Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
Vous
trouverez le texte et son contexte dans l'édition de La Pléiade,
Ponge, Oeuvres complètes, page 630
=>
Éclairer c'est projeter une lumière sur,
chasser l'obscurité, faire apparaître le sens, la signification
et l'orientation d'une oeuvre, ici les fables de La Fontaine et
singulièrement les livres qui sont au programme.
Dans certains cas, un contraire éclaire l'autre.
Ici, vous noterez un schéma dans la citation: renoncer à la
domination du monde par la pensée, renoncer à penser le monde en
lui substituant un mécanisme rationnel, et reconnaître son
insertion dans le monde. Tout cela dans le but d'une réconciliation.
=>
Voilà pourquoi votre citation est extraite d'un texte intitulé:
"Le monde muet est notre seule patrie."
Bien entendu vous avez le droit de manifester votre perplexité
première, ou votre étonnement de voir présenter une telle
citation comme susceptible de projeter une quelconque lumière sur
les fables de La Fontaine.
Pour
sortir de votre perplexité, il est bon de savoir comment Ponge se
situait par rapport à La Fontaine, quelles étaient les raisons
de son admiration pour l'auteur des fables. Voici quelques pistes:
- Ponge se présentait comme un petit enfant en comparaison de La
Fontaine.
- Son admiration pour l'auteur des fables ne s'est jamais démentie:
ne déclare-t-il pas dan Le parti pris des choses,
"Je préfère de beaucoup une fable de La Fontaine à
n'importe quelle épopée." (Proèmes, Gallimard, page
204).
- Pourquoi cette admiration? Pourquoi préférer La Fontaine aux héros
de la pensée tels que Hegel ou Schopenhauer? Parce que (ibidem,
page 193) ça lui paraît: (je vous invite à tout bien peser en
lisant):
1° "Moins fatigant et plus plaisant"
2° "Plus propre, moins dégoûtant."
3° "Pas inférieur intellectuellement et supérieur esthétiquement."
=>
Moins fatigant parce que moins alambiqué, moins ontologique,
moins enflé, moins creux finalement que les "envolées métaphysiques".
Plus plaisant parce que plus fidèle à la terre.
Plus propre car sans rien de malhonnête: ça ne sent pas la
mauvaise cuisine de l'hypocrisie dégoûtante: ça lave des
grandes métaphysiques qui s'épuisent à survoler.
Pas inférieure intellectuellement parce que très élaborée dans
une suite d'efforts toujours à recommencer.
=>
Tiens, je parie que vous pensez au classicisme d'un Malherbe, et
votre intuition est bonne: "Cent fois sur le métier remettez
votre ouvrage..." Ce que Ponge appelle des brouillons acharnés.
Cette
rage de l'expression vise une nouvelle étreinte avec le monde, un
bouche à bouche, un corps à corps avec le cosmos: cet effort
pour se rabaisser est en réalité un effort de vérité qui
permet de s'insérer dans la nature. Il s'agit donc d'être envahi
par le monde muet et de devenir par la poésie son ambassadeur.
Mais La Fontaine ne peut-il pas être considéré comme
l'ambassadeur d'un tel monde?
Évitons
le contresens sur Ponge: en réalité tout, pour cet auteur, se
ramène à l'humain mais à un autre humanisme que l'humanisme
nourri de métaphysique ou d'ontologie!
Vous
avez donc un sujet exceptionnel qui vous invite à être exceptionnelle, qui
vous invite à la réussite, à celle de Ponge comme à celle de
La Fontaine qui doivent leur chef d'oeuvre à ce qu'ils
n'ont jamais accepté d'être "défaits", battus par le
langage.
Pour
le plan. Vous pouvez choisir un plan en trois parties:
Dans une première partie, vous expliquez, vous dépliez avec soin
la citation en vous aidant bien entendu du contexte auquel je vous
ai renvoyée en vous en donnant l'origine. N'oubliez pas le titre
et la fin du texte.
Dans
une deuxième partie, avec courage vous montrez en quoi
effectivement un éclairage, pour le lecteur est projeté sur ce
qui pourrait lui paraître obscur et, pour cela, au Livre IX des
fables, vous lisez soigneusement le discours à Madame de la Sablière,
dans son intégralité. Vous le trouverez avec son commentaire sur
Philagora:
http://www.philagora.net/auteurs/la-fontaine.php
(lien ouverture nouvelle fenêtre)
Enfin,
dans une troisième partie, vous pouvez vous demander ce que La
Fontaine aurait pensé d'un tel sujet.
Bon
courage
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