° Rubrique philo-prepas > Dissertations prépas

Aides à la dissertation sous forme d'esquisses 

Niveau classes prépas - Colles et Dissertations par J. Llapasset

  • Rendez à César ce qui est à César.

Site Philagora, tous droits réservés

______________________________________________________

Rappelons que nous vous proposons des pistes: vous avez à choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même, sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins de l'universel qu'elle vise.  

Rendez à César ce qui est à César.

Sujet difficile car il est difficile de séparer cet extrait de sa suite immédiate: rendez à Dieu ce qui est à Dieu.

On vous dira que vous avez à vous centrer sur le sujet donné et rien que sur lui.
Certes, mais vous allez découvrir que le pouvoir temporel de César n'est pas indépendant, loin de là du pouvoir spirituel.

Que s'est-il passé?
- On raconte que des juifs auraient voulu faire tomber Jésus dans un piège en lui demandant s'il fallait payer l'impôt à  César , le détenteur de la puissance matérielle: si Jésus répondait, de ne pas payer l'impôt on le dénoncerait aux occupants  romains, si Jésus répondait de payer l'impôt on le dénoncerait aux religieux pour qui toute puissance vient de Dieu. En  demandant à voir une pièce et en montrant l'effigie de César qu'elle porte, Jésus peut répondre logiquement : rendait à César  ce qui est à César. Mais au grand désappointement de ceux qui veulent le faire tomber dans un piège il ajoute: rendez à Dieu  ce qui est à Dieu. Ainsi, il délimite deux domaines, le domaine de l'État et le domaine de la foi, de la vie privée.

Vous commencez peut être à voir le problème: ces deux domaines sont-ils vraiment distincts?

Déterminons les deux sortes de pouvoirs auxquels c'est un devoir d'obéir:

- le pouvoir spirituel désigne celui d'un personnage qui prétend l'exercer parce qu'il lui vient de Dieu: il commande donc au  nom de Dieu.

- Le pouvoir temporel désigne la possibilité pour quelqu'un d'utiliser la force matérielle dans le but de contraindre.

L'histoire abonde d'exemples de luttes sans merci entre ces deux pouvoirs. Rousseau par exemple met en garde contre les  ingérences d'un souverain, il s'agit du Pape.
Mais ces deux pouvoirs ne sont pas affermis définitivement par une force matérielle ou une force spirituelle: en fait c'est  une lutte pour le pouvoir et le pouvoir ne se partage pas.

Or pour que la formule soit applicable, ne faudrait-il pas que les deux domaines ne se rencontrent pas, puissent être, pour  ainsi dire, simplement juxtaposés.

D'où votre problème: l'échec de la formule tient-il à la mauvaise volonté des hommes ou à l'impossibilité de l'appliquer car 
elle se heurte à une "mêlée" et elle ne peut pas prendre ce qui, comme chien et chat se fuient tout en étant toujours 
mélangés.

=> Il est en effet toujours possible que l'homme de foi dise que Dieu étant le créateur de tout, tout lui appartient, même  l'autorité de César, que toute autorité venant de Dieu, il serait souhaitable que l'église commande l'Etat.

=> La formule qui semble en théorie imparable ne dit pas comment distinguer le pouvoir temporel du pouvoir spirituel: cela  reviendrait à distinguer l'âme et le corps: ne sont-ils pas tellement imbriqués: comment un pouvoir temporel ne  s'enracinerait-il dans un pouvoir spirituel, ou ne se présenterait-il pas comme appuyé par le pouvoir spirituel? Comment un  pouvoir spirituel ne se présenterait-il pas comme ayant pour domaine le pouvoir temporel, pour la réalisation de la volonté  de Dieu.

Bonne continuation