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- MÉDECINE - par Joseph Llapasset

(Sciences Humaines et Sociales - S H S)

La psychologie médicale 

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La maladie organique, iconoclaste, refuge

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Doute sur soi, angoisse, peur de l'inconnu ... pour éviter un malentendu.

Pour la plupart des individus, la maladie a un effet iconoclaste: qu'est-ce à dire?
Le grec clastein signifie briser. Le grec eikonos désigne la peinture au sens de l'image qui ne ressemble pas nécessairement au modèle, surtout si le modèle s'éloigne dans le brouillard du passé. Ce qui est dans le passé est mort, il ne résiste pas à l'image qu'on en a, il peut être modifié.
Comprendre que le modèle c'est principalement le corps et que l'image est une représentation du corps dont on croit se souvenir et qui relève davantage de l'imagination que de la réalité. Or, toute maladie a un impact sur le corps et sur ses performances, elle y inscrit des marques ou même des cicatrices. Bien entendu, comme on ne saurait dissocier le psychosomatique en deux domaines, le corps pour le médecin et le mental pour le psychiatre, à ces marques imprimées sur le corps correspond une baisse des performances mentales, par exemple de la mémorisation ou de l'agilité d'esprit.
C'est dans la mesure où la maladie marque que l'image d'un corps sain qui ne correspond plus à rien  est iconoclaste. Le malade se sent atteint dans son corps, dans ce corps qui est le médiateur absolu avec son monde et qu'il aime le plus souvent ou, tout au moins, à qui il sait gré de se faire oublier dans la pleine santé: c'est dire qu'à travers son corps c'est son esprit et son monde qui sont atteints, au risque d'être progressivement brisés  s'il ne "croit" pas retrouver la santé.

Parce qu'elle est souvent iconoclaste, la maladie affaiblit le Je peux du patient et en conséquence le fait douter de l'avenir inconnu, alors qu'il croit se souvenir, que jadis, il s'élançait vers l'avenir plein d'espoir. En fait, il se prend à douter de sa capacité à assurer le changement. Il est clair que l'image du passé souvent, lumineux parce qu'embelli, l'attire en arrière, et que son sentiment d'impuissance le ramène à l'état de l'enfant qui attendait tout de sa mère et de son père, et qui les cherchait comme une planche de salut. Le médecin va lui apparaître comme une planche de salut par un transfert.

Il présente pourtant au médecin l'image d'un adulte, correctement vêtu, le plus souvent socialisé et cultivé.
Si le médecin n'a pas aussi le point de vue que lui donne la conception de la maladie iconoclaste, un malentendu risque de s'installer, chacun étant aveugle à la personne qu'il rencontre. La souffrance du malade sera ignorée et seule la douleur sera prise en compte. Comment, si le médecin ne comprend pas son patient, s'il ne saisit pas le sens (= orientation et signification) des signes pourra-t-il aider à supporter la souffrance ou à en diminuer l'intensité?

Il s'agit bien d'aider son patient à s'assumer par une prise de conscience c'est à dire à reconnaître ce qu'il projette sur son interlocuteur, le poids d'une demande insensée et aliénante. Prendre conscience de quoi?
- que l'image de son corps en pleine santé dans le passé est le fruit de son imagination. Déjà, des petites blessures le "houspillaient". Que le corps le est toujours souffrant du simple fait qu'il est passion, qu'il relève du soi qui s'éprouve soi même, que plus cette "bonne santé" s'éloigne dans le passé, plus elle se pare des mirages de l'imagination et plus sa perfection usurpée désespère le présent.
- Que l'image qu'il a du médecin relève de sa régression à un stade infantile et que, en réalité, il n'a en face de lui, ni un père, ni une mère ou même un interlocuteur semblable à celui qui dans les jeux de l'enfance cherchait à palper et à voir plus qu'à soigner. (cf. Le jeu du docteur des enfants, son ambivalence, son voyeurisme des organes sexuels).
- Que la maladie ne brise pas le corps mais une image d'un corps qui n'a jamais été tel qu'elle le présente. Elle résume en fait les relations mouvantes et parfois conflictuelles entre le malade et son corps, au jour de l'amour qui n'exclut pas le reniement. Mais comment renier ce à quoi on est attaché jusqu'à la mort, ce corps propre que l'on est et qui se présente aussi comme un corps objet auquel on ne saurait être réduit? Dans le meilleur des cas, ce faisant, le patient accompagné par son médecin découvre et comprend l'origine réelle des symptômes qu'il vit comme souffrance: peur de l'inconnu, doute sur soi, angoisse d'autant plus tragique que l'angoisse n'a pas d'objet déterminé que l'on pourrait conjurer et que c'est toute son existence qui se phénoménalise comme angoisse.

Les conditions d'une rencontre malade-médecin sont donc réunies: conditions nécessaires mais non suffisantes.

Joseph Llapasset ©

VERS : La maladie refuge

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