Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
J'attire
votre attention sur:
se laisse-t-elle qui suggère (sur le mode dubitatif:
c'est non ...) le don, l'abandon,
l'acceptation, l'absence de difficulté ... Ce sera peut-être oui
dans la troisième partie....
Lorsque
j'éprouve une satisfaction désintéressée devant une oeuvre
d'art, lorsque j'éprouve ma liberté parce que
j'exerce cette liberté comme être raisonnable sensiblement
affecté dont l'entendement et la sensibilité peuvent jouer
librement en se renvoyant pour ainsi dire la balle, puis-je faire
autre chose que d'affirmer "c'est beau" d'en
appeler à la même liberté de tous les êtres humains capables
de jeter un regard désintéressé et d'être ravis devant une
oeuvre d'art? Que puis-je dire d'autre, que puis-je décrire
puisque la beauté vient d'une satisfaction subjective: je peux
certes affirmer que l'oeuvre me permet d'exercer librement mes
facultés, de réconcilier pour ainsi dire le sensible et
l'intelligible, mais cette satisfaction étant la source de mon
jugement , "c'est beau" je ne saurait décrire
la beauté de l'oeuvre d'art elle même.
=
Pour la problématique: chercher deux
termes dans le libellé du sujet, deux termes tels qu'ils se
choquent:
Choisissons:
beauté et décrire.
1-
Qu'est-ce que décrire?
Pas de description sans un objet qui nourrit et qui règle le
discours descriptif.
Décrire c'est en effet évoquer une réalité concrète, énumérer
les caractères essentiels d'une chose, produire un discours ajusté
à un objet, pour ainsi dire un discours qui, parce qu'il mesure
l'objet sera savoir déterminé par l'essence de l'objet: toute
description est une suite de jugements de connaissance qui déterminent
une intuition sensible par un concept. L'horizon c'est
l'objectivité.
2-
La beauté ?
Pas de beauté sans une satisfaction subjective, désintéressée
, sans concept ("Le beau est ce qui plaît
universellement sans concept." Kant, Critique de la
faculté de juger.)
La beauté c'est le caractère de ce qui est beau, de ce qui
suscite une satisfaction désintéressée. L'horizon c'est
la subjectivité.
Remarquez que le sujet dit: la beauté. (s'il
parlait d'une beauté, la description serait
possible, la discussion aussi: par exemple, une beauté, une belle
femme, ici et maintenant, existante.)
3-
Vous voyez que la problématique jaillit du choc entre le 1 dans
lequel vous trouvez l'objet, le concept, le jugement de
connaissance qui doit son universalité incontestable au concept,
et le 2 .
Mais devant la beauté d'une oeuvre, je ne suis en mesure de la décrire
que si précisément je tourne le dos à la beauté et j'accumule
des jugements de connaissance.
Pourtant incontestablement, quand je dis "c'est
beau" je désigne un objet, je le qualifie, mais,
l'universalité de mon affirmation, je ne peux l'établir par un
concept: ce n'est pas un savoir, résultat d'une
description, mais une croyance: il ne faut pas
prendre ici croyance comme un acte de foi envers une personne plus
ou moins représentative du bon goût de l'époque. Il s'agit
d'une croyance fondée en raison. Mais la raison n'a pas son
origine dans l'objet mais dans le sujet.
=
Vous voilà orienté vers l'universalité du jugement de goût qui
ne découle pas d'un concept mais qui pourtant est fondée
en raison sur une expérience éclairée peut-être par le
principe d'identité et donc par la raison: un sens
commun.
Problème: la beauté de l'oeuvre d'art ne peut se laisser décrire
et pourtant elle appelle à une description.
Bonne
continuation
Voir
L'oeuvre
d'art a-t-elle quelque chose à nous dire ?
=
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