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- MÉDECINE - par Joseph Llapasset

(Sciences Humaines et Sociales - S H S)

A la recherche de la mémoire humaine

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- La mémoire explicite comporte deux sous unités :

=> la mémoire épisodique qui est la mémoire des événements qui sont datés spatio-temporellement (avec deux systèmes de mémoire épisodique, mémoire à long terme et mémoire à court terme)

=> la mémoire sémantique qui fait référence à un ensemble de connaissances partagées par les êtres humains ou par une communauté culturelle sur les objets, les concepts, acquises pendant notre développement(langage). On ne se souvient pas de quand cela a été appris.
Les situations de mémoire explicite exigent du sujet qu'il se réfère CONSCIEMMENT à un épisode antérieur d'apprentissage (rappel libre, rappel indicé, reconnaissance)

- la mémoire implicite avec aussi deux sous unités :

=> la mémoire procédurale(apprentissage inconscient)

=> mémoire d'amorçage (capacité de récupérer de manière inconsciente des informations)
Dans les situations de mémoire implicite, on mesure des modifications de performance à la suite d'une expérience nouvelle, sans que le souvenir en soit requis (conditionnement, apprentissages de procédures, amorçage)
Cf. le message sur le forum (lien ouverture nouvelle fenêtre

 Voici quelques remarques à partir de la structure ci dessus donnée: elle a le mérite d'être exhaustive (à un moment du temps) et de chercher à présenter une idée de la mémoire avec, au moins, des articulations horizontales: deux unités ayant chacune deux sous unités, une sous unité ayant elle même deux sous unités. Le tout aurait pour origine l'observation de pathologies différentes qui auraient permis ces distinctions: une sorte de décalque de la réalité obtenu par l'expérience.

=> Cette procédure "empirique" ne peut amener que des juxtapositions et en aucun cas un ordre, une organisation réelle de ces diverses mémoires. La structure relève donc davantage de l'image symétrique que de l'Idée comme forme intellectuelle d'un objet.

Première remarque: l'absence d'organisation des mémoires entre elles nous fait éprouver un manque qui nous invite à distinguer les mémoires et à nous demander en quoi elles sont des mémoires. Ont-elles toutes la caractéristique essentielle de la mémoire humaine en tant qu'elle est proprement humaine. Avec beaucoup d'à propos (ce qui montre que vous appréhendez le problème), vous utilisez un souvenir de votre passé, vous le situez en terminales. Bergson affirme en effet que "Le souvenir devra être tout autre chose dans une conscience humaine que dans une conscience de chien." La suite du texte oppose en effet le souvenir "captif" dans la perception et l'évocation libre du souvenir ("à son gré"). Comment ne pas les distinguer!

Deuxième remarque: Nous sommes orientés vers une distinction entre ce qui est simplement vécu et ce qui est reconnu par un acte de la conscience: le souvenir simplement vécu et le souvenir évoqué pour lui même.

Troisième remarque: Ne devrait-on pas réserver le terme "la mémoire" à la capacité d'une conscience de se souvenir c'est à dire de viser des événements passés en leur donnant ce caractère qu'ils appartiennent au passé.
Il faudrait donc distinguer cette mémoire qui vise le passé comme passé, d'un simple enregistrement par traces qui peut certes reproduire un événement passé mais sans avoir conscience de soi comme enregistrement et sans affecter la représentation reproduite dans le présent du caractère paradoxal qu'elle correspond à un passé et qu'en un sens elle a d'abord appartenu au passé. Le mystère de la mémoire n'est pas dans un enregistrement que les "mémoires" peuvent effectuer mais dans la reconnaissance qu'une production présente est en fait reproduction d'un événement appartenant au passé.

Cet "indice" est bien une caractéristique essentielle qui distingue radicalement la mémoire et les mémoires qui se bornent à conserver et à restituer des données que la technique introduit mécaniquement sur leur surface, celle d'un disque par exemple. Seule la mémoire humaine qui est conscience peut se représenter le passé comme passé et avoir conscience de se le représenter comme passé. Ni un dictionnaire, ni un disque n'ont conscience de reproduire ce qui n'est plus.

 Dans Phénoménologie de la perception, page 207, Merleau Ponty écrit avec beaucoup de pertinence:
"La psychologie s'est engagée dans des difficultés sans fin, lorsqu'elle a voulu fonder la mémoire sur la possession de certains contenus ou souvenirs, traces présentes du passé aboli, car à partir de ces traces on ne peut jamais comprendre la reconnaissance du passé comme passé."

=> Autant dire que l'on ne peut comprendre la mémoire que comme une possession directe du passé: comment en effet sortir d'une trace présente (un contenu interposé) autre chose qu'une simple actualité évanescente d'ailleurs.

Nous voilà devant une difficulté qui tient plus au mystère qu'à un simple problème, un obstacle que la science serait en mesure d'expliquer. Comme le sujet est impliqué dans la recherche, puisque la recherche porte sur ce qui le fonde, il n'est pas certain qu'il puisse un jour déployer dans l'objectivité scientifique ce qui le constitue. (Cf le théorème de Gödel)

Joseph Llapasset ©        

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