Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
Ce
sera plus clair, pour découvrir le mouvement du devoir de
prendre pour exemple une dualité dont vous connaissez le sens
des termes:
Imaginez que vous ayez: le rationnel et le raisonnable.
L'origine de ces mots est la même, la raison. Vous avez à déterminer
leur rapport. Mais pour cela il est bon de cerner leur essence,
leur idée si vous préférez et leur fonction propre.
La
critique c'est l'acte de juger comme décisif. La
crise c'est le lieu ou le moment où s'effectue
la décision du choix: c'est difficile, ça ne pouvait plus
continuer comme avant.
la critique |
C'est un acte de l'esprit
qui sépare ce qui mérite d'être affirmé et met en
doute la prétention de ce qui se déploie au delà de
son domaine d'application et donc ne mérite pas d'être
affirmé.
=> Critique de la Raison pure de Kant.
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la crise |
C'est une manifestation aiguë
d'un désordre.
D'abord la phase d'une maladie où tout se décide... La
survie ou la mort.
Ensuite, le terme désigne un conflit, une rupture d'équilibre,
vers un changement décisif.
Ce peut être la contestation ou la défense des valeurs
que certains jugent périmées et d'autre défendent
comme nécessaire à l'accomplissement de l'homme. Pour
Nietzsche ce sera la crise des valeurs au XIX ème siècle
et la nécessité d'une transmutation des valeurs.
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Quelques
pistes pour le mouvement du devoir
1-
Pour les rapprocher.
Même origine: krinein = juger comme décisif.
Dans les deux cas, il s'agit de ce qui se décide, d'un choix.
Dans les deux cas, la fonction est la même: ce qui annonce et
ce qui prépare un progrès.
2-
Pour les distinguer.
La critique est de l'ordre de l'acte d'un esprit qui doute avant
d'affirmer, la crise concerne plutôt la passion: en effet la
critique s'exerce librement en fonction de l'ordre des raisons.
Par exemple, on juge la raison pure, on détermine son domaine
d'application et le domaine où ses efforts ne peuvent être que
vains.
-
La crise est au contraire un affrontement dans
la mêlée, une opposition qui porte un devenir. Elle est en
partie subie comme si l'homme était entraîné dans un flux, à
la manière de l'adolescent avec sa crise d'originalité.
- La critique est
donc de l'ordre de la liberté de l'esprit. Son domaine est théorique:
elle est contemplation: l'esprit doute, affirme ce qui est fondé
grâce à une inspection de l'essence et donc des possibilités
d'une chose. Elle ne dissout que l'opinion; l'opinion qui se
prend pour de la science.
- La crise est de
l'ordre du pratique, de ce qui se vit.
3
- Leur rapport:
Ne
peut-on pas dire que la critique et la crise sont
indissociables? Elles peuvent s'appuyer mutuellement. Cette
collaboration est facteur de progrès. Une crise qui ne serait
pas précédée et accompagnée de la critique serait-elle
pleinement une crise? Une critique qui ne s'exercerait pas au
contact d'une crise serait-elle pleinement une critique.
Ne peut-on pas dire qu'une dialectique est nécessaire?
Après tout, toute idée est action et comment ne pas agir dans
une crise. Dans sa conférence, La crise de la conscience
européenne, Husserl en déterminant ce qui se passe, la réalité
contemporaine, n'agit-il pas par l'idée développée dans sa
conférence.
Bonne
continuation |