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Aides à la dissertation sous forme d'esquisses 

Niveau classes prépas - Colles et Dissertations par J. Llapasset

  • Les passions mobilisatrices d'énergie

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Rappelons que nous vous proposons des pistes: vous avez à choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même, sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins de l'universel qu'elle vise. 

Si on considère qu'une passion c'est lorsqu'un désir s'impose par rapport à d'autres désirs, on comprend qu'il y a des passions et autant de passions que de désirs. Pour distinguer les désirs force est d'utiliser non pas le désir qui est toujours un manque éprouvé mais la diversité des objets. Par exemple, dans Le chercheur d'or, l'oncle mobilise toutes ses énergies pour accroître ses propriétés, le père d'Alexis pour mener des entreprises plus ou moins farfelues, Alexis le grand pour exercer sa liberté et ne jamais se laisser prendre au piège de ses créations réalisées ou de l'"avoir" , une fois qu'il l'a obtenu. 

Spontanément, vous êtes allé relire Le chercheur d'or, de Le Clézio et l'objet de votre recherche a été Alexis. 

Il me semble pourtant que vous restreignez un peu votre recherche: il doit être possible d'exploiter davantage l'oeuvre pour traiter le sujet qui vous est posé.

= En effet, dans ce livre, nous nous trouvons devant quatre figures de passions mobilisatrices d'énergie. Quatre personnages les vivent en effet, les supportent, en souffrent et, loin d'essayer de leur échapper, mobilisent toutes leurs énergies pour les réaliser.

L'oncle ou le piège de l'avoir, de l'accumulation des propriétés par lesquelles il encercle des membres de sa famille et s'encercle lui même au point de devenir prisonnier de sa passion. La passion des propriétés et de l'argent symbole du pouvoir anime en effet l'oncle Ferdinand. Il n'hésite pas, après avoir encerclé progressivement la maison de son frère, à profiter de la faillite du malheureux.
Comme un contraire éclaire l'autre, cette figure de l'oncle fait ressortir celles du père et de son fils Alexis. 

Le père ou la pauvreté du solitaire, celui qui n'a jamais su se regrouper et qui va en mourir, un peu comme Julien Sorel dans Le rouge et le noir. C'est une sorte de Don Quichotte qui n'utilise pas sa raison pour exercer sa passion des grandes entreprises. Or, si rien de grand ne se fait sans passion, si sans passion les énergies ne sont pas mobilisées, il n'en reste pas moins que rien de grand ne se fait sans la raison, le rationnel et le raisonnable. Est-il rationnel de commander une génératrice d'électricité et de l'installer dans un endroit entouré par des terres qui appartiennent à d'autres. N'est-ce pas préjuger de ses forces et s'engager dans une impasse, comme si l'entreprise elle même était accompagnée dès le début par le germe de l'échec? Comment ne pas voir que seul un Etat souverain peut exproprier ou imposer l'installation des poteaux, comme des fils conducteurs? Il faudrait donc que le père d'Alexis soit capable de tout louer ou de tout acheter pour transporter l'énergie électrique et réussir son entreprise. Ce n'est pas rationnel (pas de moyens ajustés à la fin); est-ce bien raisonnable?
Réduite à ses propre forces, sans le secours de la raison et de l'intelligence, la passion n'est rien: le malheur ne vient-il pas de ce que ce père de famille a prétendu décider de ce qui ne dépend pas de lui, de ne pas se plier à l'ordre du monde social qui l'entoure?

Alexis, comme Alexandre le Grand, met toutes ses énergies à exercer sa liberté comme expansion de son existence: sa sagesse est de décider de ce qui dépend de lui: il sait être intelligent, il sait attendre les occasions, il sait agir, pousser dans la même direction et enfin il sait préférer sa liberté à l'obtention de ce que le corsaire avait dans un premier moment amassé. De plus il sait vouloir le bonheur et y mettre du sien (voyez comment il supporte les cafards dans les cales du bateau). Alexis sait se battre et, par là, en se reconnaissant il se fait reconnaître.

N'oublions pas le corsaire qui a une histoire, l'histoire de la poursuite d'un objet, l'accumulation d'un trésor, dont nous découvrons le terme à la fin du livre. S'il jette à la mer ce qu'il a accumulé c'est qu'il a compris que ce qui lui a plu dans la recherche du trésor, c'est la recherche elle même et l'exaltation qui l'accompagne; ce n'était qu'un prétexte à des aventures qui seules comptent par ce que, par elles, s'effectue une réappropriation du temps, la jouissance du bonheur dans la succession des instants. Paradoxalement l'objet de la passion devient la passion elle même, la poursuite dans tous les sens du terme de la liberté: l'existence elle même qui conjugue sans cesse le désir de liberté et l'expansion de la liberté, l'expansion de soi, de l'être qui ne se laisse jamais engluer dans l'avoir, qui ne saurait être autre chose qu'une succession de projets.

Pour Sénèque
Il s'agit bien de libérer le temps, de le faire sien, de se le réapproprier pour exercer sa liberté dans le champ du maintenant, de ce qui est donné. La recherche du bonheur dans ce qui dépend de soi: la passion de soi, du soi qui ne peut échapper à soi et qui s'oriente vers soi pour retrouver en soi les autres.

Pour Tchékhov:
Une piste. Le père d'Alexis est peut-être celui qui se rapproche le plus des "personnages" de Tchékhov.
Dire qu'ils mobilisent toutes leurs énergies en fonction d'un passion c'est peut-être aller un peu loin.
C'est que leur passion est là aussi accompagnée de l'échec au point que Astrov lui même (l'écologiste ...) ne sait plus aimer et finit par considérer l'amour comme la simple satisfaction d'un besoin.
Qu'en est-il de Sonia?
Qu'en est-il de Helena?
Peut-être que Tchékhov nous laisse entrevoir que si l'essence de l'homme c'est le désir qui se manifeste sous forme de passion, l'être humain ne saurait être réduit à des males mais se déploie dans l'animation de figures féminines.

=> Autres références:
Abbé Prévost: Manon Lescaut
Dostoïevski, Le joueur.
Molière, L'avare
A.J. Cronin , Les clés du Royaume.

Bonne continuation

Cette esquisse fait souvent allusion à des pages que vous trouverez dans La recherche du bonheur

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