INTRODUCTION.
Le
titre du livre de Simone Weil, Connaissance
surnaturelle est la traduction d'un terme
de la Gnose (=savoir suprême): la gnôsis
c'est la connaissance surnaturelle apportée
par le Sauveur: l'âme n'est pas issue de la
matière: comme étincelle divine sa libération
consiste à prendre conscience de son origine
puis à revenir vers sa source, Dieu.
Un détour par les différentes figures du
dualisme Bien/Mal permettra de mieux lire ce
livre et de faire surgir les problèmes que le
mal a posés, de comprendre les solutions que
le Gnosticisme, le Manichéisme, le Catharisme
ont proposées et, parfois, cherché à
imposer.
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Il apparaît dès la fin du premier siècle comme
interprétation des textes qui sont à l'origine du
christianisme. Ces interprétations sont la conséquence
de la langue grecque employée par Saint Paul et Saint
Jean pour traduire la pensée sémite: ces textes
insistent sur l'importance de la grâce sans laquelle la
nature ne peut s'élever à Dieu: l'esprit grec, esprit
de lumière (le soleil est l'analogon du Bien) et le Timée
de Platon, avec son démiurge qui organise le monde
malgré la matière, imprègnent la langue grecque qui
exprime mal le pensée juive et se prête donc aux
interprétations.
Le Gnosticisme fasciné par la lumière et ce qu'elle
permet de distinguer, sépare radicalement, à la
racine, Dieu et le monde puisque le monde de la matière
semble s'opposer au monde l'esprit comme le devenir à
l'être, comme le Mal au Bien.
Cette
distinction devient scission au point qu'il devient
impensable que Dieu soit directement créateur du désordre
et du mal. La réalité du mal implique le règne d'un
prince ennemi de Dieu et lui même capable de création:
c'est le prince des ténèbres.
Le
Dieu de lumière ne pouvant être créateur des ténèbres,
ce sont des puissances qui ne connaissent pas Dieu (tel
le Yahvé de la Bible) qui ont créé le monde et le
gouvernent. Il faut comprendre que, pour la gnose, le
Dieu de l'Ancien Testament n'est qu'un ange déchu et
que le dualisme du Gnosticisme n'est pas absolu puisque
Dieu reste à l'origine de tout. Si le Dieu de l'Ancien
Testament est réduit à une puissance inférieure
aveugle, il n'a pas de prééminence sur les autres
puissances infernales: les gnostiques ne voient aucun
inconvénient à s'ouvrir à d'autres puissances inférieures
issues des mystères grecs ou des religions orientales:
c'est le syncrétisme ou mélange des systèmes, une
sorte d'éclectisme, dont la gnose se glorifie. Une conséquence
capitale d'une telle doctrine c'est l'abandon du monde
à son triste sort puisque Dieu n'agit pas directement
dans ce monde: cela lui assure d'ailleurs l'innocence.
Mais, ni le bien ni le salut ne sont de ce monde.
Seule la Gnose par la connaissance surnaturelle peut
sauver l'homme du malheur de la matière. La mort est
une issue. |