Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
Commencer
par lire, pour votre problématique: Le
bonheur compromis (lien ouverture nouvelle fenêtre)
Que
du bonheur !
Rien que du bonheur !
Rien d'autre que du bonheur !
Du bonheur sans mélange !
Jouons
avec les ekstases du temps:
- Dans mon enfance, il n'y a eu que du bonheur
(=> Le Clézio, Le chercheur d'or: enfoncement du
Boucan)
- Présentement, il n'y a que du bonheur pour un être pleinement
libéré: vertu = bonheur. Pas pour un être en marche sur cette
terre qui ne fait que respirer un air de liberté dans le bruit et
la fureur contemporaine (=> Sénèque, La vie heureuse, page 51
à 53)
- Il n'y aura que du bonheur dans le repos: ce bonheur ne sera pas
un compromis mou mais résultera d'une médiation, celle de Dieu
(Tchékhov, Oncle Vania, dernière page)
Évidemment l'imagination est reine dans l'évocation du passé et
dans l'espoir. Dans le présent c'est plus difficile car le présent
est le moment de la décision, du choix qui sacrifie les autres
possibilités: c'est le moment de l'action et des résistances
auxquelles l'action se heurte.
Pourquoi
la recherche du bonheur?
- Un homme raisonnable et rien que raisonnable
(sans désir) ne voudrait pas être heureux.
- Un être sensible et rien que sensible suivrait son instinct et
les circonstances: il ne voudrait pas être heureux.
- Un être raisonnable sensiblement affecté recherche le bonheur
comme satisfaction pleine et durable des deux natures auxquelles
il appartient: que du bonheur.
Mais comment concilier la satisfaction de la raison et de la
nature si la dualité des deux mondes est contradictoire? Si le
devoir exige d'être fait uniquement par devoir, ce ne peut être
que au prix du sacrifice des appétits. Si tous les appétits
sont satisfaits, ce sera au prix de la conduite morale qui
implique essentiellement la considération d'autrui.
On demandera pourquoi les deux ne peuvent pas être conciliés.
(Lire ce qu'en pense Sénèque dans La vie heureuse, page
48, Édition Arléa) C'est que l'honnête ne saurait souffrir
autre choses que lui sans perdre sa caractéristique essentielle.
Le souvenir du devoir fait par devoir peut bien procurer une
satisfaction de la raison, mais il ne peut pas ne pas
s'accompagner de regrets de ce qu'il a fallu sacrifier.
Le souvenir de la folie et du déchaînement des passions ne peut
pas ne pas s'accompagner de remords de ne pas avoir suivi le
devoir.
Dans ces conditions le bonheur et que du bonheur semble un idéal
de l'imagination, un leurre (Le Clézio, Le chercheur d'or).
Peut-on
calculer, réaliser le bonheur en fonction de son
concept s'il a cette dimension qui le fait dépendre d'une
rencontre favorable, par hasard ou
par chance?
Comment
rien que du bonheur s'il ne dépend pas de nous, de la volonté de
celui qui ne veut que du bonheur? D'ailleurs s'il
s'agit de la chance, celui qui n'aurait que du bonheur pourrait très
bien sombrer dans le malheur puisqu'il faut savoir saisir sa
chance et puisque le hasard ne favorise que les esprits préparés.
Enfin,
on ne peut contester que l'homme veut être heureux mais
il faut bien admettre qu'il ne sait pas comment l'être. Pourquoi
?
Parce que le concept du bonheur est indéterminé. Dès lors,
comment ajuster les moyens à une fin dont le concept est indéterminé?
Comme la fortune, on marchera en aveugle. Or, si le concept de
bonheur est indéterminé c'est parce qu'il comporte deux
aspirations incompatibles, une dualité irréductible entre la
raison et la nature.
Devant cette quasi absence de concept du bonheur, on se tournera
peut-être vers l'expérience et les divers moyens qu'elle
propose. C'est courir à l'échec car les moyens ne peuvent être
ajustés à la fin tout simplement parce qu'ils sont divers (un régime
sévère, suivre le plaisir, être vertueux, amasser ...) et que
cette diversité fait éclater leur inadéquation au concept
qu'ils prétendent réaliser par des moyens si différents.
Ajoutons que l'expérience montre suffisamment que, loin
d'atteindre le bonheur, l'effet des ces moyens est insuffisant ou
même contraire à la fin recherchée. Un régime trop sévère
peut nuire à la santé ..., Le gagnant au Loto ...
=>
Lectures: Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, IIè
section.
On
pourra partir de la présomption de Calliclès. Rien que du
bonheur, rien que du plaisir. (Platon, Gorgias, 491-492): "Si
la facilité de la vie, le dérèglement, la liberté de faire ce
qu'on veut demeure dans l'impunité, ils font la vertu et le
bonheur."
Que
du bonheur dans la contemplation esthétique.
Satisfaction complète de l'être raisonnable sensiblement affecté:
jeu de l'entendement et de la sensibilité qui se renvoient pour
ainsi dire la balle: c'est beau.
Jeu de la raison et de la sensibilité: c'est
sublime. Chacun en appelle à la liberté des autres
hommes capables de la même liberté que celle dont il jouit.
"Il faut donc
chercher l'origine du jugement c'est
beau dans
l'amateur..."
Voir la page L'art
et le beau (lien ouverture nouvelle fenêtre)
Pour
le contenu:
=> La
recherche du bonheur
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