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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

Aristote et Kant, point de vue: morale, droit et politique

Aristote

Vertu, prudence

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Le bonheur

L'activité conforme à l'âme humaine c'est la satisfaction raisonnable des désirs.
C'est l'action conforme à la vertu parfaite ou l'actualité de la vertu c'est à dire la domination par rapport à l'appétit. Les conditions sont évidemment que pour être vertueux il faut de l'argent. Les mendiants ne peuvent pas être vertueux.
Au contraire du stoïcisme pour qui le bonheur est déductible de la vertu, les conditions du bonheur ne sont donc pas totalement garanties par la vertu: il ne suffit pas d'être vertueux pour être heureux. La praxis ne s'exerce que dans la cité qui garantit les conditions à l'homme libre. Seul l'état juste a intérêt à ce que les hommes soient vertueux. Au contraire le tyran a intérêt à ce que ses sujets ne soient ni courageux ni désintéressés...
Lire le sommet de L'Ethique à Nicomaque, X, 7, 8. 
Le bonheur est acte de la vertu.
Le plaisir ne peut pas être l'équivalent du souverain bien. Le plaisir c'est ce qui accompagne l'acte en tant que tel comme surplus de l'activité; il suppose un maximum alors que le bonheur ne suppose pas de maximum.
La vie politique sera la plus plaisante: une vie selon l'intellect séparé qui ne se préoccupe plus de la vie appétitive, suppose la vie politique. Il n'est pas question de penser si on n'est pas vertueux: seul l'homme libre dans la cité libre pourra être un penseur: la vertu devient un habitus inconscient au point que l'homme éduqué est celui qui ne se pose plus de problèmes moraux; il sait comment réagir, il sait que ça ne se fait pas... C'est une véritable libération grâce à cette seconde nature, ce caractère quasi automatique de la vertu. Il s'agissait bien de libérer l'intellect pour son acte propre qui est la pensée. Il peut y avoir une vie selon l'intellect séparé d'une substance finie. Dans la nature, la forme et la matière ne sont jamais séparées car la forme est engagée dans la matière. La nature, par exemple la concavité d'un nez, ne présente ni immobilité ni éternité: toute forme engagée dans une matière entraîne un devenir.
L'homme peut penser, c'est la vie théorétique. L'homme n'est pas Dieu mais dans la contemplation il est comme Dieu. Il se divinise.
la vie théorétique est sans mouvement car c'est le mouvement qui fatigue. Il y a plaisir absolu si le plaisir est ce qui accompagne l'acte, la sophia. Voilà pourquoi le sage est celui qui mène une vie plaisante, il n'y a pas d'idéal plus élevé que ce qui permet à l'homme de s'approcher du bien: le bien humain c'est la vie politique, le bien divin c'est la vie théorétique. La praxis est le bonheur humain pour lui même car le bonheur de l'action ne se trouve pas au delà de l'action. Le bonheur de la contemplation est le bonheur de l'homme séparé, l'action peut être dépassée dans la contemplation.

Conclusion

Nous n'entendons plus la vie politique de la même façon car la cité n'existe plus et les hommes libres n'existent plus. Nous comprenons Aristote, nous savons que la fin de la politique ne peut être que la réalité du bonheur; mais, Aristote est un maître, il a des esclaves, sa pensée ne se préoccupe nullement de la production. 
Aristote ne nous comprendrait pas car il y a dans sa pensée un manque, une béance: 
le travail comme transformation de la nature et l'histoire. Le travail semble interdire toute possibilité de bonheur. La différence fondamentale c'est que nous sommes tournés vers l'action comme transformation de la nature en monde. Pour Aristote la science ne peut pas être appliquée ou on aurait les médecins de Molière.
On comprend alors pourquoi les Grecs ont tellement insisté sur la vertu: l'esclave qui travaille ne peut que s'éduquer par le travail: il n'y a que le maître qui puisse se dégrader car il ne travaille pas. Reste que les maîtres ont disparu, la cité aussi. Nous ne comprenons plus Aristote.

Notes prises à un cours donné par monsieur Wilfred.