Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
Du
latin intendere = tendre vers (exécution effective du mouvement).
Intentionnel qualifie soit ce qui est visé (désir) soit
ce qui a été expressément voulu (volonté).
Dans
tous les cas, un acte de la conscience est impliqué dans son
rapport à une action objective envisagée à laquelle la
conscience donne un sens.
=
Résolution comme volonté de réaliser un projet.
= Ce que se propose celui qui agit:
-
A-
Un projet, un dessein, une intention-objet,
par exemple, en début d'année l'intention de bien faire son
travail. cette intention sera ou ne sera pas relayée par la
volonté au quotidien. Voilà pourquoi on parlera de bonnes
intentions dont l'enfer est pavé, parce que une vie de bonnes
intentions de vaut pas le plus petit geste effectif de
justice, d'équité, de bonté, effectivement accompli en un
instant d'une vie.
B-
Un but, une fin, un motif ou une raison, le pourquoi on
agit. L'intention-but. Par exemple, bien
faire son travail pour avoir son examen, pour paraître aux
yeux des autres, pour prendre une année sabbatique ... ou
encore dire la vérité à autrui pour qu'il se corrige...
Le
but ne saurait jamais justifier les moyens, d'ailleurs la
pureté de la fin ne saurait corriger le vice. L'intention-but, le
motif peut toujours être mis en avant, être un prétexte pour
accomplir une basse action: par exemple, c'est pour son bien que
je vole ce riche: il devenait trop riche, bienheureux les pauvres
(!) Ou encore: c'est pour son bien que je bats cet enfant ...
Quelques
problématiques:
=
La belle âme qui se délecte de bonnes intentions .
Le
devoir, prescription rationnelle émanée du théorique objectif,
est une obligation parce qu'il rencontre un obstacle, parce qu'il
y a une résistance (penser à la belle âme qui accomplit le bien
sans avoir à le vouloir: le devoir est vécu au contraire comme
effort).
"Regarder au fond des yeux": il s'agit
d'affronter le mal intérieur: le problème politique est un problème
de domination morale de l'individu: tout dépend de la domination
de la raison sur la sensibilité. Ici les adversaires de Kant sont
tous les utilitaristes, Hobbes, Machiavel.
Il
y a chez Kant un dualisme complet: un principe mauvais
dans l'homme et le devoir. Chez Kant, on
doit surveiller ce principe mauvais. Cela présuppose qu'il nous
apparaisse toujours et que le devoir soit toujours clair. Ce que
nous avons à faire, nous le savons toujours dit le début de La
critique de la raison pure. (Voir l'opposition de Hegel selon qui,
il y a une complexité de l'âme humaine et le roman de Marivaux: La
vie de Marianne. C'est le roman d'une existence: au début le
personnage est conscience de soi même, intention-but d'être
libre, reconnue comme quelqu'un: elle entre dans l'existence et se
manifeste comme une belle âme, ne fait jamais triompher son égoïsme.
Pourtant dans son existence elle est la réfutation de la belle âme
et se noie dans la satisfaction d'avoir été généreuse. (Hegel
remarque que même Jésus a pu être satisfait de ce qu'il avait
fait et qu'on ne peut pas fonder une morale sur l'intention).
Kant
maintient son point de vue: ce qui est important c'est de lutter
contre la malice: la volonté peut obéir à l'impératif catégorique;
mais le principe mauvais qui est en nous ne se laisse pas faire,
ment, il est traître, il raisonne, il présente ses arguments.
Les inclinations ont une activité interne, elles se savent
argumentées et les empiristes recueillent ces arguments comme
"faiblesse de la nature humaine."
=
La vérité de l'intention, est-ce l'acte (Hegel) ou est-ce
l'intention qui est la vérité de l'acte (Kant)? Si la moralité
tient à la pureté de l'intention reprise par la volonté,
n'est-il pas évident que la vérité d'une acte se trouve dans
l'intention? Que serait en effet un acte sans intention: rien
d'autre qu'un mécanisme?
=...
etc
Citations
comme autant de pistes de lectures.
"Distinguer
ainsi le sens objectif des paroles et l'intention subjective de
celui qui les dit, je me suis toujours efforcé de la faire."
Fessard, De l'actualité historique II, page 477.
"Une femme avant le mariage, a l'intention
de nourrir elle même ses enfants; quand elle en aura, une fois
mariée et devenue mère, elle en a ou n'en a pas la volonté."
Lafaye, page 1038.
"L'intention est une certaine conduite du futur."
Jankélévitch, Traité des vertus, page 81.
"La fonction éducatrice de l'art n'existe que dans la
mesure où l'intention éducatrice est absente" Th.
Maulnier, Arrière-pensées, page 142.
"On juge des actions sans en connaître le principe, qui
sont les motifs et les intentions ... C'est un abus ... puisqu'il
est évident que la même chose peut être faire par des motifs
tout différents." Bourdaloue, Sur le jugement téméraire
II.
"Il faut les meilleures actions possibles avec les
meilleures intentions possibles." Le Senne, Traité
de morale, page 565.
"La volonté est une détermination fixe
qui regarde quelque chose de prochain ... l'intention
est un mouvement ou un penchant de l'âme, qui envisage quelque
chose d'éloigné ... le dessein est une idée
adoptée et choisie qui paraît supposer quelque chose de médité
et de méthodique: il fait chercher les moyens d'exécution."
Condillac, Synonymes, III, page 562
Bonne route.
|