Le bonheur
L'activité
conforme à l'âme humaine c'est la satisfaction raisonnable des
désirs.
C'est l'action conforme à la vertu parfaite ou l'actualité de
la vertu c'est à dire la domination par rapport à l'appétit.
Les conditions sont évidemment que pour être vertueux il faut
de l'argent. Les mendiants ne peuvent pas être vertueux.
Au contraire du stoïcisme pour qui le bonheur est déductible
de la vertu, les conditions du bonheur ne sont donc pas
totalement garanties par la vertu: il ne suffit pas d'être
vertueux pour être heureux. La praxis ne s'exerce que dans la
cité qui garantit les conditions à l'homme libre. Seul l'état
juste a intérêt à ce que les hommes soient vertueux. Au
contraire le tyran a intérêt à ce que ses sujets ne soient ni
courageux ni désintéressés...
Lire le sommet de L'Ethique à Nicomaque, X, 7, 8.
Le bonheur est acte de la vertu.
Le plaisir ne peut pas être l'équivalent du souverain bien. Le
plaisir c'est ce qui accompagne l'acte en tant que tel comme
surplus de l'activité; il suppose un maximum alors que le
bonheur ne suppose pas de maximum.
La vie politique sera la plus plaisante: une vie selon
l'intellect séparé qui ne se préoccupe plus de la vie appétitive,
suppose la vie politique. Il n'est pas question de penser si on
n'est pas vertueux: seul l'homme libre dans la cité libre
pourra être un penseur: la vertu devient un habitus inconscient
au point que l'homme éduqué est celui qui ne se pose plus de
problèmes moraux; il sait comment réagir, il sait que ça
ne se fait pas... C'est une véritable libération grâce
à cette seconde nature, ce caractère quasi automatique de la
vertu. Il s'agissait bien de libérer l'intellect pour son acte
propre qui est la pensée. Il peut y avoir une vie selon
l'intellect séparé d'une substance finie. Dans la nature, la
forme et la matière ne sont jamais séparées car la forme est
engagée dans la matière. La nature, par exemple la concavité
d'un nez, ne présente ni immobilité ni éternité: toute forme
engagée dans une matière entraîne un devenir.
L'homme peut penser, c'est la vie théorétique. L'homme n'est
pas Dieu mais dans la contemplation il est comme Dieu. Il se
divinise.
la vie théorétique est sans mouvement car c'est le mouvement
qui fatigue. Il y a plaisir absolu si le plaisir est ce qui
accompagne l'acte, la sophia. Voilà pourquoi le sage
est celui qui mène une vie plaisante, il n'y a pas d'idéal
plus élevé que ce qui permet à l'homme de s'approcher du
bien: le bien humain c'est la vie politique, le bien divin c'est
la vie théorétique. La praxis est le bonheur humain
pour lui même car le bonheur de l'action ne se trouve pas au
delà de l'action. Le bonheur de la contemplation est le bonheur
de l'homme séparé, l'action peut être dépassée dans la
contemplation.
Conclusion
Nous
n'entendons plus la vie politique de la même façon car la cité
n'existe plus et les hommes libres n'existent plus. Nous
comprenons Aristote, nous savons que la fin de la politique ne
peut être que la réalité du bonheur; mais, Aristote est un maître,
il a des esclaves, sa pensée ne se préoccupe nullement de la
production.
Aristote ne nous comprendrait pas car il y a dans sa pensée un
manque, une béance:
le travail comme transformation de la nature et l'histoire. Le
travail semble interdire toute possibilité de bonheur. La différence
fondamentale c'est que nous sommes tournés vers l'action comme
transformation de la nature en monde. Pour Aristote la science
ne peut pas être appliquée ou on aurait les médecins de Molière.
On comprend alors pourquoi les Grecs ont tellement insisté sur
la vertu: l'esclave qui travaille ne peut que s'éduquer par le
travail: il n'y a que le maître qui puisse se dégrader car il
ne travaille pas. Reste que les maîtres ont disparu, la cité
aussi. Nous ne comprenons plus Aristote.
Notes prises à un
cours donné par monsieur Wilfred.
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