Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
= Ici
"voie" signifie la conduite qui
convient à quelqu'un comme dans l'expression: il a été long
à trouver sa voie.
Pour la problématisation:
Cela pose un problème: qu'une voie puisse être
ajustée à quelqu'un au point qu'on déclare que c'est sa
voie, semble indiquer qu'il y a une nature humaine et
une nature propre à chacun.
Par exemple chez Platon
il y a un naturel philosophe que l'on peut découvrir en
regardant les enfants jouer: certains ont des ailes et
respectent naturellement les règles du jeu.
Pour un naturel philosophe, suivre sa voie c'est adopter une
conduite ajustée à son naturel.
A y regarder de prêt, l'expression "suivre sa voie"
pourrait signifier un déterminisme et une absence de liberté:
on suit sa voie ou alors on échoue dans sa vie. Voilà pourquoi
l'existentialisme affirme que s'il n'y a pas de nature humaine,
l'homme est libre de se réaliser par ses choix et qu'alors
suivre sa voie c'est exercer sa liberté pour tracer son chemin
dans une existence où il n'y a pas de chemin tout tracé. Être
c'est se faire.
Entre devenir ce que l'on est et être ce que l'on devient, il y
a une distance.
Dans une optique de croyance, on pourrait dire que suivre sa
voie c'est ou bien suivre un destin, ce qui est écrit dans un
grand livre ou répondre à un appel de l'absolu.
Dans "Femmes damnées", une pièce condamnée des
Fleurs du mal, Baudelaire écrit ce vers: "Faites votre
destin ... Fuyez l'infini que vous portez en vous."
Là où il n'y a pas de juste mesure, là où Dieu n'est pas la
mesure de toute chose, la démesure s'introduit et la nécessité
s'exerce.
Ces quelques remarques n'ont pour but que de ne pas vous laisser
seul.
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