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 L' ANIMAL ET L' HOMME

  

Pages de ressources par Joseph Llapasset

(p.0 Mise à niveau - p.1 - p.2 - p.3 p.4)

Ce qui préoccupe l'Abbé ...

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(De la phrase liminaire à celle qui termine le chapitre X)

On se condamne à ne rien comprendre aux difficultés dans lesquelles se débat Condillac si on oublie qu'il s'agit de l'Abbé de Condillac et que l'Abbé ne perd jamais de vue l'intérêt de la morale et la défense de Dieu, sans jamais perdre de vue la nécessité d'observer les commencements.

 "Il serait peu curieux de savoir ce que sont les bêtes, si ce n'était pas un moyen de connaître mieux ce que nous sommes ... Il ne faut pas s'imaginer qu'en nous comparant avec eux, nous puissions jamais comprendre la nature de notre être *: nous n'en pouvons découvrir que les facultés, et la voie de comparaison peut être un artifice pour les soumettre à nos observations." 
(T.D.A, début de l'introduction)

* "Notre âme n'est ...pas de la même nature que celle des bêtes." (T.D.A, page 510, voir la fin du chapitre VII)

"Je veux, ne signifie pas seulement qu'une chose m'est agréable, il signifie encore qu'elle est l'objet de mon choix: or on ne choisit que parmi les choses dont on dispose. On ne dispose de rien, quand on ne fait qu'obéir à ses habitudes: on suit seulement l'impulsion donnée par les circonstances. Le droit de choisir, la liberté, n'appartient donc qu'à la réflexion. Mais les circonstances commandent les bêtes, l'homme au contraire les juge: il s'y prête, il s'y refuse, il se conduit lui même, il veut, il est libre."   
(T.D.A, Fin du chapitre X)

 Essayons de mesurer un écart, un enjeu, et la stratégie d'un Abbé dans une situation impossible.
Il ne s'agit pas de comprendre mais de connaître par une comparaison entre les facultés de l'animal et celle de l'homme. L'affirmation liminaire du T.D.A. nous laisse deviner que l'animal ne sera qu'un modèle, un instrument qui permettra par comparaison de mieux connaître nos facultés: la comparaison sera un chemin qui peut faire connaître, faire voir, mieux observer non la nature de l'homme qui est autre que celle de la bête mais des facultés comme l'intelligence, la mémoire ... Ce que nous sommes restera un mystère qui nous est propre (l'âme), mais la comparaison fera apparaître ce qui permet des performances.
La comparaison avec les animaux ne peut nous donner, par ressemblance, aucune information sur la nature de notre être, parce que, par la liberté et par notre capacité de choisir nous nous écartons radicalement de la créature animale. A nous la responsabilité, à nous les châtiments, qui pour l'Abbé ne peuvent se comprendre que par la péché originel. En accordant la sensibilité à l'animal, Condillac lui accorde la souffrance. En lui refusant la liberté et la responsabilité, il rend incompréhensible cette souffrance qui s'élève comme un cri de colère vers un Dieu et qui fait peser sur lui le soupçon de l'injustice ou de l'impuissance. On comprend dans quel embarras se trouve l'Abbé de Condillac.

 Les difficultés qui attendent Condillac apparaissent donc être à l'origine de ce commencement. La pertinence de cette affirmation première exige en effet d'une part que l'animal ne soit pas expulsé à une extrémité opposée qui empêcherait de l'utiliser comme instrument de comparaison pour connaître les facultés de l'homme: l'animal ne saurait être réduit à un ressort aveugle, au statut d'une horloge dont la nature privée de sensibilité serait purement mécanique; d'autre part, il ne s'agit pas de trop rapprocher l'animal de l'homme pour préserver la responsabilité de l'homme, sa liberté et du même coup déclarer Dieu innocent d'une punition bien méritée.

 Pour que l'animal puisse jouer le rôle d'un modèle il faut redresser le je pense cartésien qui l'exclut absolument et le renvoie au statut de machine: on brise un animal comme on brise une horloge penseront les Cartésiens qui durcissent singulièrement la pensée de Descartes. En deçà du je pense, pour Condillac, il y a la corporéité et avec elle un je sens existentiel qui permet d'accorder à l'animal non seulement la sensibilité mais même une "condition au volontaire." (T.D.A, page 528).

(p.0 Mise à niveau - p.1 - p.2 - p.3)

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