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La croyance

Le sacré aujourd'hui 

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Sacré sujet, maudit sujet !
Je vous propose de commencer par quelques pistes de lecture pour mieux traiter le difficile sujet qui vous est proposé ... ou imposé ;-)
Incontournable: de M. Detienne, Les maîtres de vérité, Maspero éditeur et
L'invention de la mythologie, Gallimard 1981 (l'auteur était  alors directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études, historien de la Grèce ancienne ).
R. Gaillois, L'homme et le sacré.
J. Lacroix, le Sens de l'athéisme moderne, en particulier pages 27 et suivantes.
Michel Henry, Voir l'invisible et La barbarie.
Les explications de Freud et de Marx sont intéressantes par la virtuosité, mais en réduisant le sacré à la libido ou à la superstructure, ils risquent de vous détourner de votre sujet.
Vous pouvez lire dans Freud, Totem et tabou les pages 32 et 33.

  Voici maintenant une aide pour débuter votre recherche.

Le sacré: c'est un adjectif substantivé (pris comme nom). 

Réfléchissez sur son double sens que je vous ai suggéré plus haut: Sacré sujet, maudit sujet : ce qui mérite révérence mais ne peut pas être touché: ce qui est objet d'amour et de crainte à la fois.

Notez l'importance de l'objet sacré: le sacré donne un sens aux choses, l'inclut dans un réseau symbolique et refuse de réduire les choses à la mesure quantitative de l'objectivité 

(voir la réaction de Michel Henry au désenchantement du monde par Galilée dans la conférence de Philagora http://www.philagora.net/philo-fac/henrypan.php  )

Aujourd'hui, va tout compliquer mais aussi vous obliger à poser les vrais problèmes. Vous devez bien peser ce terme :
- Il semble vous détourner d'une certaine anthropologie religieuse attachée à l'ethnographie.
- Il pose le problème du changement: si votre sujet vous oriente vers le sacré aujourd'hui, n'est-ce pas parce qu'il est devenu autre que dans le passé, tout en restant d'une certaine façon le même, sinon le sacré aurait disparu complètement .Moteur du changement?
- Comme un contraire éclaire l'autre, vous avez bien compris (et c'est tentant),  qu'il fallait opposer le sacré au profane: le profane c'est ce qui appartient à la prise de l'homme, c'est la connaissance par concept, c'est le donné objectif (la détermination d'une intuition sensible par un concept); ce sont les objets empiriques, le domaine dans lequel l'homme croit pouvoir devenir maître et possesseur d'une nature qu'il mesure.
- Mais, attention! Comment éclairer le sacré par ce qui n'est pas lui? Vous allez obtenir une définition négative et vous risquez de vous  noyer dans le vide.

  Sur le problème du changement.
Le changement n'est-il pas ce qui implique la liberté d'une Raison pratique qui fait du neuf avec de l'ancien? Des symboles devenus incohérents par rapport à des structures vieillies sont renouvelées par le choix intelligent de rafraîchir par des symboles neufs. On peut alors affirmer que l'ancienne loi n'est pas abolies mais accomplie, grâce à un symbolisme cohérent, ajusté à de nouvelles valeurs.

  Est-ce un sentiment?
Le sacré est-il réductible à un sentiment?
Le sacré est-il réductible à une structure? ("Les choses sacrées sont celles que les interdits protègent et isolent" Durkheim)

  Une piste: 
 Il est tentant de réduire le sacré au mythe mais, ne jamais oublier que le mythe pour être compris doit être vécu et qu'en conséquence nous ne pouvons comprendre les mythes anciens dont nous parlons. Dès lors les comparer à ce que nous vivons c'est parler en incroyant de ce que nous croyons. 
Detienne cite une très intéressante remarque de Rimbaud: "Nous allons à l'Esprit. C'est très certain, c'est oracle, ce que je dis. Je comprends, et ne sachant m'expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire." Il y a peut-être une enquête à faire sur le sacré, désigné ici. (voir dans Jung, Ma vie, Gallimard éditeur 1973, le passage: "Il m'arriva alors de vivre un instant d'inhabituelle clarté au cours duquel se déroula devant mes yeux le chemin que j'avais jusque-là parcouru. Je pensais: "tu possèdes maintenant une clé ..." (suit le dialogue intérieur de Jung qui se termine par): "Je me sentis alors de moins en moins à l'aise et je m'arrêtais de penser." 

  Quelques citations qui peuvent vous être utiles.
"Le mot "sacer" est ambivalent: sacré et maudit. L'espace sacré est un espace qui attire et qui repousse." Pucelle, Le règne des valeurs page 147
"Le caractère du sacré, qui ne fait presque qu'un ... avec celui de tabou, résulte, dans les êtres ou les personnes, de l'attribution qui leur est faite de propriétés occultes, dont l'idée éveille spontanément une émotion complexe sui generis, faite d'étonnement, de respect, d'attirance, de curiosité, de réserve, d'avidité, de crainte (inquiétude ou même terreur) indissolublement unis." Pradines, L'esprit de la religion page 201
Voir aussi: http://www.philagora.net/philo-fac/ricoeur.php 

  Difficulté de votre sujet.
Aujourd'hui, peut-il être coupé de ses racines? N'est-il pas le fruit d'un passé, d'une histoire, d'un devenir? Peut-on étudier le sacré aujourd'hui sans revenir sur le passé? L'oubli ne fait-il pas disparaître le sacré? (Voir la peur de l'oubli dans la floraison des intégrismes religieux)
Si le sacré n'a pas disparu, n'est-ce pas qu'il est d'une certaine manière intemporel, la mémoire de la création? Comme une divinité, la mémoire présente l'invisible comme étant là. C'est le ré-enchantement perpétuel du monde. Le maître de vérité serait donc le poète, à la fois gardien et sentinelle, déchiffreur de l'invisible.

  Pour approfondir voir: L'interdit et le sacré

 

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