Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
Un
tel sujet pose le problème de notre rapport au temps. Les stoïciens
recommandaient à chacun de se limiter à ce qui dépend de lui.
L'opinion croit à tort que le temps ne dépend pas de nous,
mais la réflexion établit que nous pouvons nous réapproprier
le temps que notre rapport au temps peut être un rapport de
liberté.
Pourquoi
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Pour
quel motif, pour quel mobile, pour quelles raisons.
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Attendre
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S'orienter
vers le futur, faire attention au futur qui n'est pas
donné comme une chose est donnée dans l'actuel. rendre
le présent absent et l'absent présent. Le verbe étant
transitif, on attend: qui, quoi ?
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Vers
la problématique:
-
Pour trouver la problématique, commencez par vous étonner du
sujet: comment a-t-on pu poser une telle question, à moins que
ce soit une question rhétorique qui contient la réponse: à
quoi bon attendre ? (= c'est inutile!)
-
Il semble à la conscience immédiate qu'il est évident,qu'il y
a plein de raisons pour de pas attendre. Ce qui est donné dans
l'instant va disparaître, dans le passé et devenir hors de
portée. Faire attention au futur, c'est faire attention à ce
qui n'est pas: l'attention qui mesure notre degré de liberté mérite
mieux! Faut-il donner libre cours aux folles imaginations de
l'espoir qui,par comparaison, désespère le présent et nous
installe dans le malheur! Après tout,saisir le présent c'est,
comme on dit, un que tu tiens, pour deux tu l'auras.
Mais
ce discours relève peut-être de l'opinion qui transforme ce
qui nous va bien en connaissance. C'est peut-être une connaissance
du premier genre, par ouï-dire ou par croyance.
La
bonne question n'est-ce pas toujours celle qui empêche de
donner une réponse immédiate car elle soulève un problème et
nous invite donc à la réflexion, à attendre avant de porter
un jugement, à penser c'est à dire à attendre d'avoir pesé
le pour et le contre pour se prononcer, comme un bon juge.
Quelques
pistes pour le mouvement du devoir.
1-
Il semble que ce serait une folie que
d'attendre, il n'y aurait de raison d'attendre:
- C'est se détourner du présent pour se tourner vers le futur
indéterminé. On finit par attendre la réalisation d'un rêve
et on passe à côté de la rencontre toujours donnée dans le
présent.
- D'ailleurs on ne vit vraiment qu'au présent, le présent et
le corps sont les deux seules choses qui nous sont données. Goûtons-le,
ne le laissons pas fuir avant d'en avoir profité. Cueillons le
jour et ... demain s'occupera de demain...
2-
Mais, à la réflexion, la prudence et la
sagesse nous demandent de savoir attendre pour cette raison
principale:
- Le temps ne peut s'accélérer selon notre gré.
- L'impatience est une folie qui voit bien que
le temps est retardement, retardement qui permet le projet, qui
permet de se choisir en choisissant. L'impatience est passion:
plus on veut que le temps passe vite, plus le temps semble long.
- Une action qui ne serait pas retardée serait irréfléchie,
non pas une action humaine mais une réaction mécanique: cette
réaction nous ferait courir à l'échec: si on n'a pas attendu
le moment propice, les conditions de la réussite ne sont pas réunies.
Votre professeur le sait bien qui attend, dans l'heure de cours,
pour "envoyer" l'information essentielle au bon
moment, au moment où l'attention est captée.
Les parents qui sont pressés de voir leur enfant réussir,
veulent toujours anticiper la classe suivante au risque de
priver l'enfant du jeu. Mais le jeu es la condition du développement
de leur enfant.
En éducation, perdre du temps c'est en gagner. Une bonne raison
d'attendre!
- Savoir attendre la rencontre amoureuse et savoir attendre dans
la rencontre amoureuse. Pour la rencontre il y a toujours une
grande part de hasard et seul le temps augmente les chances de
la rencontre.
- Faire attention d'ailleurs c'est savoir attendre: attendre de
quelqu'un, faire silence pour écouter, accueillir la parole
d'autrui.
Pistes
pour la troisième partie: Les
raisons d'attendre s'enracinent dans l'attention à l'actualité.
Il est des moments où il faut ne pas savoir attendre, quand le
présent l'exige, quand on peut voir l'avenir à travers le présent
dans l'espérance qui, pour cela,n'est jamais déçue: alors il
faut saisir sa chance en effectuant le travail dans le présent.
Pour faire son devoir, on n'attend pas, sous
peine d'être très malheureux au fur et à mesure que les jours
passent, ceux qui nous séparent de la remise du devoir. Cela
signifie que le devoir qui se rattache toujours à un devoir
moral ne saurait attendre et nous ne saurions attendre pour
l'accomplir.
Par contre dans la réflexion sur l'action, il faut savoir
attendre. D'ailleurs les idées viennent quand elles veulent.
Gare à celui qui dit n'importe quoi.
Conclusion
et élargissement
Ce
devoir pourrait entrer dans le cadre de la recherche du bonheur.
On verrait que dans Le chercheur d'or, Alexis, Ouma,
Laure savent attendre et foncer quand il le faut.
Peut-être que les "héros" de Tchékhov, ne savent
pas attendre et n'exercent pas l'espérance qui agit dans le présent
ce qui fait que la pièce étouffe comme une canicule étouffe.
Sénèque sait trop attendre. Il attend tellement qu'il est
complètement ligoté quand il songe, pour exercer sa liberté,
à s'éloigner de Néron.
- Peut-il y avoir trop de prudence et trop de sagesse? Il ne
faudrait pas tomber dans l'indécision et dans l'inaction à
trop attendre !
=
A partir de La recherche du bonheur voir, La
recherche du bonheur dans les trois oeuvres
Bonne
continuation |