Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
= Comment
définir un acte de liberté?
- Qu'est-ce
qu'interroger? On interroge une personne ou une chose. Celui qui
interroge réclame ce qui lui est dû à quelqu'un en le
questionnant.
- Mais s'interroger c'est se questionner dans l'intimité de soi,
se poser des questions auxquelles on va tenter de répondre soi-même,
comme si on se devait de répondre, car dignité oblige.
Nous
sommes à au plus près de la fine point de l'âme qui se prépare
à dialoguer avec elle même.
- Étonnement et perplexité; l'oeuf, la poule, l'oeuf: une poule
qui s'interrogerait devant un oeuf, sur son origine et sur sa
destination en posant la question: l'oeuf me précède-t-il ou me
succède-t-il serait plongée dans la perplexité. Cf. le film
Chicken run.
-
Sur la blanche page, le verbe s'interroger, dans sa solitude, dans
son désert nous étonne, nous inquiète peut-être et en tout cas
nous laisse perplexe et bien conscient de cette perplexité.
-
Nous voilà tout prêt de nous interroger sur ce que cela est
s'interroger et aussi sur les problèmes que cela soulève.
Reste
qu'il s'agit bien d'une question qui précède la réponse comme
si le même pouvait interroger et répondre! Si c'est le même qui
peut répondre, n'est-ce pas qu'il sait et donc, à quoi bon
interroger si on connaît la réponse...(rôle du doute)
-
Je comprenais , plus haut,
très bien
ce qu'est interroger quelqu'un, c'est poser une question en
attendant une réponse. Habileté diabolique? Aliénation? Celui
qui sait interroger provoque ce que sera la réponse d'un enfant,
suscite la récitation d'un savoir convenu chez un élève, met à
la question le prisonnier qui, n'en doutons pas, dira n'importe
quoi et pas nécessairement ce qu'on attend de lui. La torture est
plus une épreuve d'endurance qu'une épreuve de vérité
remarquait déjà Montaigne. En ce sens interroger est un déni de
liberté au point que des moralistes nous assurent qu'à toute
question indiscrète, il est légitime de répondre par un
mensonge.
=>
S'interroger c'est tout autre chose car on peut déjà
dire ce que Saint Augustin disait du temps: si on ne me le demande
pas, je sais ce que c'est, s'interroger, si on me le demande, je
suis embarrassé et je découvre que je ne sais plus ce que je
croyais savoir avant de l'avoir formulé.
- Ce qui est certain c'est que je suis étonné
par un tel sujet. Me demande-t-on une réponse, ou de
m'interroger sur ce que c'est de m'interroger? Pourrait-il y avoir
une pensée de la pensée? Comment peut-on penser l'acte de
penser, si s'interroger est le premier moment d'un acte de penser
et peut être le tout d'un acte de penser dans la mesure où celui
qui saurait interroger, du même coup saurait répondre...
- Ce qui est certain c'est que de l'étonnement,
je suis passé à la perplexité dans le doute de
la pensée Et donc en marge de ce qu'on appelle penser?
=>
Il faut donc s'interroger sur ce que c'est que
s'interroger: l'embarras dans lequel je me
trouve, le savoir qui me manque, creuse un désir de vérité
c'est à dire de produire devant vos esprits une idée, la forme
intellectuelle de cet objet qui m'est proposé comme sujet:
s'interroger.
Je suis orienté vers l'âme et son intériorité, cette balance
intérieure propre à chaque personne sans laquelle sa liberté ne
peut être pensée, comme si l'essence de la pensée c'était la
liberté de douter et donc s'interroger pour répondre par soi même.
Le
problème n'est-il pas qu'il est impossible de donner une idée
d'un acte qui n'a pas d'essence: un acte s'accomplit.
On comprend que dans un tel sujet l'enjeu est la
liberté.
=>
Quelques pistes:
Ici, pour votre plan, la voie royale sera le plan analytique par
approfondissement progressif et détermination progressive du
concept.
- La conscience de soi comme confiance en soi qui s'affirme et se
réfléchit dans l'intériorité au point d'avoir l'ambition de
penser par soi même.
- Platon: la pensée comme dialogue intérieur;
c'est le même qui sait interroger et qui sait répondre.
- Platon: la réminiscence au fondement de l'interrogation et de
la réponse que l'on donne, c'est à dire le retour à l'esprit du
savoir des idées contemplées dans le monde intelligible. ( Phèdre,
294, Ménon, 81)
- Socrate, la maïeutique: c'est toi qui le diras, pour ne pas
dire c'est toi qui le trouveras.
- Les idées ne se forment-elles pas dans le dialogue?
=>
Vers une solution: Pourquoi chercher à penser la
pensée?
Par
un acte?
En l'accomplissant, en s'interrogeant?
Limites de la dialectique: Socrate ne pense-t-il pas tout seul, en
réalité. Après tout, c'est lui qui souffle la solution du problème
à l'esclave de Ménon.
La
dialectique est toujours déjà commencée, on la prend en route,
et elle continue toujours car il y a un "petit quelque
chose" qui la fait rebondir comme si le mouvement de la pensée,
l'exercice de la balance intérieure était un mouvement perpétuel:
douter de l'opinion,
s'interroger,
répondre, douter de la réponse: l'esprit toujours présent.
Bonne
continuation |