Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
La
quête.
C'est l'acte d'aller à la recherche de quelque chose, ici, du
bonheur comme idéal de l'imagination. Si c'est un idéal de
l'imagination, on risque bien de le trouver au ciel des idées ...
Donner.
Apporter à quelque chose, ce que ce quelque chose n'a pas:
ajouter
Un
sens.
Une signification, une orientation. Un acte a comme sens son
orientation vers une fin et cette orientation lui donne sa
signification.
- Vous
pourriez peut-être distinguer donner un sens et donner du sens.
- Remarquons
que si l'existence a un sens (une orientation) c'est le projet,
l'avenir qu'ouvre le désir, le manque éprouvé, puis que ferme
la mort. La fin poursuivie et la fin de tout.
- Ce
qui donnerait à l'existence un sens autre que celui qu'elle a, ce
ne pourrait être qu'une chose autre que l'existence, ce qui la
fonderait et lui enlèverait son caractère absurde, son absence
de sens. Cela a-t-il un sens de poursuivre un idéal de
l'imagination, et si non, comment ce qui n'a pas de sens
pourrait-il donner un sens à l'existence. Or un désir ne fonde
rien sinon une recherche.
=>
Ce ne peut être que l'absolu, ce qui a sa raison d'être en soi
qui pourrait donner un sens à l'existence et du même coup une
signification. Certes, la recherche du bonheur oriente l'existence
vers l'avenir mais en cela elle ne fait que suivre le mouvement de
l'existence qui est déjà désir, ouverture à autrui et à
l'avenir, projet.
Si la quête du bonheur ne donne pas un sens à
l'existence, peut être lui donne-t-elle du sens: la
poursuite d'un idéal est ce qui densifie l'existence.
Aller
à la recherche de quelque chose en dépit de toute rationalité n'est-ce
pas rechercher la recherche, ou alors chercher à mériter le
bonheur?
Noter que pour donner un sens à l'existence il faut que
l'existence soit puissance de prendre un sens. Le désir
n'affirme-t-il pas l'infini comme ce qui peut pleinement le
satisfaire. Sans cet infini, il ne peut y avoir qu'absence de
repos.
La
quête du bonheur en orientant l'existence, ne donnerait pas un
sens à l'existence mais révèlerait l'existence comme existence
du sens dans un être raisonnable sensiblement affecté.
Reste que, si le bonheur est dans la recherche du bonheur et si la
recherche du bonheur souffre de l'absence du bonheur, on ne
pourrait jamais dire que: j'ai été heureux ... La Quête du
bonheur donnerait à l'existence une soif inextinguible, ou plutôt
révèlerait la soif inextinguible de l'existence. L'existence
aurait déjà un sens.
Trois
auteurs, trois pistes (il y en a d'autres)
- Sénèque: La pleine vertu, c'est à dire la pleine vie heureuse
ne pourra s'exercer que lorsqu'on sera au-dessus de la mêlée,
sortis de la mêlée, après la vie. La vie heureuse après la
vie, c'est paradoxal.
-
Tchékhov, Oncle Vania, dernières paroles de Sonia (= Sophie, la
sagesse). C'est le "Nous nous reposerons" qui donne un
sens à l'existence: d'une certaine manière chaque personnage a
raté son coup, même Sérébriakhov rate sa sortie...
-
Le Clézio, Le chercheur d'or; le bonheur est un malentendu car on
confond l'être, l'expansion de l'existence comme liberté, avec
l'avoir qui englue. La quête du bonheur débouche sur une grande
morale, la grande leçon morale du Corsaire: ne pas se laisser piéger
par l'avoir et jeter le trésor à la mer, c'est à dire l'idée
que l'on puisse atteindre le bonheur comme un objet.
A ce prix la quête ne donne-t-elle pas à l'existence un sens? Ne
jamais se reposer?
Pour
le contenu:
=> La
recherche du bonheur
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