Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
= Le
dialogue (a pour opposé le monologue)
Effectivement disserter sur l'utilité du dialogue c'est donner
une définition opératoire, la plus mauvaise des définitions:
la bonne définition met en évidence ce que la chose est, ses
caractéristiques essentielles (ce sans quoi la chose n'est
plus). Cela vous donne un excellent point de départ pour votre
introduction.
Par exemple: il
serait bien tentant de parler du dialogue comme recherche de la
vérité, mais ce serait donner une définition opératoire, la
plus mauvaise des définitions ... et vous vous indignez qu'on
ait pu même penser un seul instant à parler du but ou plutôt
de la fin du dialogue. Soulignez l'importance, l'enjeu de votre
sujet: en effet, les trois oeuvres du programme comme être
considérées comme des dialogues!
D'ailleurs le
point de départ d'une recherche philosophique est bien souvent
un dialogue avec soi même, un étonnement produit par un calcul
déçu. Quel est le problème? D'une part, si j'ai la vérité,
un monologue suffit, ou un soliloque. Ce n'est que si j'éprouve
une pauvreté, si je n'ai rien à échanger, si je ne peux que
donner que l'échange que je me tourne vers le dialogue, vers un
interlocuteur qui, parce qu'il existe indépendamment de ma pensée
peut chercher avec moi. Mystère plus que problème: comment des
idées peuvent-elles se former dans une sorte de genèse réciproque.
Le dialogue concerne bien l'homme qui est un noeud de relation
selon Saint Exupéry:
"Les relations comptent seules pour l'homme."
Le dialogue:
- Pas de dialogue sans échange de paroles entre deux
interlocuteurs.
- Pas de dialogue sans paroles, utilisation personnelle d'une même
langue, liberté, pouvoir natal, créatif.
- Pas de dialogue sans l'existence de mon interlocuteur comme réalité
qui existe indépendamment de ma pensée.
- Pas de dialogue sans la réciprocité dans l'égalité
consentie.
- Pas de dialogue sans ignorance reconnue: pas de dialogue entre
des fanatiques.
- Pas de dialogue sans l'acceptation d'un enrichissement
possible par l'interlocuteur
- etc...
"Ceux
qui ne sont pas des êtres de dialogue sont des fanatiques."
J. Lacroix, Le sens du dialogue, page 130
"Je ne m'adresse à la deuxième personne qu'à ce qui
est regardé par moi comme susceptible de me répondre de
quelque façon que ce soit." G. Marcel, Journal métaphysique
page 138
Mon maître A. Forest, aimait répéter: " C'est dans
le dialogue que les idées se forment plus encore qu'elles ne se
communiquent"
= Suffit-il
de communiquer pour instaurer un véritable dialogue ?
= Communiquer
est-ce nécessairement dialoguer ? |