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Aides à la dissertation sous forme d'esquisses 

Niveau classes prépas - Colles et Dissertations par J. Llapasset

  • "L'admiration absolue est toujours superficielle. Nul plus que moi n'admire les pensées de Pascal ou les sermons de Bossuet mais je les admire comme oeuvre du 17eme siècle, si ces oeuvres paraissaient de nos jours elles mériteraient à peine d'être remarquées. La vraie admiration est historique." Ernest Renan

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Rappelons que nous vous proposons des pistes: vous avez à choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même, sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins de l'universel qu'elle vise.

Voici non pas une méthode mais un ordre qu'il est possible de suivre.

- Efforcez-vous de retrouver l'époque à laquelle appartient la citation. Ici: Renan est né en 1823 et décède en 1892. Il a huit ans quand commence à paraître le Cours de philosophie positive (Comte) en 1830. Nous sommes donc au XIX ème siècle qu'on a appelé le siècle de l'histoire. Ce siècle voit l'enthousiasme de la science conquérante se propager, et une volonté de travailler sur des traces du passé: c'est le siècle de l'histoire. 
L'effort que nous venons de faire peut nous permettre de comprendre des aspects essentiels du texte de Renan.

- Une bonne lecture du texte devrait maintenant vous permettre de repérer les présupposés du texte. Ce repérage vous permet d'envisager une explication du texte (déplier le texte), de saisir les intérêts du texte et .... en prenant les présupposés un par un de montrer les limites du texte. 
Autrement dit, vous serez fidèle à Renan en montrant que ce qu'il dit semble par certains points dépassé.

Je vous propose trois présupposés:
- Le positivisme qui exclut tout phénomène surnaturel que saisirait la théologie .
- L'idée de Progrès continu de la raison.
- Le refus de l'être, de l'absolu et l'affirmation d'un devenir toujours à l'oeuvre: Dieu n'est pas, il est le devenir et rien d'autre.
Gardons bien cela en mémoire.

Pour l'introduction....

Vous devez donner le thème général, la question ou même le problème que soulève la question. La problématique sera le chemin par lequel vous conduirez le correcteur au problème. la question est de savoir s'il peut y avoir une admiration absolue qui ne soit pas stupidité, passion exercée par un objet. 
Ce qui a sa raison d'être en soi ne peut relever du devenir. Par rapport à cette question Renan répond de manière affirmative que la vraie admiration est relative à l'époque vécue par celui qu'on admire ou par l'objet qu'il a produit.

- Problème: => Peut-on parler d'un progrès continu de la raison qui serait fonction de chaque époque! Il n'y aurait donc pas de possibilité de régresser ce qui laisse supposer que la raison se jouerait des hommes et de leur liberté.
La vraie admiration est-elle vraiment celle qui n'admire une performance que par son écart avec une époque où elle a été réalisée. Ce peut être vrai de l'invention  machines, est-ce vrai de l'homme? 
Dans votre introduction, vous soulignez bien l'enjeu, ce qui se joue sur la scène, sur le  plan qu'ouvre la réflexion: il s'agit de rien de moins que de la vérité qui doit avoir un visage pareil et universel et qui ne saurait être le fruit d'un devenir.

Pour la recherche du plan. Il peut se dérouler en trois parties:

1- Explication de la citation: on déplie le texte pour faire clairement apparaître son sens et sa signification. On peut suivre la progression du rejet de l'admiration absolue comme passion, à la vraie admiration qui replaçant les oeuvres dans l'histoire ne néglige pas leur relativité.
Remarquer que Renan ne démontre rien: nous avons bien un si... qui pose une hypothèse: si ses oeuvres paraissaient de nos jours, mais même si on admet cette hypothèse fantastique, ce que déduit Renan comme conséquence n'est pas déduit de l'hypothèse. C'est une affirmation....  ( A poursuivre)

2- Les intérêts du texte.
On peut, par exemple, accorder à Renan que l'admiration absolue exclurait le doute et donc l'esprit: que tout objet produit est situé dans l'espace et dans le temps et par là appartient à un devenir qui le délaissera. L'admiration absolue est toujours superficielle car elle est éblouie: admirer c'est bien être surpris, être étonné de quelque chose. On pense au coup de foudre qui est le début d'une idolâtrie et qui est illusion, ignorance. Après tout, celui qui admire et qui croit voir l'absolu devant lui, n'est pas loin de la théologie et de l'aliénation peut être.
Ici l'objet de l'étonnement c'est rien moins que Les pensées de Pascal et les Sermons de Bossuet.
Soulignez maintenant l'intérêt de l'histoire, de cet effort pour retrouver le contexte dans lequel les légendes sont nées, dans lequel les légendes ont été conçues...

3- Les limites du texte.
C'est là que votre travail préparatoire de recherche des présupposés va vous être utile.
Par exemple, les limites du positivisme ou de l'idée de progrès sont les limites de ce texte ... 
Le progrès de la science, le progrès en général est-il continu au point de faire décroître l'admiration des Pensées de pascal?
Ce qu'il nous dit de la condition humaine, est-ce lié à une époque ou à toutes les époques: ne dégage-il pas des vérités qui ont un visage pareil et universel. Son intelligence ne provoque-t-elle pas toujours une admiration quasi-absolue? 
Ces questions qu'ont posées Pascal ou Bossuet ne sont-elles pas les nôtres lorsque nous scrutons la condition humaine; et que peut-on dire de mieux sur cette condition que ce que Pascal en dit. Nous sommes tous des prisonniers qui savons que la mort s'approche et qui voient chaque jour leurs compagnons être exécutés
... (à poursuivre)

Pour une conclusion.
Le bilan
: surtout efforcez-vous d'être juste avec l'auteur: faites comme s'il aurait été d'accord avec les questions que vous lui avez posées. Bien entendu cette citation nous a permis de nous interroger sur nos idolâtries, sur nos coups de foudre, sur les solutions théologiques que nous donnons trop souvent. Il n'en reste pas moins que Renan affirme "Nul plus que moi n'admire Les Pensées ..."Allons donc!

Bonne continuation