° Rubrique philo dans le grenier

PHILO DANS LE GRENIER  

MICHEL LHERITIER

HISTOIRE  ET  SOCIOLOGIE

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II

En présence de la sociologie, l’histoire s’est renouvelée.

L’histoire ne pouvait rester indifférente à la formation de la sociologie comme science, et comme elle s'était mise à la mode du romantisme, elle devait aussi s'inspirer des nouvelles théories économiques et sociales.

Elle a élargi au maximum son domaine en présentant l’humanité en long et en large suivant l'expression de Gooch, en regardant au delà et en deçà des événements dynastiques, diplomatiques, politiques et militaires en essayant de retrouver toute la suite de la civilisation, toute l'évolution de la vie collective, en donnant même une importance particulière aux faits économiques et sociaux.

L'histoire a fait plus. Elle a projeté dans le passé les théories sociales contemporaines et le passé est apparu tout autre sous cet éclairement nouveau. C'est l'histoire socialiste de la Révolution par Jaurès…

…Ainsi l'histoire abondait dans le sens social autant que la sociologie. Elle a encore voulu se rapprocher d'elle, en changeant de méthode. Supportant mal d'être considérée comme moins qu'une science, elle a voulu s'élever au-dessus du simple récit du passé, en se faisant explicative.

Elle en a trouve un premier moyen en recourant à la méthode comparée… La comparaison des faits, pour la recherche d'éléments analogues, est à la hase de la sociologie. Cette comparaison, en choisissant certains éléments de préférence, constitue une part d'abstraction. Mais l’historien a cru pouvoir y recourir sans sortir de son rôle, dans l'espoir de rendre certains faits plus clairs, d'en donner une plus juste interprétation, d'en saisir, suivant l'expression de Sée, sinon les causes, du moins les conditions.

Est-ce que d'ailleurs l'histoire ne pourrait pas atteindre la causalité elle-même, en distinguant et en analysant tous les rapports divers que les faits présentent entre eux, en dehors de leur ressemblance ou de leur différence. Cette préoccupation a amené d'abord l'historien roumain Xénopol à établir des séries de causes. Et Henri Berr a fait mieux encore en proposant, dans son livre sur la Synthèse en Histoire trois sortes de causalités à l'attention des historiens : la causalité brute ou déterminisme; la causalité légale; la causalité profonde ou logique;

Mais l'étude des causes, qui implique un retour du présent vers le passé, va à l'encontre du mouvement naturel de l'histoire. Et, suivant un mot de Desdevizes du Dézert, " toutes les constructions artificielles dont on encombre l'histoire la déforment et lui donnent une allure raide et guindée que la réalité ne lui donna jamais ".

En se faisant explicative, l'histoire risque de ne plus être elle-même, sans pouvoir d'ailleurs espérer satisfaire toutes les exigences des sociologues. Placée à mi-chemin entre le monde abstrait et le monde réel, sera-t-elle encore accessible au grand public et à la jeunesse? N'auront-ils pas tendance à lui préférer l'histoire dite romancée, qui trahit la vérité en l'enjolivant? Dans ces conditions l'histoire ne doit-elle pas revenir simplement au récit du passé?

 

Par J. Llapasset

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