°
Philo-prepas
=> Penser L'histoire
PHILOSOPHIE
- CLASSES PREPAS par
J. Llapasset
Penser
l'histoire
(Pour
vos problématiques -
suite)
Des lois de l'histoire; mais quelles
lois?
Horace
(Corneille)
Mémoires d'outre-tombe
(Chateaubriand, livre IX à XII inclus).
Le 18 brumaire de Louis
Bonaparte (Marx, traduction M. Rubel-Gallimard,
Folio Histoire).
|
Site
Philagora, tous droits réservés
©
_____________________________________________
Dire, avec
Engels, que le hasard est sous l'empire de lois internes, c'est
du même coup désigner l'essence interne du hasard et
déterminer ce qui importe: découvrir ces lois et ce qu'elles
déterminent, ce qu'elles enchaînent. C'est aussi rapprocher
l'histoire de la nature et l'histoire des hommes, les deux
étant, à leur manière et en dernier recours, soumises au
déterminisme, au primat de la loi générale sur les accidents
particuliers.
Mais qu'est-ce
qu'une loi? Loi désigne un rapport nécessaire et
essentiellement objectif entre des conditions et des effets, ce
rapport nécessaire permettant la prévision. Est nécessaire ce
qui ne peut pas ne pas être. Autant dire que le fondement de la
loi physique c'est la rationalité dans les enchaînements, la
causalité ou si l'on préfère la relation. |
--
|
Or dans les
sciences humaines, et singulièrement en histoire, la
difficulté est grande pour celui qui veut dégager des lois,
découvrir des lois internes cachées pour édifier une
représentation rationnelle du devenir historique. Il y a d'une
part la tentation de traiter les faits historiques comme des
choses car l'intelligence se plaît aux enchaînements
nécessaires et à l'exercice de forces. Cela revient à traiter
les faits historiques comme des résultantes, un peu à la
façon de ce qui se passe dans la nature.
|
Se pose alors
la question: comment élaborer un objet mental rationnel quand
au cœur d'une rationalité mystérieuse, postulée, on ne
trouve que des comportements irrationnels et par conséquent des
actions qui débouchent sur autre chose que sur l'effet voulu
comme s'il existait d'abord une force des choses qui mettrait au
défit le penseur de l'histoire. Comment prévoir si les
conditions ne sont pas nécessairement suivies par des effets?
S'il y a par l'action humaine une intervention d'un espace de
liberté, d'un arbitraire source de rapports mouvants qu'aucune
loi ne saurait enserrer.
|
Puisqu'on parle
cependant de lois de l'histoire, de quoi veut-on parler?
- De l'effet d'une réduction à l'unicité d'une causalité des
causalités diverses, naturelles, et on dira par exemple la
politique anglaise insulaire. Autres causalités, la causalité
économique, humaine, celle qui relève de la croyance et de la
volonté...
- On parlera
aussi, par ailleurs de lois du développement historique comme
par exemple, la loi des trois états de Comte. La loi
d'évolution de Marx, celle qui, en particulier, pense
l'histoire de la philosophie comme lutte entre le matérialisme
et l'idéalisme pour le triomphe du matérialisme.
Or si dans les
sciences physiques la nécessité est du même ordre que la
nécessité mathématique, ce qui implique que les lois
fonctions expriment une relation aisément formulables par les
mathématiques, c'est parce que sont exclues les actions
humaines et qu'on isole en laboratoire quelques paramètres :les
actions humaines sont en effet souvent irrationnelles et donc imprévisibles
puisque les hommes agissent par passion ou par réflexion ou
liberté.
|
Parler de lois
dans l'histoire n'est-ce pas faire la métaphysique des idées,
à quoi rien de sensible ne correspond.
Mais, à côté
de la loi fonction que l'on ne saurait retrouver en histoire, il
y a la lois statistique et il semble à beaucoup que grâce à
elle il devrait être possible d'embrasser une causalité
complexe et composite, si tant est que cette expression n'est
pas contradictoire. La loi statistique traduit la résultante
d'une somme indéfinie d'actions élémentaires dont chacune, en
particulier, ne semble obéir à aucune loi. Alors l'idée est
venue, par l'analogie qui est le plus mauvais des raisonnements
de rapprocher l'histoire de la nature et l'histoire des hommes.
Au delà d'une différence qui paraît essentielle,
l'intervention de la liberté qui ne se trouve que dans
l'histoire des hommes, il n'y aurait en réalité, à un certain
niveau de profondeur pas de différence entre l'histoire de la
nature et l'histoire des hommes: les deux seraient une
résultante.
Dans les deux
cas le hasard, loin de contrarier, l'ordre de la loi ne serait
qu'un effet de surface, la rencontre de séries causales
indépendantes dans la nature et dans le devenir historique la
résultante de nombreuses volontés qui agissent dans des
directions différentes mais qui n'en sont pas moins des séries
causales indépendantes elles aussi.
Avec le texte
de Engels, nous verrons jusqu'où peut aller cette thèse et
avec ce qui précède, peut-être le comprendrons-nous mieux.
|
vers la page suivante: Y
a-t-il une différence entre l'histoire de la nature et
celle des hommes (texte de Engels)
-
Vers Aides
à la dissertation sous forme d'esquisses niveau
prépas
- Vers
Forum d'aide aux prépas
°
Philo-prepas
=> Penser L'histoire
|