Rappelons que nous vous proposons des pistes: vous avez à choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même, sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins de l'universel qu'elle vise.

Cherchez les résonances et les dissonances entre la citation et les trois oeuvres du programme.

Le Clézio, Le chercheur d'or. 
Remarquons qu'en un sens il y a des résonances entre la citation et l'oeuvre au point que cela semble la clé de la recherche du bonheur, clé qu'Alexis ne découvre qu'après un long voyage initiatique: cela l'amène à brûler les cartes du corsaire.

Ouma, l'être de fuite, lui enseigne qu'une existence ne s'emprisonne pas: qu'on ne puisse emprisonner sa propre existence, Alexis le sait( "plein d'un désir que je ne comprends pas...); mais qu'on ne puisse emprisonner l'existence de ce qui l'entoure, ni celle de la femme à laquelle il pense, sans transformer l'être en avoir et détruire l'existence, Alexis doit l'apprendre. Il faut voir que l'esprit de pauvreté lui permet de dépasser sans cesse ses propres créations comme le corsaire qui a jeté à la mer le trésor  accumulé dans ses voyages.

A cette condition, l'existence peut continuer l'exercice de sa liberté. On peut se demander si, à la fin, Alexis, comme Laure sa soeur, mais à sa manière, ne se tourne pas vers le royaume de Dieu qui est à lui.

Laure a elle aussi cet esprit qui met en question l'avoir, cet esprit de détachement qui l'amène à partager pour finir par rejoindre une communauté dans le but de se donner, d'aimer. Pauvre en esprit jusqu'au don de soi, à sa mère de mauvais gré, à la communauté de son plein gré.

Quoiqu'il en soit, béatitude et liberté sont bien la fin et les moyens de la recherche du bonheur.

Tchékhov, Oncle Vania.
Pour trouver une résonance il faut, semble-t-il que la citation soit traduite un peu différemment: heureux que sont pauvres de fait et qui le sont de bon gré. C'est plus une acceptation résignée qu'un détachement, chacun rêvant à la satisfaction de son désir. Ce n'est donc pas la béatitude qui exclut le désir. Si tout finit à se plier à l'ordre du monde, cela ne va pas sans désespoir. En tout cas, on retrouve à la fin de la pièce, l'idée d'un royaume des cieux où l'on se reposera et qui appartient aux besogneux du travail quotidien, qui aura donc été quelque peu mérité par un certain renoncement. D'évidence les personnages ne sont pas heureux, et le détachement , la pauvreté en esprit ne semble pas rendre heureux. Pas de liberté non plus parce que l'acceptation est plus une résignation que le résultat d'un esprit de pauvreté.
Il faudrait cependant bien étudier le personnage de Sonia qui serait bien en résonance, elle, avec la béatitude.

Sénèque, La vie heureuse - De la brièveté de la vie.
- On trouvera le contenu dans une relecture des protestations de Sénèque.

- Prêtez attention aux justifications de Sénèque sur sa manière de vivre dans les richesses: on peut être très riche et vertueux parce que détaché au point d'utiliser ses richesses à rendre service aux autres.
Sénèque, dans la réalité quitte le monde pour la liberté, mais le monde lui a réclamé sa vie en lui ordonnant de se suicider.

Élargissement. 
Pour ceux qui veulent l'oeuvre d'un philosophe, pour le thème la recherche du bonheur,  il faut préférer à la lecture de Sénèque la lecture de l'Éthique de Spinoza: le tout y est et comme cerise sur le gâteau, la joie ... de comprendre.

Par Joseph LLapasset 

= A partir de  La recherche du bonheur voir, La recherche du bonheur dans les trois oeuvres