Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
= Distinguons:
L'image, forme sensible d'une chose.
L'idée, forme intellectuelle d'une chose.
L'idée vraie, bien ajustée à la chose.
Vous
pourriez peut-être articuler votre devoir à partir de la
thèse de Descartes et du dépassement opéré par Leibniz de
cette thèse.
I-
Descartes: par le doute, arriver à l'évidence.
S'il y a un signe de l'idée vraie c'est pour Descartes,
l'évidence intellectuelle. Pour peu qu'elle soit claire et
distincte l'idée est vraie.
Descartes sait bien que l'évidence sensible ne saurait tenir lieu
de critère pour reconnaître une idée vraie. En effet
l'erreur ne consiste qu'en ce qu'elle ne paraît pas comme erreur.
De plus l'évidence sensible concerne les images et non les
idées. Ce qui fait défaut c'est donc un critère mathématique
ou logique.
Pour
Descartes, il y a opposition entre l'idée claire et l'idée
obscure, et entre l'idée distincte et l'idée confuse. L'idée
distincte est celle qui est bien distinguée des autres dans la
mesure où on ne lui a rien attribué de ce qui appartient
aux autres .
Le problème qui se pose à Descartes est: comment distinguer ce
qui est évident des illusions qui s'accompagnent de l'évidence.
Notre auteur résout le problème par le doute. Il faut arriver à
l'évidence de ce qui accompagne ce qui a pu résister au doute.
L'esprit
humain reconnaît l'idée vraie grâce au doute méthodique. Reconnaître
l'idée vraie revient à l'esprit de celui qui sans cesse a lutté
contre lui même. Descartes est un conquérant, un chevalier.
Pour lui la connaissance est le résultat d'une ascèse au terme
de laquelle l'idée vraie est reconnue chaque fois que l'on
parle en comprenant ce que l'on dit, c'est à dire chaque fois
que nous en avons l'intuition vivante. C'est là que le critère
devient mathématique: parcourir rapidement par l'esprit une
chaîne de déductions entre des natures simples c'est obtenir une
intuition. L'intuition n'est que la saisie des natures simples au
point que, en mathématiques ce que nous croyions être déduction
n'est en fait qu'une intuition continuée: ainsi l'évidence
obtenue est ce qui permet de reconnaître l'idée vraie.
II-
Leibniz. Cet auteur cherchera le critère dans le
calcul.
Il ne distingue pas l'idée claire et l'idée distincte: pour lui
l'idée claire est déjà une idée distincte car elle me permet
de distinguer son objet parmi les autres. Le rouge parmi les
autres couleurs.
Leibniz
souligne l'insuffisance de l'idée claire car elle ne cerne pas
les éléments de ce dont elle est l'idée. Nous pouvons bien
reconnaître le rouge, en avoir l'idée claire, sans être capable
de définir ce que cela est.
Celui qui contemple une oeuvre belle la connaît et la distingue
des autres sans pour cela être capable de l'analyser, de la
décomposer en éléments et de trouver la règle de composition.
=>
Il faut comprendre que la confusion résulte d'une absence
d'analyse. pour reconnaître une idée vraie, il faudrait être
Dieu.
Imaginons que l'analyse soit poussée jusqu'au bout, alors on
saurait comment reconnaître l'idée vraie car, en
connaissant parfaitement les rapports entre toutes ses parties,
nous aurions plus qu'une idée claire et distincte, nous aurions
une idée adéquate. L'idée adéquate est l'idée vraie.
Il y a donc des degrés de connaissance: l'idée claire et
distincte pour peu que j'en commence l'analyse, l'idée adéquate
quand j'ai pu mener jusqu'à son terme l'analyse de telle manière
que j'en connais la définition parfaite et la règle de
composition. L'intuition porte donc ici non pas sur des natures
simples enchaînées, mais sur des rapports nécessaires .
Comment
l'esprit humain reconnaît-il une idée vraie? Quand l'idée est
déduite par un calcul bien réglé. On obtient l'idée adéquate,
quand on est capable, par le calcul de la résoudre en ses
éléments.
Bonne
continuation
Joseph
Llapasset
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