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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

Penser l'histoire

Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe.
  • - Au coeur de l'histoire penser la fin de sa propre histoire, la fin de l'histoire, selon la catégorie de l'espérance.

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"Je me suis rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves; j'ai plongé dans leurs eaux troublées m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue." (dernières pages des Mémoires)

Au confluent de deux fleuves: les courants semblent se combattre, hésiter et parfois même refluer, un peu comme une contre révolution victorieuse.

Je me suis rencontré: je me suis trouvé mais peut-être j'ai accédé à la conscience de soi, de ma dignité.

J'ai plongé: avec courage, je me suis plongé dans le flux qui m'entraînait inexorablement, dans le devenir de l'histoire présente, celui que je vivais.

M'éloignant à regret: emporté malgré ma nostalgie de l'Ancien Régime, sans essayer de remonter le courant.

Vieux rivage: vieux parce que dépassé par le changement qui accompagne le déroulement du temps et l'action des hommes.

Je suis né: je suis entré dans le temps de mon histoire. A l'horizon de la naissance, il y a le rivage inconnu de la mort.

Nageant: il n'y a pas de pensée de l'histoire qui ne soit orientée vers l'action, la nage symbolisant l'engagement et la liberté de choisir sa direction.

Avec espérance: il se s'agit pas de l'espoir qui maudit le présent mais de l'espérance qui à travers le présent illumine l'avenir.

Rive: où il pourra enfin accoster pour se reposer. 

C'est la fin dans tous les sens du terme. Sa propre fin et, puisque l'histoire continue, la fin de l'histoire. Il entrera dans l'éternité "le crucifix à la main". Comprendre que dans sa foi il croit que le Christ a vaincu la mort.

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C'est dire que l'histoire semble s'accélérer, l'Ancien Régime s'éloignant, un autre monde naissant. Dans les soubresauts, les remous, les certitudes et les incertitudes, Chateaubriand noue sa propre aventure, au coeur du devenir des hommes. Embarqué dans un devenir bouillonnant, acteur, autant qu'il peut de ce devenir, comment Chateaubriand aurait-il pu être indifférent à son passé qui l'a fait ce qu'il est et à l'avenir qui se profile comme une promesse de progrès social ? Comment aurait-il pu rester insensible à l'écoulement du temps et à l'apparition de cette vague de sensibilité qui irrigue littérature, musique et peinture?

Quand l'histoire coule comme un long fleuve tranquille, selon le rythme régulier de la répétition d'un temps fort, bercé par le retour du même, l'attention peut se changer en indifférence. Mais quand l'histoire tâtonne, hoquette, dans un va et vient de la Révolution au Directoire, du Directoire au Consulat puis à l'Empire, de l'Empire à Louis XVIII, de Louis XVIII  à Charles X et de Charles X à Louis Philippe, comment l'attention de Chateaubriand ne serait-elle pas sans cesse sollicitée, comment l'esprit de liberté ne se sentirait-il pas appelé à penser l'histoire, ce mouvement qui défie l'esprit et les calculs de la raison et qui pourtant a un sens?

Fasciné par le passé qui n'est plus, auquel il s'arrache, Chateaubriand pense l'histoire en peignant les instants qui se succèdent et s'enchaînent, y trouvant des raisons d'espérer: "Le vieil ordre européen expire".

C'est dans le monde à venir que le monde trouvera son salut car les inégalités tolérées par ceux qui en souffrent, les pauvres. 

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