1- C'est la norme qui assure la médiation, la norme comme définition
partagée d'un comportement désirable, fonction d'une Valeur: la norme
permet d'approuver ou de désapprouver une action.
2- C'est la Loi qui assure la médiation entre l'universalité de la
raison et la pratique.
3- Valeurs auxquelles se réfère la pratique médicale
La Vie (respect de la vie)
La Justice (respect des droits du patient et de ceux de l'entourage)
La Vérité (droit à l'information, secret médical ...)
4- La régulation de la pratique médicale s'exerce selon deux axes:
celui de la loi morale et (ou) celui des Valeurs.
Axe
déontologique: ensemble des règles et des devoirs professionnels:
prescription par des lois qui commandent universellement, indépendamment
des circonstances et des lieux: serment, liberté comme obéissance à la
loi qu'on s'est prescrite.
Par exemple serment d'Hippocrate que le plus simple des simples peut
prononcer et comprendre : exigence absolue, point de vue universel dans
l'espace et dans le temps: commande catégoriquement. Le devoir comme
impératif catégorique indépendant de toute fin particulière=> usage
maîtrisé du médicament dans le respect du patient (le médicament peut
être aussi un poison). => Respect du corps du patient et des corps de
l'entourage => Secret médical préservé => Respect de la vie et de
sa propagation. En fait, le médecin qui prononce le serment s'engage
surtout à ne pas accomplir certaines actions. S'il y a des difficultés,
il faudra qu'il se débrouille avec sa conscience. La déontologie le
laisse seul. La morale intéresse l'individu.
D'où la
nécessité d'un autre axe, celui de la téléologie qui en appelle à l
l'éthique.
Axe
téléologique: du point de vue de la fin et des moyens en fonction
des circonstances de l'époque et des difficultés de l'époque avec pour
exigence: tenir compte du contexte pour y inscrire la Valeur. Poursuite
des fins considérées par la société de l'époque comme dignes
d'estimes.
Nécessité des institutions pour encadrer la pratique médicale.
5- Le fondement et les limites de chacun de ces axes.
Du point de vue déontologique: c'est la morale, le devoir prescrit
par la raison pratique comme absolu, universel, sans rapport avec une fin
autre que lui, irréductible à un contexte particulier.
Limites
de la déontologie: aveugle au contexte mouvant, à la subjectivité
mouvante des individus laissés seuls devant les problèmes. Formalisme
souvent mal ajusté à la complexité de la réalité du devenir
historique.
Axe téléologique: éthique bien ajustée à un concept, ce qui
lui permet de répondre à des besoins exprimés par les acteurs,
d'ajuster des normes et des règles à des Valeurs en fonction de la
réalité vécue et de ses difficultés parfois inextricables,au moyen des
actions de la pratique médicale. Le praticien n'est plus seul mais avec
sa communauté médicale, encadré par des institutions qui le
contraignent mais aussi le protègent en lui faisant partager une
responsabilité morale qui sans les institutions serait écrasante.
Limites
de la téléologie, de l'éthique: c'est la morale qui a le dernier
mot. En effet l'éthique sous peine de devenir une simple logique de
l'action et de perdre son essence de saurait oublier son lien essentiel
avec la morale et se laisser entraîner, au nom de la relativité du
contexte, à la justification de ce qui n'est pas justifiable: n'est pas
justifiable ce qui exclut le respect de la personne et qui, en tournant le
dos à l'universel tourne du même coup le dos à l'humanité: il s'agit
dans tous les cas de ne jamais traiter la personne humaine comme un simple
moyen de s'enrichir, de jouir, d'expérimenter ...mais de la respecter,
c'est à dire la reconnaître comme fin en soi.
Cela
signifie que les deux axes (déontologie et téléologie /éthique) ne
sauraient être dissociés: l'un sans l'autre ils ne sont plus que des
formes vides et une rationalité déraisonnable.
6- Réduire l'éthique à une simple logique de l'action c'est bien
entendu lui enlever sa caractéristique essentielle et en faire un
mécanisme déterministe rationnel, aveugle à tout ce qu'il y a d'humain.
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