Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
=Problématique.
Vous pouvez vous étonner d'abord de la question. Pour le XIX ème
siècle, l'idée de progrès ne pose pas de problème: non
seulement elle est acceptable, mais elle est le pilier des héritiers
de la philosophie des lumières.
Anatole France écrit: "L'utopie est le principe de
tout progrès", mais Auguste Comte pose le progrès
pour but, comme élément de la définition du positivisme.
Il y a donc un problème que vous avez à cerner. Comment l'idée
de progrès aurait-elle besoin d'une condition pour être
acceptable. Quand on donne une condition c'est que l'acceptation
n'est pas certaine ni nécessaire: il y a un doute sur la
conduite, le comportement. "A la condition que tu rentres
à 18 heures ..."
L'idée |
C'est
la forme intellectuelle d'un objet, ce qu'on voit avec
l'esprit, grâce à l'activité de l'esprit. Ce que l'on
conçoit non comme un concept figé qui saisit le
sensible dans un réseau, mais comme un type idéal que
l'on cherche à atteindre: un projet orientant une
recherche, un élan de conceptualisation jamais figé et
en devenir: "Toute idée reste plus ou moins
ouverte à son propre devenir". Gonseth, Philosophie
néo-scolastique et philosophie ouverte, page 70
Peut-on encore penser l'idée de progrès comme une
juxtaposition pure et simple des formes de progrès?
|
Progrès |
Transformation
du moins bien en mieux. Par extension, la marche en
avant de la civilisation.
|
Acceptable |
Qui
mérite d'être pris en considération, à quoi on peut
donner son accord, que l'on peut recevoir comme vrai.
|
Pour
la recherche des idées: propédeutique.
Le
XIX ème siècle, à la suite du XVIII ème siècle, non
seulement ne met pas en question l'idée de progrès mais encore
avec Hegel et Comte n'hésite à y voir une loi de la nature.
L'idée de progrès est vraie puisqu'elle permet d'entrer en
relation avec une réalité objective, un monde dont, le devenir
marque réellement un accroissement constant de morale, de
connaissance, de maîtrise de la nature, des arts comme de la
politique.
Il est vrai que Rousseau avait dénoncé dans son premier
discours sur les sciences et les arts les conséquences désastreuses
du progrès. Mais en reconnaissant la perfectibilité de la
nature humaine, il acceptait du même coup l'idée de progrès.
Le
XX ème siècle ne nie pas la nécessité du progrès, mais juge
inacceptable l'idée de progrès formulée au XIX ème siècle
parce qu'elle ne correspond pas à la réalité objective et aux
grandes espérances d'un monde meilleur.
Au lieu de libérer le progrès exerce une contrainte et menace
l'homme et la nature. Si on accepte l'idée d'un progrès
de la puissance, d'un progrès quantitatif, on s'effraie des
risques et des menaces que le progrès fait peser sur les sociétés
et les individus, contrairement aux espoirs des siècles passés.
Non seulement le progrès n'est pas partagé, les inégalités
se creusent toujours d'avantages, les guerres grâce au progrès
technique provoquent des massacres inimaginables, mais encore
l'environnement se dégrade.
Peut-on
parler sérieusement de progrès lorsque, par exemple, de jeunes
enfants doivent rester jouer dans leur classe car la cour extérieure
et l'espace de jeu sont rendus incompatibles avec la préservation
de la santé par la faute de la pollution que le progrès
technique produit.
De qui se moque-t-on? C'est inacceptable !
=
Après cette propédeutique qui vous prépare à
répondre à la question posée: A quelles conditions l'idée de
progrès est-elle acceptable? Voici une piste pour une
condition, par exemple.
A la condition de ne pas juxtaposer les formes de progrès, mais
de respecter une hiérarchie entre elles: à la condition que le
progrès moral et le progrès social soient posés comme des
critères devant lesquels les autres formes de progrès
devraient "plier le genou" selon la belle formule de
Kant dans le Projet de paix perpétuelle.
A
vous de penser.
Pour
élargir, tapez
progrès dans le moteur de recherche
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