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Aides à la dissertation sous forme d'esquisses 

Niveau classes prépas - Colles et Dissertations par J. Llapasset

  • Le besoin de certitude est-il, pour le recherche de la vérité, une condition ou un obstacle?

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Rappelons que nous vous proposons des pistes: vous avez à choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même, sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins de l'universel qu'elle vise.  

Pour la problématique:
Pour construire une problématique, un cheminement vers le problème, vers la question de la question posée, vous devez interroger le sujet
à travers les termes qu'il emploie et un éventuel choc entre les termes. Ici entre certitude et la vérité.

J'insiste, le point de départ se trouve dans les termes du sujet: ce n'est pas tant une définition (condition = ce sans quoi la recherche n'apparaîtrait pas et obstacle = ce qui empêche d'avancer), mais le choix de tel ou tel terme qui peut vous orienter: ce terme apparaît au foyer de la conscience dans la mesure où votre esprit prévoyait un autre terme: l'étonnement jaillit d'un calcul déçu et la problématisation n'est pas loin.

Pour la recherche de la vérité on attend le terme désir car la vérité est une Idée, un horizon ou encore un principe régulateur, mais elle ne concerne pas un besoin. Le désir a pour caractéristique, au contraire du besoin de ne jamais se contenter d'un donné et donc d'être énergie pour une recherche infinie: c'est la vertu de marche. "La science est par essence hypothèse et vérification à l'infini." affirme Husserl.
Si le terme besoin étonne c'est que le besoin se contente du milieu donné et,une fois satisfait, recherche un autre donné. C'est l'opinion qui a besoin de certitude et qui se contente de croire au sensible à ce qu'elle voit, à ce qu'elle entend. L'opinion ne pense pas et ne doute pas. Pour l'opinion loin d'être moteur de recherche, le désir est confondu avec la connaissance. Autant dire qu'elle ne distingue pas le besoin et le désir: le besoin de certitude est crédulité. Voilà pourquoi la certitude est signe de pensée morte, confusion entre la vérité et une chose comme si la vérité pouvait être donnée alors qu'elle ne peut être que cherchée.

 Vous pouvez maintenant distinguer:

I Un premier mouvement immédiat qui fait du besoin de certitude une condition pour la recherche de la vérité: en effet il pousse à rechercher la certitude comme état de l'esprit qui donne son assentiment sans aucune crainte d'erreur, "pleine croyance qui exclut entièrement le doute" selon la formule attribuée à H. Delacroix. Dans tous les cas vous devez donner toutes ses chances à l'opinion et chercher en quoi elle a part à la vérité. L'erreur est une vérité partielle.

II Un mouvement réfléchi, animé par le doute, qui fait de la certitude un obstacle, car celui qui croit savoir ne sait pas qu'il croit et ne cherche plus la vérité puisqu'il est certain de la posséder. Si la certitude est un obstacle, le besoin de certitude est le besoin d'un obstacle. Si vous voulez dialoguer avec quelqu'un, dont la croyance exclut le doute, vous n'obtiendrez jamais qu'un monologue et, s'il se tait un autre monologue (cf. Calliclès dans Gorgias).
Pour chercher la vérité, il ne faut pas croire la posséder. 
Toute raison de croire n'est-elle pas une raison de douter?

 

I + II  = vous voilà dans l'embarras devant un problème. La condition devient obstacle dès qu'on atteint la certitude.

III Pour la troisième partie, à vous de jouer ... Quelle solution vous tirerait d'affaire? Une possibilité parmi bien d'autres ...
Le besoin de certitude n'existe que pour l'opinion de ceux qui refusent de penser, qui transforment paresseusement leurs besoins en connaissance, qui renient l'humanité, qui cherchent à "brouter" la vérité. Pour une existence humaine qui pense le besoin de certitude n'existe pas: la certitude est en effet toujours déjà donnée dans le Soi, ce qui s'éprouve soi même, la présence à soi, l'auto affection de l'acte de transcendance (Michel Henry), le Je suis, j'existe de Descartes: l'existence est la première et.... peut-être la dernière des vérités.
Ce qui existe est désir qui ouvre à l'altérité, aux échanges, et à l'avenir. Non le besoin de certitude qui serait la mort, mais le désir de vérité, c'est à dire la soif de l'Infini de la Perfection, de l'Illimité. Désir fou qui n'est pas le désir d'un fou ! Fol orgueil que l'humilité qui est vérité sauve toujours.

I => II => III Vous voyez que le plan découle de la problématique comme ce qui doit être ajusté au problème. Vous aussi, vous pouvez dire: "Je crois que 1 et 2 sont 3".

Vous pouvez lire la page: La certitude est-elle un signe de pensée morte (lien en ouverture nouvelle fenêtre)

Bonne continuation