Un paradigme
évoque une tournure d'esprit et des comportements qui peuvent
être associés à une vision du monde, à une manière de
vivre et de concevoir l'existence. De près comme de loin, on
a affaire à quelque chose qui touche à la question du "
sens " de la vie. Dans la vie des hommes, il y a en effet
des situations, des pensées, des paroles et des gestes qui
produisent du " sens ". Produit du sens ce qui
contribue à faire de l'homme un humain. Seul ce qui construit
l'humanité de l'homme a pour lui du sens. Ce qui la détruit
n'en a pas : c'est la rencontre de l'horreur, de l'absurde.
Il peut
s'agir de l'expérience d'un vide existentiel. Par exemple, la
fraternité fait vivre alors que la solitude subie est
ressentie comme " mortifère ". Un paradigme
recouvre bien des aspects de l'existence. Ainsi, selon Rik
VERMEIRE, le paradigme désigne-t-il " un ensemble de
croyances, de valeurs, de théories et de techniques acceptées
par une communauté ou une société et qui se traduisent
notamment dans les rapports entre les membres de cette société
et dans les structures et les institutions que cette société
se donne. " Il ajoute : " L'éclosion d'un nouveau
paradigme fait émerger une autre façon de ''voir les
choses'', aboutit à une modification des conceptions, amène
une réorientation des efforts, fait surgir un autre cadre de
référence " .
La réflexion sur les événements qui ont marqué les
derniers siècles de ce millénaire porte à croire qu'un
clivage essentiel s'y dessine qui oppose le paradigme
personnaliste au paradigme individualiste. Celui-ci pourrait
être qualifié de " paradigme de la première modernité
", pur produit de la Renaissance et des Lumières.
Dans un ouvrage consacré à l'histoire de l'individualisme,
Alain LAURENT propose la description suivante de ce paradigme
:
" (...) l'individu de l'individualisme puise l'essentiel
de sa définition dans ses propriétés internes qui en font
un être autonome dont la vocation est l'indépendance. Cette
autonomie résulte de la capacité que lui donne sa raison de
pouvoir vivre et agir par soi. Le propre de l'individu humain
est en effet de pouvoir se décider par lui-même à partir de
représentations et de normes émanant de sa réflexion
critique, qu'il est apte à traduire en stratégies et en
actes (pouvoir sur soi).
D'autre part,
dans la mesure où sa personnalité profonde s'exprime par des
désirs et des passions singuliers, il est mû par des intérêts
particuliers qui l'amènent à vouloir vivre selon eux, pour
son propre compte, pour soi, en dépendant le moins possible
de volontés extérieures qui tendraient à l'aliéner. A défaut
de pouvoir nécessairement devenir une réalité ou même d'être
recherchée avec autant de force et au même degré par tous
les individus, cette aspiration à l'indépendance est vue par
l'individualisme comme l'expression la plus achevée de la
nature humaine " .
Vers la
Page 2 Le personnalisme,
une philosophie qui a la fraîcheur de la vie
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