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L'expression
désigne: la résistance d'un objet, son caractère
apparemment irrésistible, la nécessité apparente qui
résulte d'une situation.
"C'est
précisément parce que la force des choses tend
toujours à détruire l'égalité, que la force de la
législation doit toujours tendre à la
maintenir." Jean-Jacques Rousseau |
Toute action
s'exerce dans une situation et s'insère dans un jeu de forces
dont la résultante est une nécessité, si nous ne les
connaissons pas. Si nous pouvons les prendre en compte, ce
n'est plus qu'un déterminisme qu'il est toujours possible
d'utiliser pour que l'action réussisse. L'expression la
force des choses
désigne la nécessité qui résulte d'une situation que nous
ne connaissons que partiellement.
Les
conditions sont à la fois d'ordre naturel et d'ordre moral.
La nature comme donné naturel extérieur dans ce jeu de
forces échappe toujours partiellement à celui qui conduit
une action. Mais aussi la nature comme donné naturel
intérieur, notre irrationalité, consciente ou inconsciente,
qui défie souvent les impératifs d'une rationalité
soucieuse d'efficacité.
N'observe-t-on
pas en période d'inflation de nombreux individus qui
économisent, ce qui est irrationnel. Le meilleurs des
systèmes échoue pour n'avoir pas pris en compte la
protestation des individus contre le système et leur
adhésion à des croyances.
L'agent doit
donc s'efforcer de prendre en compte cette force des choses,
de saisir son sens, ce vers quoi elle tend, pour
éventuellement s'y opposer. C'est d'autant plus nécessaire
que, puisque l'effet de l'action peut être intermittent, la
force des choses, parce qu'elle ne cesse pas de s'exercer,
tend à rétablir l'inégalité, par exemple dans la citation
de Rousseau. Seul l'écrit qui demeure (la législation) peut
maintenir ce que la force des choses tend à détruire. C'est
donc par la législation d'un écrit positif qu'une action
peut être menée dans la continuité.
Les
conditions peuvent être aussi d'ordre moral.
Les volontés particulières des individus soucieux de leur
liberté se conjuguent et peuvent s'élever contre ce que veut
l'agent qui conduit l'action. Les mœurs, la morale, la
religion peuvent être des obstacles qui entravent durablement
l'action. Par exemple, l'interdiction de disséquer les
cadavres.
On peut
affirmer que la force des choses mène souvent là où l'agent
n'avait pas pensé: ce qui devait soigner sert à détruire,
par exemple.
Joseph
Llapasset
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