Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
Voici
non pas une méthode mais un ordre
qu'il est possible de suivre.
-
Efforcez-vous de retrouver l'époque
à laquelle appartient la citation. Ici: Renan est né en 1823
et décède en 1892. Il a huit ans quand commence à paraître
le Cours de philosophie positive (Comte) en 1830. Nous sommes
donc au XIX ème siècle qu'on a appelé le siècle de
l'histoire. Ce siècle voit l'enthousiasme de la science conquérante
se propager, et une volonté de travailler sur des traces du
passé: c'est le siècle de l'histoire.
L'effort que nous venons de faire peut nous permettre de
comprendre des aspects essentiels du texte de Renan.
-
Une bonne lecture du texte devrait maintenant vous permettre de
repérer les présupposés
du texte. Ce repérage vous permet d'envisager une explication
du texte (déplier le texte), de saisir les intérêts du texte
et .... en prenant les présupposés un par un de montrer les
limites du texte.
Autrement dit, vous serez fidèle à Renan en montrant que ce
qu'il dit semble par certains points dépassé.
Je
vous propose trois présupposés:
- Le positivisme qui exclut tout phénomène surnaturel que
saisirait la théologie .
- L'idée de Progrès continu de la raison.
- Le refus de l'être, de l'absolu et l'affirmation d'un devenir
toujours à l'oeuvre: Dieu n'est pas, il est le devenir et rien
d'autre.
Gardons bien cela en mémoire.
Pour
l'introduction....
Vous
devez donner le thème général,
la question ou même le problème
que soulève la question. La problématique
sera le chemin par lequel vous conduirez le correcteur au problème.
la question est de savoir s'il peut y avoir une admiration
absolue qui ne soit pas stupidité, passion exercée par un
objet.
Ce qui a sa raison d'être en soi ne peut relever du devenir.
Par rapport à cette question Renan répond de manière
affirmative que la vraie admiration est relative à l'époque vécue
par celui qu'on admire ou par l'objet qu'il a produit.
-
Problème: => Peut-on parler d'un
progrès continu de la raison qui serait fonction de chaque époque!
Il n'y aurait donc pas de possibilité de régresser ce qui
laisse supposer que la raison se jouerait des hommes et de leur
liberté.
La vraie admiration est-elle vraiment celle qui n'admire une
performance que par son écart avec une époque où elle a été
réalisée. Ce peut être vrai de l'invention machines,
est-ce vrai de l'homme?
Dans votre introduction, vous soulignez bien l'enjeu, ce qui se
joue sur la scène, sur le plan qu'ouvre la réflexion: il
s'agit de rien de moins que de la vérité qui doit avoir un
visage pareil et universel et qui ne saurait être le fruit d'un
devenir.
Pour
la recherche du plan. Il peut se dérouler en trois
parties:
1-
Explication de la citation:
on déplie le texte pour faire clairement apparaître son sens
et sa signification. On peut suivre la progression du rejet de
l'admiration absolue comme passion, à la vraie admiration qui
replaçant les oeuvres dans l'histoire ne néglige pas leur
relativité.
Remarquer que Renan ne démontre rien: nous avons bien un
si... qui pose une hypothèse: si ses oeuvres
paraissaient de nos jours, mais même si on admet cette hypothèse
fantastique, ce que déduit Renan comme conséquence n'est pas déduit
de l'hypothèse. C'est une affirmation.... ( A poursuivre)
2-
Les intérêts du texte.
On peut, par exemple, accorder à Renan que l'admiration absolue
exclurait le doute et donc l'esprit: que tout objet produit est
situé dans l'espace et dans le temps et par là appartient à
un devenir qui le délaissera. L'admiration absolue est toujours
superficielle car elle est éblouie: admirer c'est bien être
surpris, être étonné de quelque chose. On pense au coup de
foudre qui est le début d'une idolâtrie et qui est illusion,
ignorance. Après tout, celui qui admire et qui croit voir
l'absolu devant lui, n'est pas loin de la théologie et de l'aliénation
peut être.
Ici l'objet de l'étonnement c'est rien moins que Les
pensées de Pascal et les Sermons
de Bossuet.
Soulignez maintenant l'intérêt de l'histoire, de cet effort
pour retrouver le contexte dans lequel les légendes sont nées,
dans lequel les légendes ont été conçues...
3-
Les limites du texte.
C'est là que votre travail préparatoire de recherche des présupposés
va vous être utile.
Par exemple, les limites du positivisme ou de l'idée de progrès
sont les limites de ce texte ...
Le progrès de la science, le progrès en général est-il
continu au point de faire décroître l'admiration des Pensées
de pascal?
Ce qu'il nous dit de la condition humaine, est-ce lié à une époque
ou à toutes les époques: ne dégage-il pas des vérités qui
ont un visage pareil et universel. Son intelligence ne
provoque-t-elle pas toujours une admiration quasi-absolue?
Ces questions qu'ont posées Pascal ou Bossuet ne sont-elles pas
les nôtres lorsque nous scrutons la condition humaine; et que
peut-on dire de mieux sur cette condition que ce que Pascal en
dit. Nous sommes tous des prisonniers qui savons que la mort
s'approche et qui voient chaque jour leurs compagnons être exécutés
... (à poursuivre)
Pour
une conclusion.
Le bilan: surtout efforcez-vous d'être juste avec
l'auteur: faites comme s'il aurait été d'accord avec les
questions que vous lui avez posées. Bien entendu cette citation
nous a permis de nous interroger sur nos idolâtries, sur nos
coups de foudre, sur les solutions théologiques que nous
donnons trop souvent. Il n'en reste pas moins que Renan affirme
"Nul plus que moi n'admire Les Pensées ..."Allons
donc!
Bonne
continuation |