Introduction.
Aristote représente
l'antiquité, Kant la modernité: dans les deux cas la pensée
est systématique: du point de vue de la Fin; pour Aristote,
c'est la vie théorétique, la contemplation de
l'être éternel, pour Kant, c'est la liberté
en tant que bonne volonté. Au fondement de la pensée
d'Aristote la maîtrise, avec Kant l'esclave
s'est libéré.
La pensée
grecque.
Elle reste
fascinée par le repos, l'immobilité. L'acte suprême c'est l'âme
contemplant dans une béatitude totale au point que le mouvement
a pour but l'immobilité: c'est un idéal. On trouve, en Met.
lambda, la définition du premier moteur immobile: Dieu,
acte pur. Le mouvement consiste dans le passage de la puissance
(dunamis) à l'acte (energeia). D'où le problème du devenir:
être tout en n'étant pas. La solution d'Aristote est qu'il n'y
a pas de non être absolu: la puissance c'est un non être
quelque chose et l'acte consiste à se réaliser. Le moteur, la
source première du mouvement n'est pas la puissance; c'est
l'acte en lui-même qui n'est aucunement matière mais entièrement
forme, immobile parce qu'il ne contient aucune puissance.
Conséquence:
tout ce qui est tend vers l'acte: vers l'immobilité. Voir le
principe de la physique d'Aristote: les corps en mouvement
tendent vers le repos, tous les êtres ont leur lieu; par
exemple les graves ont leur lieu vers le bas. Si les
mouvements n'étaient pas entravés, tout tendrait vers
l'imitation de Dieu. Les astres imitent Dieu mais tout ce qui
est sublunaire est soumis à la génération et à la
corruption.
Qu'en est-il
de l'action?
1- Premier
principe: c'est la nature, la phusis: un être par nature est ce
qui a en soi le principe de son mouvement. La science étudie la
physique, la théologie le moteur premier.
2- L'art, comme
techné: le principe du mouvement est dans l'agent, la cause
motrice. L'objet artificiel est produit par la poiésis,
la production, l'œuvre qui posée au dehors.
3-L'action, la praxis
est ce qui ne vaut pas comme moyen d'autre chose: son objet
n'est pas en dehors au contraire de la poiésis. La
chose visée c'est l'action orientée vers une fin, le Bien. Le
principe de la praxis n'est pas la nature, c'est
l'homme: il est le principe de ses actions en tant qu'il est un
intellect, un être désirant: la pensée qui se prend elle-même
comme objet est imitation de Dieu. En effet l'activité de Dieu,
la noésis est pensée qui se pense elle-même, qui se
prend elle-même comme objet.
Dieu met en
mouvement sur le modèle de l'objet désiré. En effet l'objet
de l'amour meut sans être lui-même en mouvement. Le principe
de l'action c'est l'homme, le choix délibéré: l'homme n'est
pas naturel. La fin c'est le bien. l'action a à réaliser le
bien de l'homme.
Le souverain bien vaut en soi: le bonheur peut être défini
comme fin en soi, puisqu'on ne veut pas être heureux pour
quelque chose.
Qu'en est-il
de l'homme?
L'éthique nous
renvoie à une des formes de la physique, la psychologie:
l'homme est un être de la nature, matière et forme, corps et
âme: l'âme est la forme du corps: l'homme est un être
structuré, durable reproductible. L'âme est la forme et la fin
du corps.
Quel est le
bien de l'homme. Il y a trois types de sciences chez Aristote:
-Les sciences théorétiques ou pures connaissances nécessaires:
ontologie, physique, mathématique.
-Les sciences poétiques, les arts. Elles sont architectoniques
(construction de bateaux...)
-Les sciences pratiques concernent l'homme: les vertus, les
lois, l'art politique.
Il y a une
tripartition de l'âme de l'homme:
- L'âme intellective, le nous; - l'âme appétitive, désirante:
les deux forment l'humain. Enfin l'âme végétative, la vie.
Le bonheur est dans l'activité humaine, puisque l'homme est
d'abord défini par son âme: l'activité de l'âme humaine. La
vie proprement humaine sera la vie dans laquelle l'intellect a
la première place. Il ne domine cependant pas la vie végétative,
heureusement car quel désordre ne produirait-il pas!
L'intellect doit dominer l'âme appétitive. Il y a une nature
humaine qui a terrifié l'antiquité car elle n'est pas
naturelle: la faculté désirante, en passant à l'infini, peut
détruire l'homme. L'ubris, la démesure est le ressort
de toute la tragédie grecque: l'homme introduit le désordre
par la rupture de l'ordre naturel: il a des désirs insensés.
Il y a dans la nature humaine comme une indépendance de l'âme
appétitive qui exige un gouvernement.
La nécessité du gouvernement est la conséquence de
l'introduction par Prométhée du feu: c'est beaucoup trop
dangereux: il faut donc un art politique.
Si l'intellect est incapable de dominer, on a un esclave par
nature. L'esclavage est donc parfaitement normal. Aristote
attaque de front le problème: c'est bien pour certains d'être
esclaves mais comme il y a des esclaves contre nature, dont
l'intellect est capable de dominer l'âme appétitive, il faut
mettre en question l'esclavage. Il faut toujours penser Aristote
comme la pensée du maître: l'homme libre c'est le maître. La
politique est la science architectonique: dans la mesure où
l'intellect n'est pas dominant, il doit être dominé.
Conséquence
Ce n'est pas la vie qui
fait agir, ni la sensation: ce qui fait agir humainement, c'est
l'appétit et l'intellect: la praxis est vertu morale,
domination de l'intellect sur l'appétit.
Notes prises à un
cours donné par monsieur Wilfred.
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