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Rubrique lettres
Auteurs
MARGUERITE
DURAS
L'après-midi
de Monsieur Andesmas.
Attente,
amour, musique, chaleur et ennui
par
Dr. Ali TİLBE
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4.
CHALEUR ET ENNUI
"Venue
des Tropiques, de l'enfance et retrouvée dans l'accablement de l'été
italien ou espagnol, la chaleur envahit tout. En apparence complètement
apposé à l'eau si fraîche, elle se manifeste
pourtant avec la même ambivalence et les mêmes effets
destructeurs".
La
chaleur provoque chez les personnages de curieuses réactions. Elle a
une influence illimitée dans les textes. Elle réduit le solide à
l'état liquide. On
pressent l'ampleur du désastre par la chaleur, excessive, qui se présente
comme l'une des formes les plus envahissantes du fantasme de l'auto
destruction.
A
côté de cela les événements se déroulent en général pendant
l'été. Les romans de Duras sont des romans de vacances en été.
Tout au long les pages existe l'écrasante chaleur méditerranéenne.
Absents
de toute responsabilité ennuyeuse et contraignante, ces hommes se
baignent dans l'oisiveté de l'été comme M. Andesmas. Cette saison
privilégiée de la romancière offre la possibilité d'attendre.
Leurs corps sont percés de chaleur.
"
M. Andesmas regardait ce qu'il était définitivement devenu avec
ennui (...). Donc le bal devrait être tout-à fait terminé, même
dans les rues qui avoisinent
la place où quelquefois on danse à cause de la chaleur".
M.
Duras cherche à refléter en effet l'ennuie du monde moderne dans
ses textes.
"Tout
le monde fais des névroses, bien sur, parce que le monde est
irrespirable. De plus en plus, intolérable. Vous êtes d'accord sur
ce point?"
dit M.
Duras dans les propos recueillis.
Dans
cet univers qui étouffe, sans air, cerné par le néant, les héros
durassiens succombent aux tentations de la tristesse et de l'ennuie.
Ce sont les formes les plus apparentes de l'angoisse et du désespoir.
Cet ennui les atteint, les corrompt subtilement, mais avec précision.
Par leur langage, leurs démarches fatiguées, nonchalantes, les
personnages durassiens revendiquent cet ennui.
"Calmement,
indifférente à la chaleur? insista M. Andesmas(...). Quel ennui!
murmura M. Andesmas".
"Statique,
désolant par sa vacuité, cet ennui provient dans l'univers
durassien de la triste satiété de la possession. Ses habitants sont
désespérés de la facilité excessive du monde moderne et de ses
dogmes imbéciles. Leur conscience millionnaire les pourrit, les
fait dépérir".
"Pendant
cet intermède, que M. Andesmas va connaître les affres de la
mort" (...) M. Andesmas connaît les affres de la mort (...).
Je vais mourir, prononça tout haut M. Andesmas".
Les
citations confirment bien le désespoir des héros durassiens dans
une atmosphère très ennuyeuse. La grande détresse de leur ennui
les laisse dans une immense fatigue et une lassitude mortelle au
fond d'eux-mêmes.
Ainsi
Duras peint-elle cet ennui des fins de siècle de cette civilisation
qui se meurt de nostalgie dans cette décadence. L'homme durassien
se retrouve seul, gorgé d'ennui dans la terre de cocagne et d'ennui
du monde moderne.
MARGUERITE
DURAS Page
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