Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
=
Ne cédez pas à la tentation de
"ressortir" telles quelles les analyses de Sartre. Il
vaut mieux procéder à une analyse, la plus précise possible.
Le point de départ peut être l'étymologie du terme: il a la même
racine que "honnir" qui signifie vouer quelqu'un à la
honte publique, à une désapprobation générale.
A la fin du XI è siècle, le terme honte apparaît avec le sens
de déshonneur.
La difficulté tient à ce que le point de vue objectif (j'ai
honte devant le regard des autres), risquerait de masquer dans
votre analyse le point de vue subjectif. Or ce dernier point de
vue, nous allons le voir est essentiel. La honte structure
sociale mais aussi conscience figée.
La
honte est une expérience dans laquelle la conscience morale d'un sujet
se manifeste comme mauvaise conscience au sens de
conscience de ne pas avoir accompli son devoir, avec un sentiment de malaise
qui peut aller jusqu'à la douleur, ce qui témoigne
dans le meilleur des cas de délicatesse et dans le pire de scrupules;
dans tous les cas cela témoigne d'une orientation vers le bien qui
n'a pas été suivie d'effet, une contradiction entre
un acte qui retentit sur ma vie (nos actes nous suivent), un acte libre,
venu de moi, dont je sais bien que je suis totalement responsable, et
d'autre part, le devoir que j'avais la possibilité d'accomplir.
Honte et timidité témoignent d'une dignité humaine première, qui
vient d'être perdue.
En
effet, si être c'est se faire, si l'existence précède
l'essence, me voilà devenu autre que ce que je veux être.
Et cela par une faute humiliante, une faille. Cette faille apparue dans
le mouvement de construction de soi par soi est d'autant plus
douloureuse qu'elle apparaît aussi à autrui, qu'elle s'étale pour
ainsi dire devant lui, me transformant en objet, puisque j'ai cédé au
déterminisme des appétits et, en moyen qui a perdu une bonne
part de sa dignité.
La
honte creuse donc le désir de se cacher, de disparaître et parfois même
de se tuer soi-même (sui-cide): on croit se débarrasser de la honte et
en réalité on se fixe pour l'éternité dans une réaction
passionnelle.
La solitude ne fait d'ailleurs qu'accroître la honte car dans la
solitude je retrouve autrui qui jamais ne me quitte*
et j'ai perdu la possibilité de m'échapper dans le
divertissement. Bien plus la solitude voit très vite le sentiment de
honte se transformer en sentiment de la faute puis en remords parce que
le juge n'est plus autrui qui peut se tromper, être injuste ou
bienveillant mais moi même qui sonde mon coeur. Surtout si, avec Sartre
ou Alain on ne croit pas à l'inconscient.
*"La
solitude n'est qu'une modalité particulière du rapport à autrui"
,Claude Ducot, Présence et absence de l'être, page 105.
Vous
pouvez analyser les expressions bien significatives et suggestives:
- Rougir de honte ...
- Mourir de honte ...
- Le respect humain
- Faire honte ...
Notez que dans tous les
cas, il y a blessure du moi, dans son amour propre ou dans son orgueil.
Vous pouvez analyser l'enchaînement: honte => sentiment de la faute
=> remords => repentir comme salut!
Pistes de lecture, mais après avoir fait votre
travail, après avoir pensé et réfléchi, après avoir procédé à
une analyse: Sartre, L'Être et le Néant
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