Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
=
En apparence,
quand il s'agit de chiffres ou d'objets, il n'y a pas de problème:
on corrige, puis on redresse. Par exemple, une erreur bancaire
peut être corrigée et le redressement effectué en envoyant au
client ce qui lui est dû, en effectuant une compensation: on
vous a enlevé, à tort, cette somme, nous corrigeons nos écritures
et nous compensons en vous virant, ce jour, cette somme. Pas de
problème parce qu'il s'agit d'une erreur et non d'une faute.
Mais un être humain n'est pas une chose comme les autres: c'est
un être raisonnable sensiblement affecté, il a des besoins, il
a des désirs, il peut se tromper, il peut commettre des fautes
ou des actions illicites, parce qu'il a cette dignité que confère
la loi morale. Alors se pose le problème non seulement du
passage de la correction au redressement, mais encore de
l'ajustement de la correction et de la possibilité d'un
redressement (= compensation) si la victime a disparu (comment
donner une compensation à une victime qui est décédée?).
De plus, l'homme est un être historique, temporel, qui peut
changer, qui de part sa liberté peut se choisir, en choisissant
de suivre le meilleur de lui même, grâce à sa conscience réfléchie
et à sa conscience morale. Il est impossible de le fixer définitivement
dans un jugement déterminant. S'il est possible de rectifier
une erreur dans une écriture et de la compenser, comment
sera-t-il possible de le faire lorsqu'il s'agit d'une personne,
toujours de se redresser, de se relever?
Le risque dans ce sujet est dans le choix du thème de référence.
Mais, pour un prépas qui a La justice comme thème, le
choix s'impose.
Le
thème: la justice.
La problématique: comment infliger une punition, provoquer une
souffrance qui amènerait le condamné à se relever et, par lui même,
à ne plus commettre de délits?
Vous devez conduire l'auditoire au problème et formuler
clairement le problème: si je fais subir une passion, comment, de
cette souffrance,puis-je attendre que le condamné agisse?
Correction: désigne
l'action ou le résultat de l'action de "corriger".
Corriger a un complément d'objet direct, ce qui supporte
l'action: c'est d'abord ramener à la règle ceux qui s'en écartent,
rendre meilleur en supprimant les fautes, puis le caractère catégorique
de l'action de corriger s'impose; il s'agit de faire disparaître
par la force, de biffer, de ramener à la mesure
par une action qui provoque une souffrance (une bonne
correction...) chez celui sur lequel elle porte: battre, s'il le
faut.
Remarquons
au passage que le souvenir de la correction disparaît et que
chacun peut se dire, pour la prochaine fois: j'y échapperai,"
pas vu, pas pris."
-
En
fait on a traité le condamné comme un objet capable de sentir, comme
un moyen.
La correction consiste à éradiquer par un châtiment, à rendre
"exact" un objet.
Redressement.
Dans la mesure où c'est l'action de se mettre debout, on comprend
que c'est l'être raisonnable qui peut se redresser: on pensera
alors à la réorientation d'une force et aux diverses techniques
(éducation ...) qui permettront à quelqu'un de se relever, de se
rétablir dans sa dignité et son autonomie.
Dans le redressement, on ne perd jamais de vue la dignité de la
personne et le respect qu'elle mérite.
A l'horizon du redressement il y a toujours la libération et
l'espérance que l'autonomie sera retrouvée et qu'il n'y aura pas
de récidive. Le sujet est alors l'horizon proposé
au condamné.
Correction
et Redressement.
- Dans les deux cas, il s'agit de rétablir un état qui
a été perdu.
- Mais ce qui diffère radicalement c'est la fin, ce sont les
moyens et la manière dont l'objet est considéré:
-
dans
la correction il s'agit de dresser le condamné, comme un
animal et de monter des mécanismes, des réflexes par la
souffrance et par la peur.
-
dans
la redressement on considère le condamné comme un être
raisonnable sensiblement affecté qui doit apprendre à obéir
à la raison, qui doit devenir un sujet.
On
peut toujours dire que
puisque l'homme est un être raisonnable sensiblement affecté, la
punition la mieux ajustée sera une correction et un redressement.
Encore faut-il concevoir comment passer de l'un
à l'autre.
Remarquons le risque que prennent les représentants du peuple, le
risque de la récidive et de nouvelles victimes( dans le peuple)
pour lesquelles, on ne peut plus rien faire.
Mesurons
l'enjeu:
c'est la conception de la justice: l'application d'un jugement au
nom duquel s'exercera la correction ou le redressement, deux
sortes de punitions bien différentes.
Cela nous amène à nous demander:
- Quel regard portons-nous sur nous même et sur les autres?
Vers la justice : http://www.philagora.net/ph-prepa/la-justice/index.php
Bonne continuation |