C'est une figure de la sociabilité,
il émane de la manière dont les individus se choisissent spontanément
ou de manière réfléchie, de la manière dont les individus sont reliés
entre eux , chacun ayant en face de lui tous les autres, chacun étant
autrui pour les autres. Ceci revient à dire que chacun est lié à un
tout fantasmatique 'créé par leur imagination), ou encore à l'autrui-généralisé:
l'équipe, la communauté, la bande ...
Le groupe
social est donc une sorte de communauté organisée au sein d'une grande
société
à laquelle d'une part on ne saurait
le réduire, mais de laquelle, d'autre part, elle ne saurait être coupée
ne serait-ce que parce que le groupe social primaire est inséré dans une
société dont il utilise la langue et dont il reçoit la loi dans toutes
les actions qui ne sont pas privées.
Reste que le groupe social a sa vie
propre (repas en commun.. réveillon partagé..) née de l'intersubjectivité,
des relations d'êtres humains à être humains, grâce auquel un
"nous" se constitue qui devient le pôle de référence et
d'appartenance par lequel le soi se constitue jusque dans sont identité
personnelle même: n'entend-on pas le "je" dire: je suis
médecin, je suis spécialiste ... On voit que le "je" se
réfère au groupe dans lequel il s'inscrit par ses choix antécédents et
dont il tire son identité, et par lequel il se structure en assurant des
comportements orientés par les activités spécifiques du groupe auquel
il se réfère...
Cela
permet aux membres du groupe de se désigner de
se situer dans un rôle
et selon une règle du jeu par laquelle le "je" reçoit un
rôle: le rôle finit par devenir une conséquence du
"nous" référent. Cela jusque sur le plan de la pensée !
La pensée est un dialogue intérieur, dans lequel
l'interlocuteur est successivement les autres avec lesquels on
dialogue. Chacun doit donc pouvoir jouer, dans le dialogue
intérieur qu'est la pensée, son rôle et tous les autres rôles,
sinon la pensée serait tautologie: il doit d'abord pouvoir être
celui qui interroge, puis celui qui répond, puis celui qui
objecte... C'est ainsi qu'il pense devant tous les membres du groupe
et grâce à tous les membres du groupe puisqu'il les connaît bien,
si dans l'amitié il n'y a pas de masque, si on peut enfin être soi
même.
En toute pensée
il y a donc autrui-généralisé, autrement dit toute pensée vise
l'universel parce que le dialogue intérieur a en fait pour interlocuteur
tous les autres membres du groupe devant qui on et avec qui on
parle. Chacun par un effort d'introspection se verra en train de préparer
ce qu'il va raconter, lundi matin, à son groupe social,de simuler
les objections qu'on lui fera et ce qu'il répondra à ces objections.
Dans ce dialogue intérieur, il cherchera d'abord ce qui sera acceptable
par tout individu intelligent et donc il pensera.
L'individuel s'inscrit dans le discours selon la
dimension toujours latente, qui ne le quitte pas , du "nous" même
si cela n'enlève rien à sa créativité et à la singularité qu'il doit
au devenir passé qui a contribué à le faire ce qu'il est. Il faudrait
prendre en considération la relation au père et à la mère qu'il
transporte partout et en particulier dans le groupe social. On entend, par
exemple, mon père qui était médecin ... Mes parents qui étaient
enseignants ... et chacun d'écouter ce qu'il connaît déjà.
Enfin, dégageons deux caractères qui intéressent les groupes sociaux,
singulièrement en médecine:
- Les relations sociales sont proportionnelles à l'ascension dans
l'échelle sociale: qui se ressemble s'assemble. On dira que les médecins
ont leurs pairs.
- Les relations sociales s'enracinent dans des contextes sociaux
déterminés: métier, classes sociales, loisirs.
Même si dans un groupe social médical chacun a son rôle, il peut
prendre le rôle des autres, assumer leurs attitudes. Par exemple, dans la
page suivante on verra dans l'exemple concret donné que le généraliste
est le leader, le roi du jeu de cartes, que le spécialiste est la
grosse tête, l'as du jeu de carte ... etc
Joseph
Llapasset ©
|