- Sur la
fin du chapitre X
"Il
serait peu curieux de savoir ce que sont les bêtes, si ce n'était
pas un moyen de connaître mieux ce que nous sommes ... Il ne faut
pas s'imaginer qu'en nous comparant avec eux, nous puissions jamais
comprendre la nature de notre être: nous n'en pouvons découvrir
que les facultés, et la voie de comparaison peut être un artifice
pour les soumettre à nos observations."
(T.D.A,
début de l'introduction) |
"Je
veux, ne signifie pas seulement qu'une chose m'est agréable, il
signifie encore qu'elle est l'objet de mon choix: or on ne choisit
que parmi les choses dont on dispose. On ne dispose de rien, quand
on ne fait qu'obéir à ses habitudes: on suit seulement l'impulsion
donnée par les circonstances. Le droit de choisir, la liberté,
n'appartient donc qu'à la réflexion. Mais les circonstances
commandent les bêtes, l'homme au contraire les juge: il s'y prête,
il s'y refuse, il se conduit lui même, il veut, il est
libre." (T.D.A, Fin du chapitre X) (Nous soulignons) |
La fin du dernier chapitre fait encore apparaître l'extrême difficulté
dans laquelle se trouve Condillac: il va terminer sur la réaffirmation de
ce qui fait la responsabilité de l'homme, sa capacité de choisir, de se
conduire moralement et de choisir le mal, de s'exposer au châtiment de la
souffrance: pour la femme, tu enfanteras dans la douleur et pour l'homme,
le travail, cette espèce de torture qui est la punition du premier
péché. Ce faisant, il sauve la morale et Dieu, mais du même coup il
renvoie l'animal au rang de ressort aveugle, car l'animal ne saurait être
puni, il ne saurait donc souffrir sous peine de subir une peine qu'il n'a
pas mérité.
En effet, si l'impulsion est donnée par les circonstances ... et si elle
est suivie, quelle différence peut on affirmer entre l'animal et
la machine ? Et, à quoi rime tout ce qu'on vient d'accorder à l'animal,
les pensées, la mémoire ... ?
Dans le T.D.A, Condillac ressemble un peu à un équilibriste qui doit
répondre à une triple exigence: Dieu est innocent, l'homme seul est
libre, l'animal n'est pas une machine.
Reste à savoir si ces affirmations peuvent être posées à la fois, si
elles ne sont pas contradictoires. A côté de l'ensemble des prières, le
cri de l'innocence n'a pas fini de s'élever pour contester la justice ou
la puissance divine. On le retrouvera dans La Peste de Camus devant
l'innocence d'un enfant qui souffre et qui va mourir.
On le retrouve dans nos interrogations contemporaines sur les
"expériences" pour des cosmétiques.
Pourquoi les animaux souffrent-ils des tourments que la stricte justice
devrait leur épargner?
Pourquoi l'homme souffrirait-il des tourments pour une faute qu'il n'a pas
commise et qu'un lointain et mythique ancêtre aurait commise... dans un
paradis?
Mais, comme tout s'appuie sur le péché originel, la contestation ne
ferait-elle pas tout s'écrouler?
Reste
que, ce texte intéresse non seulement les prépas scientifique mais
encore et surtout la problématique du choix.
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-p.1
- p.2 - p. 3)
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