires dès que la réflexion s'exerce.

La vérité de l'échange serait l'impossible coïncidence entre un discours et une réalité toujours masquée. C'est donc à l'aporie, ou à un incessant mouvement dialectique, celui de ma philosophie, que semble condamner le sujet proposé.
Cependant, il est toujours possible d'échapper à une aporie par un effort de distinction.
Prenons un exemple= problème: comment se fait-il que le travail source d'humanisation et de libération soit rejeté par tant de personnes dès le lundi matin ...? Le problème jaillit toujours d'un calcul déçu!

Ce problème peut être résolu en distinguant une forme idéale du travail qui serait nécessairement source d'humanisation et de libération et des formes sociales plus ou moins aliénantes ... La vérité du travail, son essence, dépendra du point de vue adopté. On ne trouve jamais la forme idéale qui n'existe pas et n'a peut être jamais existé, on ne peut que rencontrer  des formes sociales qui existent mais qui trahissent la forme idéale. Quelle sera la vérité du travail? elle changera selon que l'on choisit  la connaissance ou la pensée.
La vérité de l'échange nous oriente à la fois vers l'idée comme forme intellectuelle d'un objet et vers la réalité, non pas la réalité sensible, mais la réalité intelligible, ce que la chose est. En ce cas, l'appréhension de l'essence, ce que la chose est, serait du même coup vérité et réalité.

En réduisant l'échange à la réciprocité, tu rejoins la phénoménologie la plus contemporaine, en particulier celle de Michel Henry au début de "Paroles du Christ". Il me semble pourtant qu'il y a confusion entre la forme idéale pensée et la forme réelle vécue...

Du point de vue de la forme idéale:
Échange = réciprocité = égalité de ceux qui échangent = liberté = justice par l'équivalence. C'est bien la vérité de la forme idéale. Car, pour "singer" Rousseau, où la trouveras-t-on cette vérité de l'échange, où trouveras-tu une loi juste dans une réalité sociale qui n'est que trop souvent tissée de décrets masqués sous le nom de lois?
Que voyons-nous? Que l'échange est trop souvent la continuation de la guerre sous une autre forme, l'exercice de la violence dans laquelle on exige toujours que l'autre se conforme à des règles alors qu'on bafoue ces règles.
Où est le droit? Où est l'égalité? Où est la liberté? Où est la justice? (Prendre l'exemple des échanges Nord-sud...)

La forme idéale- pensée- exige:
pour échapper à la violence, à la capture, je donne de ce que j'ai en trop pour recevoir ce que je n'ai pas. Mais l'échange n'est-il pas plutôt: je cherche à toujours prendre plus que je ne donne, de l'or contre de la pacotille étincelante: la vérité de l'échange serait alors qu'il masque mal le refus de la réciprocité au profit d'une violence exercée par le plus fort qui dicte la loi du marché au plus faible.

  Ces questions me semblent devoir engager, effectivement, une réflexion sur la vérité de l'échange. C'est un grand sujet qui est proposé à des hommes libres.

La règle de l'antithèse exige que l'on écoute les deux thèses adverses avant de proposer un jugement le mieux ajusté possible. Un plan en trois parties, une analyse des concepts, un effort de distinction, nourriront le devoir. Il faudra penser en s'orientant vers la vérité et la justice et en oubliant le pragmatisme, le masque de la générosité restreinte, la joie sauvage que donne la violence.

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